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La plus ancienne sépulture mérovingienne de la basilique de Saint-Denis

Cette croix en or et ces deux fibules ansées digitées en fer damasquinées et cloisonnées d’or et de grenats proviennent d’une sépulture découverte sous le chœur de la basilique de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Ces bijoux sont caractéristiques du costume des femmes de l’aristocratie franque et alamane de la fin du Ve siècle.

UN CIMETIÈRE ANCIEN 

À la demande de Napoléon III, Eugène Viollet-le-Duc aménage dans les années 1850 une crypte destinée à recevoir les tombes de la famille impériale sous le chœur de la basilique de Saint-Denis. Les travaux mènent à la découverte de sépultures de haute époque. Aucune étude archéologique n’est cependant réalisée et le mobilier mis au jour est dispersé. Cette découverte laisse alors supposer qu’un sanctuaire paléochrétien, antérieur à l’abbé Suger et à Louis IX, précéda la basilique.

Bien des années plus tard, la découverte de nouvelles sépultures conduit Édouard Salin (1889-1970) à réaliser des fouilles, entre 1952 et 1953. Il étudie alors treize tombes, superposées dans un espace de quatre mètres de long sur trois de large, et autant de haut. Lors d'une autre campagne, au début de l’année 1957, des travaux effectués dans le prolongement de la crypte de Viollet-le-Duc mettent au jour d'autres sépultures. Se superposant sur plusieurs étages, quarante-quatre tombes sont ainsi fouillées par Édouard Salin et son équipe. Les plus anciennes sont gallo-romaines, datées du Ve siècle, et les autres sont mérovingiennes (VIe-VIIe siècles) ou postérieures.

Les huit sépultures mérovingiennes sont situées entre le sol naturel et le sol présumé de la basilique Sainte-Geneviève, construite sur l’emplacement supposé de la tombe de saint Denis, premier évêque de Paris, martyrisé en 250 apr. J.-C. Les sarcophages sont tous en pierre et ils ont tous été pillés ou bouleversés, probablement lors de l’établissement de sépultures plus tardives.

UNE SÉPULTURE PILLÉE DANS LA HÂTE

Recouvert par deux dalles rapportées, le sarcophage de la sépulture n°23 est scellé et ceinturé par un ruban (ou une corde) dont il ne reste qu’un morceau carbonisé. L’intérieur du sarcophage est bouleversé mais de riches objets y ont néanmoins été retrouvés.

À hauteur de la poitrine de la défunte, trois tissus carrés de couleur brun foncé rehaussés d’un décor géométrique de minces feuilles d’or décorent sans doute un vêtement qui n’est pas conservé. Au niveau de son bassin repose une fibule, tandis que l'autre est découverte au niveau du coude droit, près de la croix pectorale.

Les deux fibules, en fer, possèdent à leur extrémité des cloisons semi-circulaires ornées de grenats cloisonnés ainsi que de verre vert. Leur trois digitations sont plaquées d’or, de même que leur pied sur presque toute sa longueur. L’anse offre quant à elle une frise transversale continue de hachures d’argent et d’or incrustées.

La croix pectorale creuse est faite de feuilles d’or soudées. Prolongée par un anneau de suspension, elle est constituée de deux branches inégales dont l’intersection est occupée par un grenat tronconique cerclé d’un filigrane perlé. Posée sur le front d’une défunte, une croix tout à fait semblable provient d’un sarcophage de l’église Saint-Victor de Marseille (Bouches-du-Rhône).

UN MOBILIER CONTEMPORAIN DE CLOVIS ?

Les fibules rappellent un modèle en usage en orfèvrerie autour de l’an 500, permettent ainsi de proposer une date assez précise pour la sépulture n°23. Leur forme, leur taille et le nombre de doigts sont semblables au type dit de Krefeld, qui est attesté de 450 à 550 environ. Cependant, les fibules de ce type sont généralement en bronze, et aucun exemplaire connu ne présente de décor cloisonné. L’utilisation de la technique fer-or cloisonné se développe aux abords de l’an 500. Ces éléments suggèrent ainsi une datation assez haute pour l’époque mérovingienne, et font de la propriétaire de ces fibules une contemporaine probable de Clovis et de sainte Geneviève, la patronne de la ville de Paris, qui aurait fait ériger le tout premier édifice sur le site de Saint-Denis. Signalons que les croix pectorales de ce type sont très rares autour de 500 : il pourrait donc s’agir de la croix pectorale la plus ancienne signalée en France.

Au Ve siècle, la Gaule est officiellement un territoire chrétien et l’aristocratie franque se convertit rapidement au christianisme. Réservé dans le monde romain et byzantin à la plus haute classe de la société, le port de tissus brodés caractérise l’aristocratie mérovingienne, dont les sépultures livrent, lorsque les conditions de conservation le permettent, comme à Saint-Denis, beaucoup de textiles et de cuirs décorés. Les fouilles d’Édouard Salin révèlent donc que des membres de l'aristocratie, voire de la famille royale mérovingienne, sont enterrés dans la basilique de Saint-Denis dès la seconde moitié du Ve siècle, et ce longtemps avant Dagobert, le premier souverain mérovingien dont l'inhumation à Saint-Denis en 639 est attestée avec certitude.

BIBLIOGRAPHIE

FLEURY, Michel. et FRANCE-LANORD, Albert. Les trésors mérovingiens de la basilique de Saint-Denis. Woippy : Gérard Klopp, 1998.

SALIN, Édouard. Sépultures gallo-romaines et mérovingiennes de la basilique de Saint-Denis. In : Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, 1957, n°49, p. 93-128.

SALIN, Édouard. Les tombes gallo-romaines et mérovingiennes de la basilique de Saint-Denis (fouilles de janvier-février 1957). In : Mémoires de l’Institut de France, 1960, n°44-1, p. 169-264, pl. 1, 2, 7 et 12.

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