Aller au contenu principal
Bandeau en nuances de gris
Media Name: GR_MAN1225_F1_Mercure.jpg
© GPRMN/MAN/Jean Schormans
Media Name: GR_MAN1225_F2_Genie Aile.jpg
© GPRMN/MAN/Jean Schormans
Media Name: GR_MAN1225_F3_Rosmerta.jpg
© GPRMN/MAN/Jean Schormans
Media Name: GR_MAN1225_F4_Apollon.jpg
© GPRMN/MAN/Jean Schormans
1 / 4

Ce bloc à quatre faces appartient à un groupe de sculptures bien connu en Gaule romaine : les colonnes soutenant la statue d’un dieu, le plus souvent Jupiter en cavalier terrassant un monstre mi-homme, mi-serpent, l’anguipède.

UNE DÉCOUVERTE DU XVIIe SIÈCLE AU PIED DE LA SAINTE CHAPELLE

Cette sculpture a été découverte à Paris, en 1784, lors de la construction d’un bâtiment situé entre le chevet de la Sainte-Chapelle et le pavillon du Palais de Justice. Grivaud de la Vincelle, le premier archéologue à l’examiner, la rapproche d’emblée au pilier des Nautes, mis au jour en 1711 sous la cathédrale Notre-Dame. D’abord conservé à la Bibliothèque royale, ce dé en calcaire est envoyé en 1862 au musée d’Archéologie nationale tout juste créé.

Quatre dieux sont représentés sur les faces : Mercure, sa compagne - ou parèdre - Rosmerta, Apollon et enfin un génie ailé.

Apollon, fils de Zeus et de Léto, est né à Délos avant de s’installer à Delphes où la Pythie est chargée de rendre ses oracles. Doté de pouvoirs de divination, Apollon est le dieu de la lumière, des arts et aussi de la musique. Pour cette raison, il est représenté traditionnellement avec un instrument de musique, une lyre. À la place du plectre permettant de faire vibrer les cordes, un animal est représenté dans sa main droite, sur sa poitrine. Il pourrait s’agir d’un oiseau ou d’un dauphin, en référence à la mythologie grecque. En effet, le poète Homère évoque au VIIIe siècle avant J.-C., dans son Hymne à Apollon, sa métamorphose en dauphin pour partir à la recherche du lieu qui accueillera son temple, Delphes.

Mercure est représenté ici sous sa forme classique, nu avec un manteau sur l’épaule gauche, des talonnières à ses chaussures et le pétase, un chapeau doté d’ailes à son sommet. Un bouc est couché à ses pieds. De sa main droite, le dieu tient une bourse évoquant sa mission de protection des voyageurs et, de sa main gauche, un bâton autour duquel s’enroulent deux serpents, le caducée. Celui-ci présente la particularité d’être surmonté d’un coq chantant.

La déesse Rosmerta dénote par le soin apporté à son apparence. En effet, elle est vêtue d’une robe longue au fin drapé d’où n’émerge que l’extrémité de ses pieds. Sa chevelure est recouverte d’un voile qui descend jusque dans son dos. Sa tête est coiffée d’un diadème et elle tient dans ses mains un caducée qui permet de l’identifier comme la compagne de Mercure. Cette déesse, dont le nom est connu par des inscriptions, est associée à l’abondance et à la prospérité.

Le dernier personnage, vraisemblablement un jeune homme, a la particularité d’être représenté de trois-quarts, le pied droit reposant sur un bloc dont la forme générale évoque un autel. Il porte une sorte de manteau court – la chlamyde grecque - retenu par une agrafe sur l’épaule droite. Des ailes sont visibles au-dessus de ses épaules et sa chevelure, longue et bouclée, est surmontée elle-même d’ailerons. Reprenant le modèle du génie ailé gréco-romain, ce personnage se distingue par sa pose originale et la présence d’une pomme dans sa main droite.
 

Notice rédigée par Thierry Dechezleprêtre

 

BIBLIOGRAPHIE

GRIVAUD DE LA VINCELLE, Recueil de Monumens antiques, la plupart inédits et découverts dans l’ancienne Gaule, tome premier, Paris 1817, II, p. 124-139. Pl. XV.

NERZIC, Chantal. La sculpture gallo-romaine, Paris : Errance, 1989, p. 86.

Lutèce. Paris, de Lutèce à Clovis. Catalogue de l’exposition réalisée par le Musée Carnavalet et le Musée national des thermes et de l'hôtel de Cluny, 3 mai 1984 - printemps 1985. Paris : Société des amis du musée Carnavalet, 1984, p. 308.

LIENS UTILES

https://archeologie.culture.gouv.fr/paris/fr/le-pilier-des-nautes