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Divinité de Bouray-sur-Juine

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Le panthéon gréco-romain s’impose aux Gaulois après la conquête de leur territoire, entre - 58 et - 52 av. J.-C. Cependant, certaines représentations reprennent des modèles antérieurs, comme c’est le cas de ce dieu assis en tailleur et portant un torque gaulois.

UNE DÉCOUVERTE QUI REMONDE AUX ANNÉES 1845

C’est à l’occasion du curage de la rivière traversant le domaine du château du Mesnil-Voysin (Essonne) qu’est mise au jour cette statue. Bien des années plus tard, Antoine Héron de Villefosse (1845-1919) - éminent membre de la Commission Topographique des Gaules - prend connaissance de cette découverte qu’il rapporte en 1911 à la Société nationale des antiquaires de France. L’archéologue évoque dans sa description de l’objet la couleur jaune du cuivre, ce qui correspond bien à un objet ayant effectué un séjour prolongé dans l’eau. En 1933, les héritiers de la marquise d'Argentré en permettent l'acquisition par le musée des Antiquités nationales.

UN ASSEMBLAGE DE TÔLES DE MÉTAL

La description de l’objet réalisée par Héron de Villefosse fournit de précieuses informations sur l’état de conservation de l’objet au début du XXe siècle. La partie supérieure, correspondant à la tête et au cou, est formée de deux feuilles de métal moulées et donc plus épaisses que les autres parties du corps fabriquées en tôle de bronze martelées. La face arrière est dessoudée. Le torse et les jambes repliées du personnage sont constitués de deux tôles soudées entre elles, la jonction étant dissimulée par des petites baguettes de cuivre. Celles-ci ont été arrachées sur le côté droit et une agrafe de cuivre semble constituer une tentative de réparation. La tête, disproportionnée par rapport au reste du corps, est dotée d'orifices pour les yeux. Celui de gauche conserve un œil en pâte de verre blanche et bleu foncé pour la pupille. Quant aux mains aujourd’hui disparues, il est probable qu’elles reposaient sur les genoux du personnage, si on considère les traces encore bien visibles. L'absence de trace sur le torse suggère que les bras pouvaient être écartés, à l'image de la statuette du Glauberg en Allemagne (Guillaumet 2023).

DES GAULOIS AUX GALLO-ROMAINS, L'AFFIRMATION D'UN MODÈLE

Quand cette statue est publiée pour la première fois, très peu de comparaisons existent et Héron de Villefosse établit d'emblée un parallèle avec le personnage coiffé de bois de cerf figurant sur le chaudron de Gundestrup. Ce bassin en argent représente un homme assis en tailleur et tenant dans ses mains un torque ainsi qu'un serpent. Contrairement à cet exemple et à la majorité des sculptures de ce type en pierre, le dieu de Bouray est représenté nu. Les pectoraux sont soulignés ainsi que les omoplates et le haut des cuisses. Le visage se distingue par la finesse des traits évoquant un jeune homme. La chevelure est traitée sous la forme de mèches en relief. Quant aux jambes, elles sont mal proportionnées et se terminent par des pattes de cervidé. Ces personnages, assis en tailleur, dont les plus anciens exemplaires remontent à l'âge du Fer, possèdent presque toujours un torque autour du cou. Caractéristique du guerrier celte, cette parure devient progressivement un attribut divin. La présence d'une ramure de cerf permet d'interpréter certaines de ces sculptures comme le dieu Cernunnos. À l'époque gallo-romaine, les dieux assis sont présents dans de nombreuses cités et notamment dans le centre de la Gaule. La présence de fruits ou de corbeille sur certaines sculptures incite à les considérer comme des pourvoyeurs de richesses.


Notice rédigée par Thierry Dechezleprêtre

 

BIBLIOGRAPHIE

DEYTS, Simone. Images des dieux de la Gaule. Paris : Errance, 1992, p. 14.

GUILLAUMET, Jean-Paul. Les personnages accroupis : essai de classement. BUCHSENSCHUTZ Olivier ; BULARD Alain ; CHARDENOUX Marie-Bernadette ; GINOUX Nathalie. Décors, images et signes de l’âge du Fer européen. Actes du XXVIe colloque de l’Association française pour l’étude de l’âge du Fer (Paris et Saint-Denis, 9-12 mai 2002), Supplément à la Revue archéologique du Centre de la France (24), FERACF, 2003, p.171-182.

HÉRON DE VILLEFOSSE, Antoine. Le dieu gaulois accroupi de Bouray (Seine-et-Oise). Mémoires de la Société Nationale des Antiquaires de France, Série 8, vol. 2 (1912) p. 244-275.

LANTIER, Raymond. Le dieu celtique de Bouray. Monuments et mémoires de la Fondation Eugène Piot, tome 34, fascicule 1-2, 1934. p. 35-58.


LIENS UTILES

https://archives.musee-archeologienationale.fr/index.php/informationobject/browse?topLod=0&sort=relevance&query=Bouray&repos=