Histoire du château
Une résidence royale
Résidence royale depuis Louis VI le Gros, au XIIe siècle, Saint-Germain-en-Laye fut à la fois un séjour de plaisance et un lieu de pouvoir des rois de France. De nombreux édits royaux ou traités ont été signés à Saint-Germain-en-Laye, jusqu’au traité de 1919 qui mit officiellement fin à la guerre avec l’Autriche.
Trois souverains sont nés à Saint-Germain-en Laye : Henri II, Charles IX et Louis XIV, mais aussi Marguerite de Valois, mieux connue sous le nom de Reine Margot. Saint Louis, né à Poissy, fit agrandir le château et confia à Hugues de Chelles le soin de construire la chapelle gothique, entre 1234 et 1238. François Ier construisit, sur les fondations du vieux château de Charles V, un palais Renaissance. Henri II et Henri IV bâtirent à côté un second édifice, dit Château-Neuf, entre le Château-Vieux et la Seine.
Le Roi-Soleil naquit à Saint-Germain-en 1638 et y passa, à partir de 1666, l’essentiel des premières années de son règne personnel, avant son installation à Versailles en 1682. Il diligenta l’aménagement intérieur des cinq pavillons d’angle qui venaient d’être bâtis par Mansart.
Jacques II Stuart, roi d’Angleterre en exil, accompagné de sa famille et de ses partisans, arriva en 1689 dans un château pratiquement vide et inhabité, qu’il occupa jusque vers le milieu du 18e siècle, avant que ce dernier n’abrite des appartements de courtisans, sous forme de lots.
Toutefois, au XVIIIe siècle, les chasses se poursuivirent : Louis XV et Louis XVI continuèrent de venir en forêt de Laye. Elles s’appuyaient sur le rôle des Noailles, gratifiés en 1717 de la charge de capitaine et gouverneur des châteaux, jardins, parcs et forêts. Leur hôtel de plaisance, qui se signale par la qualité de son architecture due à Jules Hardouin-Mansart, doté d’écuries et de services en lisière de forêt, devint un rendez-vous de chasse au service des souverains.
À partir de la Révolution, la destinée du château devint militaire, d’abord prison provisoire pour suspects de 1793 à 1794, puis garnison de vétérans en 1798. Napoléon Ier y établit une école de cavalerie, active de 1809 à 1814. Un pénitencier militaire, prévu pour 537 détenus, s’y installa sous la monarchie de Juillet, de 1836 à 1855. Furent alors aménagés cellules, cuisines et réfectoires, salles de bains, parloir, corps de garde, bureaux, infirmerie, cachots, ainsi qu’un atelier dans la salle de bal. Des étages furent coupés en deux dans leur hauteur, des sentences morales inscrites sur les murs et les murs des fossés surélevés.
Peu de vestiges attestent du passé royal de ce monument, délabré et vide de tout mobilier lié à sa fonction d’origine et dont l’architecture extérieure est en très mauvais état lors de la visite d’État de la reine Victoria en 1855.
Napoléon III le sauve, le restaure et y installe le musée des Antiquités celtiques et gallo-romaines. Les cloisons des cellules et les cachots du pénitencier sont démolis et les salles ainsi nettoyées sont transformées en salles d’exposition. Quelques restes architecturaux du château royal, non démolis, sont conservés.
Les dégradations subies par l’édifice dans la première moitié du XIXe siècle, puis sa restauration et l’installation du musée ont occulté tout vestige d’une résidence royale et devenue une trace mémorielle plus qu’une réalité tangible.