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L'archéologie comparée
Hache votive

Hache parée de Nouvelle-Guinée

Cette grande hache d’échange de type ye-yao, achetée à Wamena, illustre de multiples pratiques du groupe Dani, de la recherche des matériaux à son usage social.

UNE APPROCHE ETHNOARCHÉOLOGIQUE

Pierre Pétrequin, directeur de recherche au CNRS., a donné en 1995 au musée d’Archéologie nationale sa collection d’objets ethnographiques collectés avec son épouse Anne-Marie à l’occasion de missions scientifiques au Papua Barat (Indonésie).

Rassemblée au cours de plus de vingt missions depuis 1984, elle reflète les recherches menées par ces préhistoriens au sein de plusieurs communautés humaines de Nouvelle-Guinée. De leur point de vue d’archéologues, les chercheurs ont étudié les modes de fabrication et d’échange des productions matérielles de ces groupes, ainsi que leur rôle respectif dans leur organisation sociale.

Cet ensemble de première importance est une source précieuse de réflexion et de comparaison pour tous les préhistoriens qui s’intéressent à la vie des populations néolithiques de notre territoire. Il s’agit en effet d’observer des situations actuelles pour élargir le domaine des hypothèses de travail et mieux comprendre les contextes archéologiques en Occident, où le plus souvent, seuls les vestiges en matériaux indestructibles sont conservés. Cette démarche, dite ethnoarchéologique, est très différente du simple comparatisme ethnographique. Elle s’efforce de prendre en compte les contraintes liées aux fonctionnement sociaux et à la matérialité des objets, tout en essayant de comprendre les étapes du parcours historique de chacune des communautés.

DE L'OUTIL AU SIGNE SOCIAL : DES LAMES EN PIERRE

Cette grande hache d'échange de type ye-yao est décorée d’une jupe en fibres d’orchidée tressées jaunes, des pendentifs formés de défenses de porc refendues, polies et perforées, de lanières de peau de marsupial arboricole et d’enveloppes épineuses de larves.

Pour fabriquer la lame de hache, une plaque de roche est détachée par le choc thermique produit au moyen d’un foyer perché sur un échafaudage. Dans cette plaque, une première pré-forme est taillée et dégrossie au percuteur dur. De retour au village, l’ébauche est lentement bouchardée au petit percuteur de pierre. Elle a dès lors acquis une grande valeur et peut être échangée contre des porcs ou des pains de sels. Le polissage sur des blocs de grès représente la phase finale : il permet d’affûter le tranchant et d’obtenir une forme parfaitement régulière. Le polissage d’une grande lame de hache de travail nécessite une vingtaine d’heures de travail.

Il faut beaucoup plus de temps pour polir une grande lame de hache d’échange d’Ormu Wari, afin de la rendre parfaitement régulière, lisse et brillante en appliquant de la graisse de porc sur sa surface. Devenue extrêmement luisante, elle représente alors l’un des signes distinctifs utilisés par les élites de la côte nord pour afficher leur statut héréditaire.

LES LAMES DE HACHE YE-YAO : DES FEMMES DE PIERRE

Les roches assez résistantes pour fabriquer de bonnes lames de hache sont rares et très inégalement réparties dans la nature. De temps en temps, les hommes partent en groupe en direction des carrières parfois éloignées d’une dizaine de jours de marche.

Ils sont guidés par un homme d’expérience connaissant les rituels pour « faire sortir les haches ». En effet, les lames de haches sont, d’après le mythe, préexistantes dans la roche et c’est la Mère des Haches qui va les donner aux hommes.

Les Dani échangent de grandes lames polies considérées comme des femmes que le groupe donne ou reçoit, et qui sont donc vêtues de jupes courtes et de ceintures en fibres d’orchidée. Lors des paiements de mariage ou de funérailles, ces haches femelles sont explicitement des substituts anthropomorphes (d’apparence humaine), manipulés et présentés en public après avoir été passées à la graisse de porc pour les rendre brillantes. Ces lames ye-yao sont fabriquées dans la haute vallée de l’Awigobi, où les carrières de roche verte sont exploitées en montagne et où des dalles peuvent aussi être ramassées dans le lit de la rivière. Dès la sortie de la carrière, les ébauches de lame sont groupées par paire et présentées verticalement, comme les deux premiers hommes du mythe de l’origine du monde.

BIBLIOGRAPHIE

Anne-Marie et Pierre Pétrequin, Objets de pouvoir en Nouvelle-Guinée, approche ethnoarchéologique d’un système de signes sociaux, Catalogue de la donation Anne-Marie et Pierre Pétrequin, Paris : Réunion des musées nationaux, 2006, p. 238 – 239

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