Bandeau colloque Déchette 2024
Colloque

Economies Protohistoriques

Supports, acteurs et modèles des échanges du Néolithique à l’âge du Fer
Du 16 au 18 octobre 2024
Auditorium

Aussi bien pour les économistes et les historiens que pour les archéologues, l’économie des sociétés anciennes est un objet d’étude particulièrement difficile à appréhender tant son intrication dans les aspects sociaux est forte. Ce constat est d’autant plus prononcé lorsque l’on s’intéresse aux populations protohistoriques : l’absence de texte, la difficulté à caractériser l’existence de monnaie et la connaissance lacunaire des organisations sociopolitiques compliquent notre compréhension de leurs réalités économiques.

Dans son acceptation première, l’économie (oikos, nomos) englobe les règles et les pratiques de l’administration domestique. Aristote la décrit comme l’activité visant à assurer l’approvisionnement nécessaire à la famille. Les sphères privées et publiques étant souvent perméables, elle sort aisément du cadre du foyer pour concerner celui de la Cité.

Cela amène à concevoir l’économie comme le processus qui vise à fournir les divers éléments nécessaires à la survie et à la reproduction — matérielle comme sociale — d’un groupe, depuis le noyau familial jusqu’à l’État. Concernant la Protohistoire, le caractère lacunaire des vestiges archéologiques et la rareté des textes rend vain tout espoir d’exhaustivité. Pour autant, les essais de modélisation de l’économie protohistorique ne doivent pas être abandonnés. Bien au contraire, c’est la multiplication des études, fondées sur les sources matérielles et leurs contextes, qui permettra une compréhension accrue de ces phénomènes (et une confrontation des hypothèses).

L’un des paradoxes de l’archéologie protohistorique réside dans l’antagonisme des interprétations économiques qu’elle fait naître : tandis que certains modèles privilégient les impératifs liés à l’organisation sociale, aux systèmes de dons et contre-dons et à la redistribution, d’autres se fondent sur une lecture institutionnaliste qui repose sur les marchés, les normes ou les outils monétaires. Ces visions dichotomiques, parfois adossées aux mêmes données archéologiques, tendent à l’affrontement, sans réelles ententes et compromis. En réunissant des intervenants issus de disciplines, de chronologies, d’écoles de pensées et de trajectoires de recherche différentes, ce colloque vise à faire dialoguer nos idées et nos modèles afin d’en éprouver les limites et d’en renforcer les fondations.

Nous souhaitons dépasser la simple opposition de modèles pour mieux appréhender la complexité des logiques économiques du Néolithique à l’âge du Fer. Ce colloque vise à poser les jalons d’un cadre réflexif sur les différents modèles économiques de la Protohistoire, en favorisant notamment les discussions et le débat. La question de l’économie protohistorique sera abordée au travers des outils et des modèles dont les archéologues disposent pour en comprendre les mécanismes.

Pour cela, plusieurs portes d’entrée sont proposées :

  • 1 – l’identification des supports matériels de l’économie
  • 2 – l’étude des acteurs et des lieux des activités économiques
  • 3 – les formes et les modèles de l’économie.

 

Protohistoric Economies - Supports, actors and models of trade from the Neolithic to the Iron Age

For economists, historians and archaeologists alike, the economy of ancient societies is a particularly difficult subject to study, as it is so closely interwoven with social aspects. This observation is all the more pronounced when we look at protohistoric populations : the absence of texts, the difficulty of characterising the existence of money and the lack of knowledge of socio-political organisations complicate our understanding of their economic realities.

In its original sense, economy (oikos, nomos) encompasses the rules and practices of domestic administration. Aristotle describes it as the activity of ensuring the necessary supplies for the family. As the private and public spheres are often permeable, it easily extends beyond the home to the city.

This leads us to conceive of the economy as the process that aims to provide the various elements necessary for the survival and reproduction —both material and social— of a group, from the family nucleus to the State. As far as Protohistory is concerned, the incomplete nature of archaeological remains and the scarcity of texts make any hope of exhaustiveness futile. However, attempts to model the protohistoric economy should not be abandoned. On the contrary, it is the increasing number of studies, based on material sources and their contexts, that will lead to a greater understanding of these phenomena (and a comparison of hypotheses).

