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L'archéologie comparée
Casque

Casque apulo-corinthien (Italie)

 

Exposé dans la salle consacrée aux collections d’archéologie, ce casque a révélé, après une restauration exécutée en 2011, un décor exceptionnel et tout à fait inédit.

UNE PREMIERE IDENTIFICATION ERRONEE

Le casque est offert au musée par Jacques de Morgan, célèbre archéologue et explorateur de la deuxième moitié du XIXe siècle et du début du XXe siècle. Responsable de fouilles conduites en Égypte, en Malaisie et en Azerbaïdjan,sa collection d’objets archéologiques est aujourd’hui conservée au musée d’Archéologie nationale. Rien ne précise la provenance de ce casque dans le livre d’inventaire, mais d’après sa forme, il est enregistré, à l’époque, comme un casque grec de type corinthien daté entre le VIe et le IVe siècle av. J.C.

Le casque de type dit « corinthien » était produit à l’origine dans la cité grecque antique de Corinthe et apparaît au VIIIe siècle av. J.-C. Il est fabriqué avec une tôle de bronze frappée avec un marteau et mise en forme sur une âme en bois. Après cette opération de martelage, son décor est réalisé à la pointe de graveur. Plutôt épais, le casque ne présente pas d’ouvertures pour les oreilles. Il n’était probablement pas porté à même le crâne : l’intérieur était doublé d’un rembourrage ou un petit bonnet était porté par le soldat pour amortir les contacts. Une lanière en cuir, passée sous le menton, maintenait le casque sur la tête. Si d’autres types de casques nous sont parvenus, le casque corinthien est emblématique du soldat grec de l’Antiquité. Parfois orné d’un cimier, il enserre et protège la tête de façon optimale, possède de larges couvre-joues ainsi qu’une protection pour le nez. Le casque dit « apulo-corinthien » reprend en partie sa forme, notamment ses arcades sourcilières doubles. Cependant, plus sphérique et compact, il possède un protège-nuque large et les couvres-joues, plus courtes, sont presque jointives. Les ouvertures pour les yeux sont réduites à une petite fente et aucun élément spécifique n’est destiné à protéger le nez. De petits rivets en haut de la calotte permettent de fixer des éléments tubulaires contenant des plumes ou un panache en crin de cheval. Porté bien enfoncé sur la tête, il ressemble à un casque corinthien relevé, et donne l’aspect d’un masque destiné à effrayer l’adversaire. Les archéologues l’appellent « apulo-corinthien » car, majoritairement, il provient d’Apulie région des Pouilles actuelle, en Italie.

UN DECOR INEDIT

Présentant des lacunes et en partie déformé, le casque est une première fois restauré entre 1983 et 1984. L’objet est de nouveau restauré en 2011. Un examen attentif dévoila un décor gravé totalement inédit. Ce dernier, jusqu’alors caché par la corrosion, fut dégagé avec précaution par les restaurateurs du musée. Avec une microsableuse, la corrosion est retirée mécaniquement par la responsable du laboratoire, Clotilde Proust, permettant à l’objet de retrouver sa surface d’origine.

Au niveau du frontal, des oiseaux figurent de chaque côté des arcades sourcilières, tandis que des yeux sont représentés de part et d’autre de la fente horizontale. Les couvre-joues sont symétriquement ornés d’un sanglier ; derrière celui de droite apparaît un petit marcassin (jeune sanglier) et derrière celui de gauche un sphinx. Les sangliers affrontés, ressemblant ici davantage à des rhinocéros, sont un motif que l’on retrouve souvent sur les casques apulo-corinthiens. Au contraire, le petit marcassin et le sphinx figurent rarement sur ce type de casque et participent à la rareté de son décor. Le décor du casque reste toutefois particulièrement difficile à voir, raison pour laquelle en a été réalisé un relevé précis.

UN CASQUE

Ce casque ressemble beaucoup à ceux qui figurent sur la céramique corinthienne du VIe siècle av. J.-C. et les artisans qui l’ont réalisé sont probablement grecs, ou au moins influencés par l’iconographie archaïque grecque. Par ailleurs, le casque est tout à fait semblable aux exemplaires portés par les guerriers à partir du VIe siècle av. J.-C. et découverts en Grande Grèce, région du sud de l’Italie très tôt colonisée par les Grecs. Une soixantaine de casques apulo-corinthiens sont aujourd’hui référencés, et si trois quarts comportent un décor gravé, très peu proviennent d’un contexte archéologique clairement identifié.

Le frontal du casque commence à se couvrir de motifs à partir du IVe siècle av. J.-C. et les petites ouvertures pour les yeux et le nez, de pure convenance ici, semblent confirmer la datation de ce casque. Parfois mêlé aux représentations plus naturalistes de l’époque hellénistique, le style archaïque, avec ses motifs stylisés, est souvent repris à cette période. Le sphinx est un motif connu sur quelques casques de cette période, mais les figurations du marcassin et des oiseaux sont inédites. Notamment prisée par les Romains, qui copient le style et utilisent le casque comme ornement, la mode du casque apulo-corinthien dure jusqu’au Ier siècle av. J.-C.

BIBLIOGRAPHIE

BOUCHER, Anaïs. Les surprises d’un casque apulo-corinthien. In : Archéologia, novembre 2015, n°537, p. 15-17.

 

 

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