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Media Name: o_depot_larnaud_bronze.jpg
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© MAN/Valorie Gô

Découvert au XIXe siècle sur le territoire de la commune de Larnaud, dans le Jura, ce dépôt est composé pour l’essentiel de fragments d’objets de bronze. Tout à fait hors norme, cet ensemble figure parmi les découvertes majeures de l’âge du Bronze en France.
 

LA DÉCOUVERTE D'UN ENSEMBLE INCOMPLET

Le 10 mars 1865, un des plus gros dépôts d’Europe, avec plus de 1800 objets en bronze, est mis au jour fortuitement par un paysan sarclant son champ de pommes de terre au lieu-dit Les Genettes, proche de l’étang Grattaloup, sur la commune de Larnaud, dans le Jura. D’après un compte-rendu rédigé en 1866, le dépôt est prélevé en l’espace d’une heure par la famille, les voisins et les curieux, emportant par curiosité un ou plusieurs objets. L’essentiel de la découverte est acheté au prix du métal par l’archiviste et archéologue Robert Zéphirin, alors conservateur du musée de Lons-le-Saunier (Jura). Alerté par la dispersion des objets, il entreprend rapidement des démarches auprès des acquéreurs afin de réunir l’ensemble. Malgré ses efforts, tout n’est pas rassemblé, comme c’est le cas de la plupart des dépôts de l’âge du Bronze découverts au XIXe siècle. La découverte est présentée à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris en 1867 et l’ensemble est acquis par le musée d’Archéologie nationale, alors en constitution. À bien des égards hors norme, cet ensemble eu pendant longtemps la réputation d’être difficile à appréhender. Un travail collectif, mené depuis plus de dix ans par Jean-François Piningre, Mareva Gabillot, Claude Mordant, Sylvie Jurietti, Thierry Logel et des chercheurs du laboratoire de Dijon, participe à la redécouverte du dépôt de Larnaud.
 

UNE RÉFÉRENCE NATIONALE

Lorsque le matériel du dépôt de Larnaud entre dans les collections du musée d’Archéologie nationale, il s’inscrit dans l’histoire de l’archéologie des périodes dites protohistoriques, une discipline qui n’est alors qu’à ses débuts en France. Gabriel de Mortillet, en charge des collections préhistoriques du musée, crée en 1875 le terme de « Larnaudien » pour qualifier la fin de l’âge du Bronze, faisant du dépôt une référence nationale. Si cette appellation a aujourd’hui perdu toute signification, le dépôt de Larnaud demeure un archétype de la cachette de fondeur, sorte de modèle de recyclage protohistorique. Les objets, pour beaucoup fragmentaires, constitueraient un stock de matière première destinée à la refonte, mais le caractère récurrent et méthodique de certaines déformations ou cassures, comme s’il s’agissait d’opérations volontaires et non de maladresses, vient contredire cette interprétation. Cette pratique est perceptible sur les objets de dépôts contemporains, où la fragmentation des lames d’épées et de haches est standardisée, tout comme les torsions des pointes de lances et des bracelets, ainsi que les pliures minutieuses des agrafes de ceintures. Il est possible que le dépôt de Larnaud ait été enfoui vers 950 av. J.-C. pour des raisons symboliques, rituelles ou religieuses, et qu’il soit représentatif d’une pratique répandue à la fin de l’âge du Bronze dont la signification nous échappe encore.
 

UNE PROVENANCE ALPINE ET MÉRIDIONALE

La plupart des objets en bronze du dépôt sont fabriqués à la fin de l’âge du Bronze, entre 1000 et 950 av. J.-C. D’autres sont plus anciens, comme l’épingle tréflée de l’âge du Bronze ancien (MAN21671), antérieure de près de cinq siècles à la plupart des objets du dépôt. De nombreuses influences de la fin de l’âge du Bronze entrent dans sa composition, notamment celles des productions alpines. La jambière (MAN21721), les épingles à tête globuleuse (MAN21684) et le bracelet réniforme (MAN21673) évoquent plutôt des productions du sud de l’Allemagne et des régions nords-alpines. D’autres objets suggèrent une provenance Suisse, comme le bracelet de type Cortaillod (MAN21675). Fabriqué à partir d’un ancien bracelet apparenté aux productions de la culture de Canegrate en Lombardie, le poignard (MAN21645) a probablement une origine italienne. Les bracelets à section triangulaire et à décor incisé, ainsi que les haches de type Pourrières à décor de cannelures rappellent les productions du sud-est de la France, alors qu’une petite minorité d’objets, comme les fragments d’épée à languette tripartite épaisse, proviennent peut-être d’ateliers de la façade atlantique.
 

BIBLIOGRAPHIE

SIMON-MILLOT, Rolande. Les bracelets en bronze du dépôt de Larnaud (Jura) conservés au Musée des antiquités nationales. In : Antiquités Nationales, 1998, n°30, p. 25-86. PININGRE, Jean-François et GABILLOT, Mareva (dir.) Antiquités Nationales, 2023