Les jardins français de la Renaissance s'inspirèrent à la fois de la tradition moyenâgeuse et des créations italiennes, modèles pour toute l'Europe. L'art des jardins, jusque-là peu développé en France, s'épanouit alors dans des créations aux formes variées, façonnant au cours du XVIe siècle un art proprement français, dans lequel les jardins du XVIIe siècle puisèrent les sources de leur classicisme.
« Mais que nous sert son lieu des Tuileries ?
De Rien, […] ce n’est que vanité »
Ces vers de Ronsard permettent de s’interroger sur les usages que Catherine de Médicis faisait de ses jardins, qui, contrairement à ce qu’affirme le poète, se justifient par un vaste éventail de besoins. En effet, bien loin de servir aux seuls divertissement et loisir de la souveraine, ils répondent aussi à des impératifs vivriers, scientifiques et expérimentaux, diplomatiques et politiques. Si Catherine de Médicis qui est le plus important commanditaire de jardins de la Renaissance française, fit planter et tracer sans cesse de nouveaux espaces horticoles tout au long de sa vie, les Tuileries sont sans doute son œuvre la plus importante en taille et en ambition et constituent donc un moyen privilégié pour comprendre ses intentions.
Par Guillaume Fonkenell, conservateur chargé de la sculpture et de l'architecture au château d'Écouen, musée national de la Renaissance, ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé de Lettres Classiques, architecte D.P.L.G. Il est également chargé de cours à l’École des Chartes et à l’École du Louvre.