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Le Néolithique

Le Néolithique s’est très progressivement mis en place au Proche-Orient, entre 12500 et 7000 avant Jésus-Christ environ.

Le Néolithique est une période de rupture. Devenu producteur de sa subsistance, et non plus prédateur, l’homme influe désormais sur son environnement et se sédentarise. Il construit les premiers villages et les premières nécropoles, élève les mégalithes, les premières grandes architectures du monde. Un certain nombre d’innovations techniques voient le jour : la pierre polie, la céramique, le tissage. Les premiers réseaux d’échange à longue distance se constituent.

Les objets

Objet emblématique
Media Name: NEO_MAN34167;34168;34169;34170;34171;34172;3417_R_hache_Bernon
© RMN-GP.Loïc Hamon
Dépôt de haches polies

Dépôt de Bernon, lieu-dit « Le Mouillarien » (Arzon, Morbihan) Ve millénaire

Depuis près de deux siècles, plusieurs centaines de haches polies de grande taille et de qualité exceptionnelle ont été découvertes dans la région de Carnac. La plupart ont été mises au jour dans les grandes sépultures de la seconde moitié du Ve millénaire disséminées sur le pourtour du golfe du Morbihan. Elles ont été déposées dans des caveaux funéraires composés de dalles mégalithiques, eux-mêmes enserrés dans de gigantesques accumulations de terre et de pierres, connues sous le nom de « tumulus » ou de « cairns ». D’autres haches, comme celles de Bernon ici représentées, étaient groupées dans des « cachettes », à moins qu’elles ne proviennent de quelque tumulus ruiné, non reconnu au moment de la découverte. Le Dr de Closmadeuc, un érudit local qui a acquis cet ensemble en 1894, relate en effet la découverte en ces termes : « En brisant une des grosses pierres paraissant disposées intentionnellement en un vaste cercle, on découvrit 17 haches de pierre (…) debout, la tranche en l’air, pressées en cercle les unes contre les autres, protégées latéralement par une sorte d’enceinte en pierres sèches et supérieurement par une pierre plate de couverture ». Les haches de Bernon ont toutes été réalisées en jadéite, une roche alpine très dure originaire du mont Viso en Italie. Dix sont en roche verte et auraient une origine plus lointaine, probablement les Alpes. Toutes ont bénéficié d’un polissage extrêmement soigné affectant la totalité de leur surface et dotant ces pièces d’une magnifique luisance jouant sur tous leurs angles. Parmi les grandes haches polies de Bernon, quelques-unes sont percées d’un trou sur l’extrémité opposée au tranchant. On retrouve cette caractéristique sur certains exemplaires des tumulus de Saint-Michel à Carnac et du Mané-er-Hroëc à Locmariaquer, ou encore sur une gravure de la chambre à couloir de Gavrinis. Ces haches ont-elles été détournées de leur fonction initiale pour servir de pendeloque ? En tout cas, perforées ou pas, il est peu probable que ces grandes lames au poli si soigné aient jamais servi à couper un seul arbre. Leur longueur exceptionnelle, la minceur de leur section, la finesse de leur tranchant, souvent trop fragile pour supporter un choc, évoquent davantage une fonction symbolique. Les recherches ethno-archéologiques de Pierre et Anne-Marie Pétrequin en Nouvelle-Guinée sont éclairantes à cet égard. Dans les sociétés papoues, la hache polie de grande taille est un moyen d’expression sociale et constitue un objet d’apparat. Elle symbolise le prestige des individus qui la portent ; les chefs de village peuvent en posséder jusqu’à quatorze de leur vivant, parfois héritées des générations précédentes. Dans ces sociétés, les haches constituent également un vecteur d’échange et de dialogue entre communautés. La découverte de grandes lames dans des sites funéraires monumentaux ne dément pas une explication similaire. Leur présence dans des caveaux est peut-être à mettre en rapport avec le prestige des individus qui y étaient inhumés.
Objet emblématique
Objet Anneaux disques provenances diverses
Anneaux disques provenances diverses - Néolithique - Breuilpont (Eure)/Plouhinec Finistère)/Quiberon/Sublaines (Indre et Loire) © RMNGP/MAN
Anneaux-disques

Provenances diverses

5000-4500 avant J.-C.

