Radiographie de l’Œnochoé de Catillon (MAN 27357) prise en 2008 au laboratoire de restauration du musée.
Musée d’Archéologie nationale, centre des archives, fonds Laboratoire, 2021001/18
Négatif à la gélatine sur plaque de verre, 13x18.
Musée d’Archéologie nationale, centre des archives, fonds Plaques de verre, PV_13x18_07299.
Le musée d’Archéologie nationale conserve la trace des événements qui ponctuent la vie d’un objet archéologique dans les collections. Cette photographie sur plaque de verre et cette radiographie présentent un objet provenant d’une tombe de la commune de Saint-Jean-sur-Tourbe (Marne), donné au musée d’Archéologie nationale en 1883. Il s’agit d’un vase en bronze, comportant une anse et un bec tubulaire, qui permettait de puiser le vin et de le verser dans les coupes. Fruit d’une grande habileté technique et artistique et présentée dans la salle du musée La Gaule des origines, cette œnochoé a été analysée et restaurée à plusieurs reprises. Faute d’une documentation abondante, les interventions sur l’objet en question sont difficilement traçables. Il reste cependant quelques documents qui indiquent l’évolution de l’objet.
La plaque de verre sur laquelle figure l’Œnochoé de Catillon n’est pas datée, mais on peut estimer qu’elle a été produite vers la fin du XIXe siècle, peu après l’arrivée de l’objet au musée ; alors que l’objet avait été découvert en plusieurs morceaux, nous avons la preuve qu’il a étérestitué, sans doute grâce à l’ingéniosité d’Abel Maître, responsable des ateliers du musée de 1866 à 1896 ; il a donc été restauré dans un premier temps avant la fin du XIXe siècle, mais les techniques de cette restauration restaient inconnues.
L’utilisation de la radiographie nous permet d’en savoir davantage et de voir la structure originelle ainsi que les indices des interventions successives. Grâce à cette plaque de verre, nous savons que l’œnochoé a été restaurée avant la fin du XIXe siècle ; la radiographie nous livre également le type de restauration qui avait été effectué. Cet objet a donc été renforcé de l’intérieur au moyen d’une structure en métal, composée de bandes, de tubes ainsi que d’une toile armée.
Dès les années 1960, à la suite des chercheurs Édouard Salin et Albert France-Lanord, grandes figures de la conservation curative des objets en métal, les conservateurs en charge des collections du musée d’Archéologie nationale soumettent certains objets à la radiographie, soit dans des laboratoires extérieurs comme ceux du Laboratoire de recherche des musées de France ( LRMF, devenu Centre de recherche et de restauration en 1999), soit dans le propre laboratoire du musée qui, à partir de 1998, est doté du matériel approprié.
Même si cette technique n’est pas adaptée à tout type d’objet, elle peut être un auxiliaire précieux, comme la spectrographie, pour le conservateur et le restaurateur afin de révéler la morphologie interne des objets.
Conservées dans les fonds d’archives du service des Ressources documentaires, des radiographies illustrent les analyses effectuées au sein du musée ou par des laboratoires extérieurs. Révélatrices des techniques utilisées, mais aussi de la matérialité cachée des objets, elles complètent les dessins, les photographies, les fiches de restauration également conservées dans ce même service, afin de faciliter l’étude et la recherche des objets en archéologie.
Colombe Chuilon
Bibliographie :
MOHEN, Jean-Pierre : « Qu’attendre de la radiographie des objets protohistoriques en bronze ? », Bulletin de la société préhistorique française,1973, tome 70, n°7, p. 205-210.
Corot, Henri, Les vases de bronze pré-romains trouvés en France, Bulletin monumental, 1901, 65, p.539-572.