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Du Paléolithique au Mésolithique
Sculpture

La "Vénus" de Tursac

La « Vénus » de Tursac, associée à un contexte archéologique clair, est une des rares statuettes gravettiennes bien datées (vers – 30 000 ans). C’est aussi un chef-d’œuvre de l’art préhistorique, d’une modernité qui nous étonne.
 

UN CONTEXTE ARCHEOLOGIQUE CONNU

Cette statuette est découverte dans l'abri du Facteur à Tursac (Dordogne) en 1959, lors des fouilles dirigées par Henri Delporte, qui deviendra conservateur des collections paléolithiques au musée d'Archéologie nationale. C'est la première statuette féminine française découverte dans un contexte archéologique connu. Elle provient d’une couche clairement attribuée à la période gravettienne et, plus précisément, au Gravettien moyen, caractérisé par de petits outils de silex taillé, les burins de Noailles (vers – 30 000 ans). D’autres statuettes féminines, découvertes lors de fouilles anciennes, semblent dater de la même période. En plus des indications stratigraphiques (niveaux archéologiques), les fouilles donnent des informations topographiques intéressantes. La statuette se trouve près de la paroi de l'abri, dans une zone périphérique de l'habitat, loin du foyer et des autres vestiges, tels que les outils, les armes ou les restes de faune. Les hommes préhistoriques voulaient-ils protéger ou éloigner la « Vénus » de leurs activités quotidiennes ? Seuls deux os longs de bison ou d’aurochs sont découverts près de la statuette. Il semble que les Gravettiens aient déposé là une patte de boviné, peut-être pour une offrande, un repas rituel ou un sacrifice…

UNE STATUETTE TRES STYLISEE

La « Vénus » de Tursac est sculptée dans de la calcite ambrée, une pierre dure, de couleur brune et translucide. Elle est probablement façonnée à partir d'un galet, qui évoquait peut-être la forme de la figurine. La statuette a été soigneusement polie et il ne reste que quelques traces de percussion sur l’arrière. La représentation, très stylisée, se regarde de profil et comprend trois parties : le tronc, les jambes et le pédoncule. La tête, les épaules et les bras ne sont pas figurés. Les seins sont également absents, ce qui est surprenant pour une « Vénus ». Les jambes sont seulement esquissées, courtes et sans pieds. En revanche, le ventre est massif et porté très bas. Le bassin est large et les reins cambrés, tandis que les cuisses sont fortes et les fesses saillantes. Les jambes semblent repliées sous le corps. Le tout donne l’impression d’une femme enceinte, en position accroupie, sur le point d'accoucher ou en plein accouchement. Situé entre le ventre et les jambes, le pédoncule donne lieu à plusieurs interprétations. Il peut s’agir du nouveau-né et de la représentation d’une naissance. D’autres y voient un sexe masculin et la figuration d'un acte sexuel… Quoi qu’il en soit, le pédoncule servait peut-être à ficher en terre la statuette.

UNE AUTRE "VENUS", TRES COMPARABLE

Dès sa découverte, la statuette de Tursac est rapprochée, d’un point de vue stylistique, de la « Vénus » de Sireuil. Cette dernière a été trouvée de manière fortuite en 1900, également en Dordogne, dans la vallée de la Vézère. Elle ne possède pas de contexte archéologique, car elle provient de l'ornière d'un chemin. La statuette de Sireuil représente aussi une femme aux caractères sexuels ou maternels très accentués : un bassin large, des reins cambrés, un ventre massif, des cuisses fortes et des fesses saillantes. La poitrine est, par contre, plutôt menue. Les bras et les jambes, également repliées, sont nettement moins marqués. Les jambes de la « Vénus » de Sireuil forment une sorte de perforation. L’utilisation en pendeloque ne peut être écartée, malgré le poids, le volume et le sens (à l’envers). Une autre hypothèse est très séduisante : l'insertion d'une baguette, qui formerait alors un appendice, comme celui de la statuette de Tursac. Ces représentations de femmes enceintes, connues dans toute l’Europe durant la période gravettienne (entre – 34 500 et – 25 000 ans), paraissent évoquer la féminité et la sexualité, la fécondité et la maternité. Elles incarnent aux yeux des hommes préhistoriques, comme aux nôtres, la survie du groupe et de l’humanité.

BIBLIOGRAPHIE

DELPORTE, Henri. Une nouvelle statuette paléolithique : la Vénus du Tursac. L'Anthropologie, 63, n°3-4, 1959, p. 232-245.

DELPORTE, Henri. Observations paléo-topographiques sur la Vénus de Tursac (« La belle et la bête »). Bulletin de la Société préhistorique française, 59, n°11-12, 1962, p. 813-818.

DELPORTE, Henri. Chefs-d'œuvre de l’art paléolithique. Musée des Antiquités nationales. Château de Saint-Germain-en-Laye. 24 juillet - 1er décembre 1969. Paris : Réunion des Musées nationaux, 1969, 96 p. (notice n°129, p. 88-89).

DELPORTE, Henri. L’image de la Femme dans l’art préhistorique. Paris : Picard, 1993, 288 p.

DUHARD, Jean-Pierre. Étude comparative des statuettes féminines de Sireuil et Tursac (Dordogne). Gallia préhistoire, 35, 1993, p. 283-291.

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