L’ambiguïté et la neutralité formelle du terme “anneau-disque” montrent bien toute la difficulté de caractériser précisément ces objets. Objets de valeur, ils sont largement diffusés (jusqu’à plus de 1000 km de leurs lieux de fabrication) au cours du Néolithique ancien et au début du Néolithique moyen en France. Leur production s’étale sur près de 800 ans, entre 5300 et 4500 av. J.-C.   UNE DIFFUSION LARGE DANS LE TEMPS ET L'ESPACE Les premiers exemplaires apparaissent avec les débuts de la néolithisation dans le Sud de la France, avant de se diffuser vers le nord. Conçus au départ en calcaire, leurs pendants se retrouvent en schiste dans la culture Blicquy/Villeneuve-Saint-Germain au tournant du Ve millénaire. Au même moment, des exemplaires en roches vertes commencent à être échangés hors des Alpes, massifs dans lesquels on a pu localiser l’origine de leur matière première, principalement de la jadéite ou de la serpentinite, confirmée par des analyses pétrographiques ainsi que par la découverte d’ébauches. Une certaine diversité typologique trahit l’influence de plusieurs groupes culturels : certains présentent en effet une section dite “triangulaire” à bords fins, plus fréquente en Italie du Nord, tandis que d’autres montrent une section “quadrangulaire” aux rebords plus épais, qui sont mieux connus entre la Bretagne et l’Allemagne de l’ouest. Tout cela suggère des centres de production distincts. Pourtant, on ne peut guère discerner de limitations géographiques dans la répartition des différents types d’anneaux, ce qui montre que ces objets étaient partie prenante d’échanges interculturels à longue distance, denses et variés.   DES OBJETS RITUELS ? Leurs contextes de découvertes présentent quelques traits récurrents : ils sont généralement retrouvés éloignés de tout habitat, souvent isolés ou par paire, en milieu humide ou proche d’un monument funéraire. Le contexte de l’exemplaire de Breuilpont, mis au jour par des ouvriers durant le creusement d’une ballastière, est mal connu. L’anneau de Sublaines, en revanche, a été recueilli vers 1875 dans une zone marécageuse, près de laquelle étaient implantés deux importants tumulus de l’âge du Fer (les “Danges” de Sublaines). Le dépôt rituel d’objets en milieu humide revient fréquemment dans l’approche des sociétés du Néolithique et de l’âge du Bronze. La déposition d’objets en un même lieu constitue en effet, avec la concentration de monuments souvent funéraires et leur réutilisation sur plusieurs millénaires, la manifestation la plus évidente d’une conception construite et ritualisée du paysage sur le long terme. Les anneaux de Saint-Christophe (Vienne) ont été découverts ensemble, également en milieu marécageux. Ils se démarquent par leur matériau : une roche granitique assez claire, dont l’origine, sinon locale du moins proche (les massif anciens d’Auvergne), peut montrer une volonté de s’affranchir des réseaux d’approvisionnement alpins. On constate plus rarement des dépôts multiples, comme celui de Saint-Julien près de Quiberon, qui associe quatre anneaux dont un, provenant de la collection de l’archéologue breton Paul Du Chatellier, est présenté ici. Bien qu’il s’agisse d’une découverte ancienne datant de la fin du XIXe siècle, on suspecte qu’ils faisaient à l’origine partie d’un ensemble mobilier comprenant également les deux grandes haches en jadéite découvertes au même endroit.   UNE SYMBOLIQUE COMPLEXE De multiples hypothèses furent proposées dès le XIXe siècle pour expliquer leur usage, notamment comme “casse-têtes” ou armes, en se fondant sur des exemples ethnographiques. On remarque toutefois très tôt que ces anneaux émettent un son musical lorsqu’ils sont frappés avec une baguette en bois (Saint-Christophe par exemple). Si la fonction comme parure corporelle est attestée pour les anneaux en schiste du bassin parisien, les archéologues restent prudents pour leurs homologues en roches vertes, qui peuvent avoir acquis, tout comme les haches polies, une valeur symbolique affranchie de tout usage concret. On en connaît des représentations gravées sur les mégalithes de Bretagne, accompagnant toujours une hache et une crosse, comme sur les orthostates du cairn de Mané Groh, ou encore de Mané er Hroëk, dans le Morbihan. C’est d’ailleurs à l’intérieur de ce dernier que fut mis au jour une très longue hache en jadéite dont le talon était engagé dans un anneau en roche verte, ce qui suggère une relation étroite entre les deux objets, au sein d’un système de signes qui semble s’élaborer sur toute la façade Atlantique au cours du Néolithique (Cassen et Pétrequin, 2018). Il s’agit en outre d’une des rares occurrences d’anneau en contexte funéraire confirmé.   OBJETS ASSOCIES Dépôt de haches polies   BIBLIOGRAPHIE CASSEN Serge, GRIMAUD Valentin et PETREQUIN Pierre. Objets-signes et signes de l’objet. Iconographie des anneaux et des haches néolithiques dans le nord de la France. Journal of historical philological and cultural studies2, vol. 57, 2018, p. 227‑243. PETREQUIN Pierre et. al. La production des anneaux-disques alpins pendant les VIe et Ve millénaires av. J.-C. et le Mont Viso. Revue archéologique de l’Est - Suppléments, 41e supplément, décembre 2015, p. 259.