Cette collection unique en France, provient des mines de plomb et d’argent du Laurion, en Grèce, exploitées jusqu’à l’époque byzantine par Athènes. Ces objets offrent un aperçu de la réalité du métier de mineur en Grèce durant cette période.
DES OBJETS ARCHÉOLOGIQUES POUR UNE STRATÉGIE COMMERCIALE
L'origine de cet ensemble est longtemps restée mystérieuse, mais la découverte dans les archives du musée d'une ancienne étiquette en grec a permis d'en retracer l'historique. D'après ce document, les outils de mineurs étaient, en 1875, la possession d'un certain Jean-Baptiste Serpieri, directeur de la Compagnie française des mines du Laurion, qui extrayait des minerais à partir des galeries des mines antiques. L’ingénieur Alfred Huet arriva dans le Laurion dès 1873 pour seconder J.-B. Serpieri car il était spécialisé dans la préparation mécanique des minerais. En 1878, Huet se retira des affaires et se consacra à l'étude du Laurion mais il resta administrateur de la Compagnie française des mines jusqu'à son décès. Les travaux menés par la compagnie mirent au jour des objets archéologiques, que la compagnie sut utiliser pour servir ses intérêts commerciaux. L’étiquette révèle ainsi que les outils de mineurs du MAN ont été présentés lors des « Olympiades de 1875 » organisées à Athènes, qui aboutirent à l'organisation des premiers Jeux Olympiques modernes en 1896. La Compagnie Française des Mines du Laurion y exposa des objets antiques : ses lingots de plomb du Laurion étaient quasi identiques à ceux produit dans l'Antiquité. Cela pouvait séduire les acheteurs, soucieux d'acquérir un métal réputé depuis l'Antiquité. Cette stratégie commerciale fut reprise par l'État Grec lors de l'Exposition universelle de 1878 à Paris.
UNE COLLECTION RESTAURÉE DÈS SON ARRIVÉE AU MUSÉE
L’ensemble se compose d’outils de mineurs en fer, d’objets en plomb et en bronze, de poids en terre cuite, de lampes et de vases en céramique, datés du VIe au IIe siècle avant J.-C. Cette collection est excellent état car dès son arrivée au musée en 1879, les « fers » sont restés « assez longtemps » à l’atelier de restauration, comme l’indique l’inventaire. On y trouve notamment des outils caractéristiques du mineur : de petites lampes pour s’éclairer dans les galeries, des marteaux, des pics et des barres à mine. Une paire d’entraves rappelle que les mineurs du Laurion étaient des esclaves qui travaillaient dans de terribles conditions.
BIBLIOGRAPHIE
Anaïs Boucher, « Outils de mineurs et outils publicitaires : La destinée d’objets archéologiques découverts dans le Laurion », Archéologia, 2017, p. 48 – 49