One of the paradoxes of protohistoric archaeology lies in the antagonism of the economic interpretations it gives rise to : while some models favour imperatives linked to social organisation, systems of gifts and counter-gifts and redistribution, others are based on an institutionalist interpretation that relies on markets, standards or monetary tools. These dichotomous visions, sometimes based on the same archaeological data, tend to confront each other, with no real agreements or compromises.

By bringing together speakers from different disciplines, chronologies, schools of thought and research trajectories, this conference aims to bring our ideas and models into dialogue with a view to testing their limits and strengthening their foundations.

Our aim is to go beyond the simple opposition of models to gain a better understanding of the complexity of economic logics from the Neolithic to the Iron Age.

The aim of this conference is to lay the foundations for a reflective framework on the different economic models of Protohistory, by encouraging discussion and debate. The question of the Protohistoric economy will be addressed through the tools and models available to archaeologists to understand its mechanisms.

To this end, several approaches are proposed :

  • 1 – identification of the material supports of the economy
  • 2 – study of the actors and places of economic activities
  • 3 – forms and models of the economy.

Colloque organisé par Thibaud Poigt

En savoir plus sur Thibaud Poigt

Originaire du village de Hastingues dans les Landes, Thibaud Poigt s’intéresse dès l’enfance aux vestiges matériels des époques anciennes.

Après une formation scientifique au lycée, il intègre en 2007 la licence d’Histoire de l’Art et d’Archéologie de l’université Bordeaux Montaigne. Il se forme ensuite à la recherche et le travail de terrain. C’est à ses côtés qu’il se lance dans un mémoire de Master consacré aux marqueurs de pratiques de production et d’échange déposés en contexte funéraire au cours de l’âge du Fer. Avec déjà une dimension européenne, puisqu’il travaille sur les territoires français et espagnols.

Ce travail universitaire l’amène à étudier des poids de balance déposés dans des tombes de la période Ibérique sur le littoral valencien. Il constate alors l’hétérogénéité des données sur le sujet à l’échelle européenne : le sujet de sa thèse est alors trouvé !

Il écrit un premier projet de recherche en 2013, puis s’inscrit en thèse sans financement à l’université Toulouse - Jean Jaurès en 2014, sous la codirection de Pierre-Yves Milcent et d’Alexis Gorgues. En 2015, il décroche une bourse d’un mois de la Casa de Velázquez (Madrid) qui lui permet de sillonner l’Espagne pour étudier des instruments de pesée conservés dans différents musées et collections. L’année suivante, il intègre l’Ecole des Hautes Etudes Hispaniques et Ibériques (EHEHI) de la Casa de Velázquez en tant que membre pour une durée de deux ans. Il soutient finalement sa thèse en septembre 2019, et la publie au printemps 2022 dans la collection numérique Dan@ des éditions Ausonius.

Learn more about Thibaud Poigt

Originally from the village of Hastingues in the Landes region of France, Thibaud Poigt has been interested in the material remains of ancient times since childhood.

After a scientific education in high school, in 2007 he entered the History of Art and Archaeology degree program at Bordeaux Montaigne University. He then trained in research and fieldwork. It was with him that he embarked on a Master's thesis devoted to the markers of production and exchange practices deposited in funerary contexts during the Iron Age. The project already had a European dimension, as he was working on French and Spanish territories.

His university work led him to study the scale weights found in graves from the Iberian period on the Valencian coast. He noted the heterogeneity of data on the subject on a European scale: the subject of his thesis was then found!

He wrote a first research project in 2013, then enrolled in an unfunded thesis at Toulouse - Jean Jaurès University in 2014, under the co-direction of Pierre-Yves Milcent and Alexis Gorgues. In 2015, he won a one-month scholarship from Casa de Velázquez (Madrid), which enabled him to criss-cross Spain to study weighing instruments preserved in various museums and collections. The following year, he joined the Ecole des Hautes Etudes Hispaniques et Ibériques (EHEHI) at Casa de Velázquez as a member for two years. He finally defended his thesis in September 2019, and published it in spring 2022 in the Dan@ digital collection from Ausonius Editions.

 

Photo Thibaud Poigt
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