Le Château-Neuf
Aujourd'hui disparu, à l'exception de quelques vestiges, le Château-Neuf de Saint-Germain-en-Laye édifié par Henri II et Henri IV a fait l'admiration de ses contemporains.
En 1557, Henri II demande à son architecte, Philibert Delorme, de construire à l'extrémité orientale du parc du château de Saint-Germain une résidence de plaisance. Édifié au bord du plateau dominant la Seine, le nouveau bâtiment bénéficie d'une vue imprenable sur l'ouest de la région parisienne. Ce lieu de détente, de taille encore réduite, doit notamment contenir un appartement des bains, luxe suprême alors, d'où son premier nom : "maison du Théâtre et baignerie". Privilégiant le confort et l'agrément, l'architecte conçoit un édifice composé d'un corps central sans étage, orienté vers la Seine, qu'encadrent quatre pavillons. Décédé en 1559, Henri II ne profitera guère de sa nouvelle résidence. Ses successeurs, François II et Henri III, semblent ne pas s'y être intéressés et elle reste inachevée.
"Le bâtiment neuf de Sa Majesté", passion d'Henri IV
C'est Henri IV, très attaché à Saint-Germain et séduit par le site, qui relance les travaux au Château-Neuf en 1594. Ayant la passion des bâtiments, il décide d'agrandir considérablement la demeure d'Henri II pour en faire un lieu de villégiature de dimension royale à proximité de Paris. Vers 1600, le plus gros des travaux est achevé et l'on nomme désormais "Château-Neuf" le nouvel édifice pour le distinguer du plus ancien château, appelé "Château-Vieux". Entièrement bâti en rez-de-chaussée, le Château-Neuf déploie notamment, côté Seine, deux longues ailes symétriques qui s'achèvent par des pavillons abritant les chapelles de la reine et du roi. Cette dernière, qui constitue l'un des derniers vestiges encore visibles du château, est aujourd'hui appelée Pavillon Henri IV et se trouve accolée à l'hôtel du même nom. Polychromes, les façades du château allient la pierre, pour les éléments forts de l'architecture, et la brique, pour le remplissage. Enfin, la conception originale des bâtiments, qui s'étirent en largeur face à la Seine, offre sans cesse des points de vue inédits sur le paysage.
De magnifiques jardins en terrasses
Sur le coteau dominant la Seine, Henri IV fait aménager de superbes jardins d'inspiration italienne, agrémentés de fontaines et de grottes, qui descendent du Château-Neuf jusqu'au fleuve. Sept terrasses, reliées par des escaliers, se succèdent ainsi tout le long de la pente pour aboutir au bord de l'eau. Sous les premières terrasses, devant le château, des galeries sont édifiées. Elles abritent les grottes qui contribueront beaucoup à la renommée des lieux. Ces salles, aux parois richement décorées de coquillages et de marbre, servent notamment d'écrin à des scènes mythologiques composées de personnages (Persée, Neptune, Orphée...) animés par d'étonnants systèmes hydrauliques mis au point par les frères Francini, des Italiens dont les descendants se rendront célèbres à Versailles. En contrebas des galeries se trouvent les trois jardins aménagés par Claude Mollet, maître jardinier. Celui-ci innove en dessinant une composition d'ensemble pour chaque jardin et en utilisant le buis (une plante qui reste toujours verte), afin de créer les "broderies" végétales qui ornent les parterres. Le Château-Neuf et ses jardins font le bonheur du roi et suscitent l'admiration de ses contemporains, qui qualifient ces lieux de "huitième merveille du monde".
Légendes des illustrations
1. Le Château-Neuf de Saint-Germain-en-Laye. 1637. Guillaumot père. © Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
2. Vue du château de Saint-Germain-en-Laye : "Le Château Neuf et le Château Vieux en 1614" - Matthäus Mérian, l'Ancien (22 Sep 1593 - 19 Jun 1650)
Construit au bord du plateau qui domine la vallée de la Seine, le Château-Neuf bénéficait d'un superbe panorama et était orné de magnifiques jardins en terrasses.
Pour aller plus loin
À lire :
"Du château royal au musée d'archéologie nationale, Saint-Germain-en-Laye" - Editions de la Réunion des Musées nationaux.