Cette tête féminine particulièrement fine a autrefois fait partie de la collection de Louis de Clercq. Cette collection était l’une des plus anciennes au monde puisqu’il avait acheté une grande partie de la collection de Pérétié, chancelier du consulat de France à Beyrouth en 1859, qui fut l’un des premiers voyageurs français à s’intéresser à l’archéologie chypriote.
UNE COIFFURE ÉLABORÉE
Bien conservée, cette tête ne comporte qu’une balafre à la joue et la cassure de son cou est régulière. Les traits du visage sont délicats, caractéristiques de la production chypriote du VIe siècle. Les yeux en amande, la bouche finement ourlée, rappellent les productions ioniennes. Des détails comme le collier court orné d’un médaillon, le bandeau composé de rosettes ou les cheveux enveloppés dans un kékryphale sont des éléments de la parure féminine particulièrement intéressants. Son style de coiffure, emprunté à l’art grec, est un motif récurrent de la sculpture chypriote des VIe – Ve siècles. La figure représentée est difficile à identifier précisément, elle pourrait être une divinité, une musicienne, ou bien une orante. On peut remarquer des restes de polychromie, avec des traces de pigments rouges au niveau des boucles d’oreilles.
LA RECHERCHE D'IDENTITÉ DE CHYPRE SOUS LA DOMINATION PERSE
Chypre est passée sous domination perse à la fin du VIe siècle avant J.-C. Les Grecs, en pleins préparatifs pour les futures guerres médiques, ne peuvent que s’engager politiquement en faveur de Chypre, sans pour autant libérer l’île. Cet engagement a une résonnance culturelle pour les Chypriotes, puisqu’il ravive la conscience d’un sentiment d’appartenance à la même famille culturelle qui se traduit par un goût pour l’art grec. Ainsi, cette tête s’inscrit pleinement dans le contexte de domination perse et de recherche identitaire de Chypre à cette époque, puisqu’elle présente des caractéristiques de l’art grec archaïque.
BIBLIOGRAPHIE
Alfred de Ridder, Collection de Clercq, tome V, Paris, 1908, n° 95, pl. XIV
A. Caubet, A. Hermary et V. Karageorghis, Art antique de Chypre au musée du Louvre, du Chalcolithique à l’époque romaine, Paris : Réunion des musées nationaux, 1992
Fiche rédigée par Christine Lorre et Audrey Lopes
Calcaire, traces de pigment rouge ; pierre taillée, peinte
Chypre
VIe siècle – Seconde moitié du Ve siècle avant J-C