L'âge du Bronze
L’âge du Bronze (2300 – 800 av. J.-C.) marque une évolution plus qu’une rupture avec le Néolithique.
La métallurgie du cuivre apparaît très tôt en Europe centrale et orientale, où elle est attestée dès 4500 av. J.-C. La production d’objets en or et en cuivre se développe au cours du 4e millénaire d’est en ouest de l’Europe. Elle accompagne le développement des sociétés néolithiques, marqué par une hiérarchisation sociale accrue et l’apparition d’objets-signes comme la hache de prestige et le poignard.
Avec l’émergence de la métallurgie du bronze au cours du 3e millénaire, la production d’objets en métal change rapidement d’échelle et se diversifie. La nécessité d’accéder à deux métaux différents, le cuivre et l’étain, issus de gisements éloignés, pour constituer un alliage, le bronze, a pour conséquence un développement des échanges sans commune mesure avec la période antérieure et une véritable révolution des modes de circulations tant terrestres que maritimes. Les nombreuses épaves découvertes depuis quelques années sur les côtes anglaises et en Méditerranée rendent bien compte de l’importance de la navigation dès cette époque. Les motifs du bateau, du char et de la roue sont d’ailleurs représentés sur de nombreuses productions de l’âge du Bronze : signes emblématiques, propitiatoires et probablement prestigieux, ils sont également interprétés comme des images solaires et des symboles du renouveau de la vie. La domestication du cheval moderne, plus fort et plus docile, vers 2200 av. J.-C., accompagne cette petite révolution des transports et des figures symboliques.
Matière précieuse facile à thésauriser et à recycler, le bronze est un métal doré, dur et éclatant. Éminemment désirable et sans doute moteur du pouvoir économique et sociale d’une petite partie de la population, le bronze est une richesse qui peut également être source de rivalités et de heurts. Les chefs guerriers affirment d’ailleurs leur pouvoir à travers des objets prestigieux comme les épées, les cuirasses et les casques rutilants. En Europe, beaucoup de ces armes ont été retrouvées dans les milieux humides, les marais et les cours d’eau. Ces armes sacrifiées dans la Seine, la Saône, la Loire, le Rhône, mais aussi le Rhin, la Tamise, le Danube, ou le Rio Tinto…, semblent témoigner d’un rapport complexe avec l’eau. Cette pratique s’inscrit probablement dans une économie du gaspillage et de la destruction dominée par l’idée que quelques individus ou communautés ont la capacité de sacrifier des richesses aux dieux, pour conserver, afficher et affirmer leur pouvoir.
En dépit des nombreuses figures de guerriers représentées dans la roche, notamment en Scandinavie, en Espagne et dans les Alpes, les recherches archéologiques livrent finalement peu de traces liées à des conflits armés, des affrontements ou des pillages endémiques. En France, l’archéologie préventive a permis ces dernières années de mieux connaître la vie quotidienne à l’âge du Bronze. Elle renvoie de cette période une image plus paisible, dans un paysage essentiellement constitué de fermettes et de petits hameaux. Dans cette société très agricole, le bronze sert à fabriquer non seulement des armes, mais aussi des outils, des haches et des faucilles, des gouges et des marteaux par exemple, ainsi que des éléments de parure, comme des bracelets et des épingles.
Enfin si les échanges de minerais et d’objets métalliques s’inscrivent dans des réseaux d’approvisionnements qui traversent toute l’Europe, il ne faut pas oublier d’autres matières essentielles qui circulaient dès cette époque notamment le sel, l’ambre, les fourrures, les tissus de laine et probablement bien d’autres choses encore qui participaient de ces échanges à courtes, moyennes et longues distances entre le monde nordique et les citées méditerranéennes, l’ouest atlantique et l’Europe alpine ou orientale.
Les objets
Saint-Bélec, Leuhan (Finistère)
2200 - 2000 avant notre ère
Vaudrevange / Wallerfangen (Sarre, Allemagne)
IXe av. J.-C.
Champlay, la Colombine (Yonne)
XIIIe siècle avant notre ère
Larnaud (Jura),Les Genettes, vers 1000-900 av. J.-C.
ACQUISITION
achat à un particulier, 1867
Lieu-dit “Bel-Air” (anciennement “La Motta”), Lannion (Côtes-d’Armor)
2000-1800 av. J.-C