Deux manuscrits indiens sur feuilles de palme, témoins du développement de l’orientalisme français, ont récemment été restaurés et ont bénéficié d’une nouvelle étude.
OBJETS DE CURIOSITÉ
Objets de curiosité, ces manuscrits ont été collectés successivement par deux chirurgiens de marine au cours de la première moitié du XIXe siècle. Au début des années 1830, ils furent donnés à l’ancien musée de Marine qui conservait au sein du Louvre des objets rapportés lors des explorations maritimes patronnées par le roi depuis le XVIIIe siècle. Au tournant du XXe siècle, la salle de comparaison du musée est installée par le conservateur Henri Hubert qui choisit d’exposer ces manuscrits singuliers parmi une sélection d’objets exotiques aux yeux du public européen. Ils pouvaient évoquer la variété des supports et des conceptions intellectuelles liés à l’apparition de l’écriture en différents endroits de la planète.
DES MANUSCRITS ÉCRITS SUR DES FEUILLES DE PALMIER
Ils sont constitués de plusieurs « ôles » (du tamoul ōlai signifiant feuille de palme) taillées dans des feuilles de palmier spécialement apprêtées. Depuis les premiers siècles de notre ère au moins, ce support d’écriture était traditionnel en Inde ainsi que dans les pays indianisés du Sud-Est asiatique. Les textes sont incisés à l’aide d’un stylet métallique. Le plus petit des manuscrits est composé de sept ôles et date du XVIIIe ou du XIXe siècle. Malgré l’absence de numérotation, l’ordre du texte a été conservé. Le premier feuillet comporte une invocation au dieu Śiva : « Nous rendons hommage en le priant et en le priant (encore) au dieu qui porte une couronne (de fleurs) d’ātti (c’est-à-dire Śiva) ». D’après ses imperfections, ce manuscrit pourrait être un exercice d’écolier. Le deuxième manuscrit comprend quarante-deux feuillets. Les ôles sont à peine moins grossièrement apprêtées que celles du précédent exemplaire. Elles sont numérotées dans la marge gauche, ce qui a permis de constater que ce manuscrit est incomplet. Le texte se déploie sur chaque ôle à raison de cinq lignes, sur toute la longueur, entre deux courtes marges servant à poser les doigts pour manipuler le manuscrit sans endommager le texte. Le texte est difficile à lire puisque, selon l’usage, il est écrit sans titre ni colophon (note finale donnant des indicatons sur l’ouvrage) et les mots ne sont pas séparés et ne comportent pas d’aides orthographiques (signes diacritiques).
BIBLIOGRAPHIE
Christine Lorre, « Deux manuscrits indiens sur feuilles de palme », Archéologia, 2020, p. 20 – 21
Riberaigua (Caroline), La restauration d’un trésor des bibliothèques du Collège de France. L’Aṣṭasāhasrikā-Prajñāpāramitā ou Perfection de sagesse en huit mille vers, Inde, XIe siècle, La lettre du Collège de France, n° 38, juin 2014, p. 66-67.