Les haches ye-yao de Nouvelle-Guinée

Hache parée

De l’outil au signe social : des lames en pierre

 

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Les roches assez résistantes pour fabriquer de bonnes lames de hache sont rares et très inégalement réparties dans la nature. De temps en temps, les hommes partent en groupe en direction des carrières parfois éloignées d’une dizaine de jours de marche.

Ils sont guidés par un homme d’expérience connaissant les rituels pour faire sortir les haches. En effet, les lames de haches sont, d’après le mythe, préexistantes dans la roche et c’est la Mère des Haches qui va les donner aux hommes.

Les plaques de roche sont détachées par le choc thermique produit au moyen d’un foyer perché sur un échafaudage. Dans ces plaques, les premières pré-formes sont taillées et dégrossies au percuteur dur. De retour au village, ces ébauches sont lentement bouchardées au petit percuteur de pierre. Elles ont dès lors acquis une grande valeur et peuvent être échangées contre des porcs ou des pains de sels. Le polissage sur des blocs de grès représente la phase finale : il permet d’affûter le tranchant et d’obtenir une forme parfaitement régulière. Le polissage d’une grande lame de hache de travail nécessite une vingtaine d’heures de travail.

 

Il faut beaucoup plus de temps pour polir une grande lame de hache d’échange d’Ormu Wari, afin de la rendre parfaitement régulière, lisse et brillante en appliquant de la graisse de porc sur sa surface. Devenue extrêmement luisante, elle représente alors l’un des signes distinctifs utilisés par les élites de la côte nord.

 

Les lames de hache ye-yao : des femmes de pierre

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Les Dani échangent de grandes lames polies considérées comme des femmes que le groupe donne ou reçoit, et qui sont donc vêtues de jupes courtes et de ceintures en fibres d’orchidée.

Lors des paiements de mariage ou de funérailles, ces haches femelles sont explicitement des substituts anthropomorphes (d’apparence humaine), manipulés et présentés en public après avoir été passées à la graisse de porc pour les rendre luisante.

Ces lames ye-yao sont fabriquées dans la haute vallée de l’Awigobi, où les carrières de roche verte sont exploitées en montagne et où des dalles peuvent aussi être ramassées dans le lit de la rivière. Dès la sortie de la carrière, les ébauches de lame sont groupées par paire et présentées verticalement, comme les deux premiers hommes du mythe de l’origine du monde.

 
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