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L'archéologie comparée
Instrument de musique

Tambour en bronze

Les tambours de bronze font partie des objets les plus populaires d’une vaste zone qui comprend le Vietnam, la Chine du Sud, la Birmanie et l’Indonésie.

UNE HISTOIRE ÉNIGMATIQUE

Cet objet témoigne des débuts de l’histoire coloniale française en Asie au XIXe siècle. En effet, les premiers documents attestant de son arrivée en France, indiquent qu’il proviendrait de l’expédition franco-anglaise menée par l’amiral Rigault de Genouilly (1807-1873) en Chine à la fin du mois de décembre 1857. Rapporté en France, le tambour aurait été offert à Napoléon III qui l’aurait donné à son tour au musée de Marine du Louvre en 1862. Le tambour y aurait été étudié par Franz Heger qui le considérait apparemment comme le plus ancien des spécimens connus en Europe à cette époque. Les indications retrouvées dans les archives ne permettent pas de décider à laquelle des deux campagnes de la flotte française en Asie il convient de rattacher l’objet. En effet, après la prise de Canton, l’amiral fit la conquête de Saigon, avant de rentrer en France en 1859. En raison de ses dimensions, de sa forme et de son décor, ce tambour appartient au type III qui date au plus tôt du XIe siècle et connaît une vaste dispersion entre le XVe et le XXe siècle dans toute l’Asie du Sud-Est. La comparaison avec un exemplaire très proche conservé au musée du quai Branly-Jacques Chirac confirme qu’il s’agit vraisemblablement d’une production vietnamienne ou birmane du XIXe siècle. L’incertitude qui subsiste est aussi due à la perte d’informations liées aux conditions du transfert des collections du musée de Marine au MAN entre 1908 et 1911 lors de la création de la nouvelle salle d’archéologie comparée.

UN TÉMOIGNAGE DE L'HABILETÉ DES MÉTALLURGISTES DU SUD-EST ASIATIQUE

Du type III de la classification établie par l’ethnologue Franz Heger à la fin du XIXe siècle, le tambour du MAN est composé de deux parties : une caisse de résonance légèrement évasée vers le bas et une partie renflée qui supporte un plateau débordant (tympan). Bien visibles, les coutures –renflements verticaux- indiquent les raccords entre les deux parties du moule ayant servi à fondre la caisse à la cire perdue. Une étoile à douze branches occupe le centre du plateau. Le reste du décor, organisé en zones concentriques présente des motifs géométriques ou des représentations d’animaux schématiques. Quatre groupes de trois grenouilles stylisées superposées ornent le bord du tympan souligné d’un motif de tresse. Dans sa partie supérieure, la caisse de résonance est dotée symétriquement de deux paires d’anses plates à décor de stries. Sur sa hauteur, elle est ornée d’une alternance de bandeaux de motifs incisés et de zones vierges de tout décor qui portent encore des vestiges de peinture noire. À la base et sur un seul côté de la caisse sont alignés verticalement trois colimaçons et trois éléphants miniatures. Témoignant d’un vaste réseau d’influences culturelles et d’échanges nord-sud dans tout le Sud-Est asiatique, les tambours du type III ont été produits en grand nombre au Vietnam et en Birmanie jusqu’au XXe siècle et étaient encore utilisés jusqu’à une époque récente par les Karens lors de cérémonies agraires.

LA SIGNIFICATION DU TAMBOUR EN ASIE DU SUD-EST

Apparus aux environs de 500 avant notre ère dans le bassin du fleuve Rouge, les tambours de bronze ont souvent été découverts dans les tombes de personnages de haut rang, notamment au sein de la culture de Dong Son (Vietnam). Attributs du pouvoir, ces instruments indiquaient la richesse de leur propriétaire.

D’innombrables exemplaires ainsi que des contes et légendes, mettant en scène ces instruments de musique, montrent quel rôle important ils ont joué et jouent encore de nos jours dans l’histoire et l’imaginaire des populations du Sud-Est asiatique.

Selon les spécialistes, ces instruments pouvaient servir dans de multiples circonstances : en contexte guerrier, pour rythmer le déroulement de rites communautaires de naissance et de mariage mais également lors de cérémonies d’invocation à la pluie. Ainsi, les représentations stylisées de grenouilles sont sans doute en rapport avec la fertilité des sols et des récoltes, également évoquée dans des contes et légendes.

BIBLIOGRAPHIE

Christine Lorre, « Enquête sur les origines d’un tambour de bronze », Archéologia, 2019, p. 22 – 23

Guerny Jacques (de), Les tambours de bronze de l’Asie du Sud-Est, Paris, Maisonneuve et Larose-Hémisphères Éditions, 2017

LIENS UTILES

Pour en savoir plus, consultez la présentation dans le cadre de l'objet du mois

 

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