Bandeau ODM janvier 2016

Les biches du Chaffaud (Vienne)

Collections du Paléolithique

L'os qui a été gravé par un artiste magdalénien, il y a 15 000 ans environ, est facilement reconnaissable : il s'agit d'un métatarse de renne, c'est à-dire d'un os de la patte arrière d'un renne, probablement récupéré après la chasse et la consommation de l'animal.

L'on peut y voir deux biches de profil gauche, qui se suivent, la première étant conservée en entier, tandis que la seconde est écourtée par la cassure de l'os et recouverte par de la concrétion. La composition en frise, l'une derrière l'autre, est parfaitement adaptée à la forme du support travaillé. La première biche et la tête de la seconde sont gravées avec une richesse et une justesse de détails qui en font des oeuvres admirables. La bouche, les naseaux, l'oeil et les oreilles sont très naturalistes, de même que le pelage, figuré par des traits courts et profonds, mais aussi par des lignes plus fines et plus resserrées.
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Devant chacune des deux biches, des motifs en forme de fuseaux ont été représentés, interprétés comme des signes par certains préhistoriens ou comme des poissons très schématiques. Il est vrai qu'il existe, datant de la même période, une scène figurant des cerfs avec des saumons entre leurs pattes, gravée sur un bâton en bois de renne, provenant de la grotte de Lortet, Haute-Garonne.

Si cet os gravé est remarquable sur le plan artistique, il est plus exceptionnel encore d'un point de vue historique. C'est l'un des objets d'art paléolithiques les plus anciennement reconnus comme tels.

Il est mis au jour, parmi d'autres vestiges magdaléniens, notamment des outils de silex taillé, dans la grotte du Chaffaud (Vienne) avant 1845 par André Brouillet, notaire à Charroux (Vienne) et Charles Joly  Leterme, architecte à Saumur, inspecteur des Monuments historiques en Anjou, Touraine et Poitou. Il n'est pas mentionné dans le premier rapport de fouilles rédigé par M. Joly-Leterme en 1848, à la demande de M. Mérimée, inspecteur général des Monuments historiques. Il faut dire aussi que les découvertes de la grotte du Chaffaud sont considérées alors comme celtiques.

Dans un courrier qu'il adresse à Joly-Leterme en 1852, Mérimée fait, en revanche, allusion à des os gravés qui lui semblent très curieux.

L'année suivante, il lit une communication sur ces pièces devant l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Il n'y est plus question d'oeuvres de l'âge du Fer, étant donné que « pas un morceau de métal n'a été découvert ». Enfin, Prosper Mérimée réalise le calque des biches du Chaffaud, qui constitue sans doute le premier relevé d'une gravure préhistorique.figure5.jpg


Entré au Musée de Cluny en 1853, parmi la série de pièces dites celtiques données par M. Joly-Leterme, cet objet est déposé par le Musée de Cluny au Musée de Saint-Germain en 1887, sous la même appellation.
Mais il a été publié entre temps comme une oeuvre d'art paléolithique par le préhistorien Édouard Lartet, l'archéologue danois J.J.A. Worsaae et le conservateur Alexandre Bertrand, à la tête du Musée des Antiquités nationales*.

 

*le Musée des Antiquités nationales a changé de nom en 2004 pour devenir le Musée d'Archéologie nationale, appelé parfois aussi Musée de Saint-Germain

 

Catherine Schwab, conservateur, responsable des collections du Paléolithique, Musée d’Archéologie nationale

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