Aller au contenu principal
© MAN/Valorie Gô

La mosaïque des saisons

Mosaïque de Saint-Romain-en-Gal © MAN/Valorie Gô
Mosaïque des saisons - L'hiver © MAN/Valorie Gô
Mosaïque des saison - Le printemps © MAN/Valorie Gô
Mosaïque des saisons - Cueillette © MAN/Valorie Gô
Mosaïque des saisons - Pressurage du raisin © MAN/Valorie Gô
Mosaïque des saisons - Scène de sacrifice © MAN/Valorie Gô
1 / 6

La mosaïque de Saint-Romain-en-Gal est un témoignage unique des pratiques agricoles de la Gaule romaine, de l’outillage, mais aussi de la manière dont les saisons étaient vécues au quotidien.

LA DÉCOUVERTE : DES RIVES DE SAINT-ROMAIN-EN-GAL AU MUSÉE DU LOUVRE

Vienna, capitale de la cité des Allobroges, est une vaste agglomération se développant sur les hauteurs qui dominent la vallée du Rhône et la plaine alluviale du fleuve. C’est sur la rive gauche que la mosaïque des saisons est mise au jour, entre 1880 et 1881, par le jardinier François Barou, à 80 cm de profondeur. Devant l’intérêt de la découverte, Antoine Héron de Villefosse (1845-1919) en négocie l’achat, et le précieux pavement est transporté au musée du Louvre en 1892. Exposée dans le vestibule dit « des Prisonniers barbares », elle sert de décor en 1927 au film muet Belphégor d’Henri Desfontaine (1876-1931). En 1935, la mosaïque est transférée par l’entreprise Émile Gaudin au musée des Antiquités nationales où elle rejoint celles de la villa d’Ancy (Aisne).

LA MISE EN SCÈNE DES SAISONS, DES TRAVAUX AGRICOLES ET DES FÊTES RELIGIEUSES QUI LES ACCOMPAGNENT

Les vingt-sept tableaux conservés s’intégraient dans un pavement qui en comptait à l’origine quarante. Chaque panneau de cinquante-neuf centimètres de côté est bordé par une tresse constituée de tesselles polychromes. La bordure extérieure se compose principalement d’un rinceau végétal de feuilles d’acanthe.

Les quatre tableaux centraux illustrent les saisons. Le printemps est figuré par un enfant nu - un Amour dans l’iconographie antique - chevauchant un taureau. La même scène est reproduite avec un lion pour l’été et un tigre pour l’automne. En revanche, l’hiver prend la forme d’une femme emmitouflée dans une couverture bleue assise en amazone sur un sanglier. Elle tient dans ses mains un long roseau qui symbolise la saison.

La présence de ces personnifications des saisons est à l’origine, en 1892, de la dénomination « calendrier rustique » par le latiniste Georges Lafaye (1854-1927). À cette interprétation est aujourd’hui préférée celle d’une évocation du cycle du temps et des activités qui lui sont liées. Les tableaux présents autour des quatre saisons sont majoritairement des scènes de la vie agricole : labour et semailles, cueillette, mouture, greffe des arbres, collecte des boutures, ramassage des fruits… La viticulture, particulièrement importante dans la vallée du Rhône, est représentée par des scènes de travail dans les vignes, de foulage et de pressurage du raisin, mais aussi de poissage des jarres. En effet, les jarres destinées à stocker le vin étaient enduites de poix pour les imperméabiliser.

Quatre panneaux illustrent certaines des fêtes religieuses qui structurent la société romaine et rythment les saisons : le sacrifice à Jupiter-Taranis, les semailles rituelles, les offrandes au temple, ainsi que les Parentalia. Ce banquet en l’honneur des défunts de la famille était organisé chaque année au mois de février.

UNE MOSAÏQUE POUR ORNER LA SALLE DE RÉCEPTION D'UNE GRANDE DEMEURE ?

Encore aujourd’hui, le contexte archéologique de la mosaïque aux saisons reste peu connu. Le latiniste George Lafaye, présent lors de la découverte, a relaté la découverte d’un seuil au nord ainsi qu’une autre salle à l’ouest. Du marbre, des fragments de chapiteaux, de colonnes et de conduites d’air chaud (tubuli) témoignent du luxe de l’édifice qui abritait cette mosaïque. Toutefois, l’hypothèse d’un bâtiment public est aujourd’hui abandonnée au profit de la salle de réception d’une grande demeure privée à proximité du site du Palais du miroir, un probable complexe thermali.

 

Notice rédigée par Thierry Dechezleprêtre

 

La mosaïque des Saisons, qui a fait l’objet d’une importante restauration entre 2022 et 2023, est actuellement présentée au musée de Saint-Romain-en-Gal (Rhône).

Venez y découvrir jusqu’en 2027 l’exposition organisée en partenariat avec le musée d’Archéologie nationale.
 

BIBLIOGRAPHIE

LAFAYE, Georges. Mosaïque de Saint-Romain-en-Gal (Rhône) », Revue archéologique, troisième série, n° 19, 1892, p. 322-347.

LANCHA, Janine. Recueil général des mosaïques de la Gaule, III. Province de Narbonnaise, 2. Vienne, Éditions du CNRS, 1981, p. 208-225.

Saisons romaines. Relief, numéro hors-série, 2024, 184 p.

LIENS UTILES

i https://journals.openedition.org/adlfi/141040