Bandeau ODM nov 2016

Retour d'une chasse à l'ours

Une scène de genre "à la mode préhistorique"

 

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Le tableau de Cormon conservé au MAN représente une troupe de cinq chasseurs revenant d’une chasse à l’ours et rejoignant le reste du clan, abrité auprès d’un grand arbre sur un promontoire.

Sur la gauche, accompagné par deux chiens, apparaît le groupe des hommes, vêtus de peaux de bêtes, armés de lances, d’arcs et de haches en pierre polie. Ils portent parfois des coiffes mais ont généralement la chevelure longue et libre et une barbe touffue. Celui qui les mène désigne leur proie jetée à terre : un ours.

Au centre, celui-ci semble offert à un vieillard à longue barbe blanche, assis au second plan sur une grande pierre, devant une hutte en branches. L’homme tient une lame en pierre qu’il est en train de polir sur son tablier de peau, à côté d’autres outils et des manches posés devant lui. Derrière le patriarche et sur sa droite, se trouve le groupe des femmes et des enfants. La plupart des femmes sont assises, près du foyer et de vases à provisions, portant des jupes en fourrure et en peau de bête. Une vieille femme assiste à la scène, bras croisés, une jeune femme allaite un enfant, une autre se tient debout près d’un poteau de la hutte.

Lors de sa première présentation en 1884, on a vanté la magnificence de l’oeuvre de Cormon qui, en s’aidant des données des savants et en reproduisant des outils de l’Âge de la pierre polie (c'est-à-dire du Néolithique), pensait offrir un portrait « véridique » d’une famille préhistorique. L’appréciation portée aujourd’hui est plus controversée car il s’agit d’une création à la fois imaginaire et clairement influencée par les mentalités du XIXe siècle.

La hutte qui abrite la tribu, par exemple, ne repose pas sur des données archéologiques : elle a été inspirée à l’artiste par la cabane que possédait son ami Théophile Derolle à Concarneau. Quant à la chasse à l’ours, ce n’était vraisemblablement pas une activité fréquente. Mais l’artiste a sans doute choisi de représenter une chasse jugée plus prestigieuse pour ses contemporains, à une époque où l’ours est un trophée à exhiber. Autre point discutable, la représentation des hommes et des femmes dans ce tableau : si elle paraissait raisonnable à l’époque de sa réalisation, elle peut aujourd’hui faire sourire. Les hommes reviennent de la chasse, activité virile par excellence ou montent la garde pour les protéger, comme le
seul homme qui se trouve au milieu des femmes. Celles-ci semblent être dans l’attente, entretenant le foyer, conservant la nourriture, maternant les enfants ou donnant à boire aux vaillants héros revenus de la chasse. D’ailleurs, alors que les hommes, la peau tannée par le grand air, sont armés, habillés, dotés d’une pilosité qui correspond aux canons du XIXe siècle, les femmes, au teint d’albâtre, parées d’un discret collier, sont dénudées comme des statues et érotisées. Mais tout n’est pas que fantaisie dans cette oeuvre : les outils, notamment les haches, sont représentés de manière très réaliste et l’on sait que Cormon venait les étudier au musée.

 

Un reliquat de la galerie de peintures du musée des Antiquités nationales

 

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