
Les collections archéologiques
Cône d'Avanton
Le cône d’or d’Avanton est une des plus importantes créations de l’âge du Bronze. C’est également une des plus énigmatiques.
Découvert en 1844 près de Poitiers, il a été déposé au Louvre en 1847 avant d’être transféré en 1956 au Musée archéologique de Saint-Germain-en-Laye.
Il n’existe dans le monde que trois autres cônes du même type, tous conservés en Allemagne : à Berlin, Spire et Nuremberg. Peu d’autres objets produits dans les ateliers des artisans métallurgistes nord-alpins sont autant chargés de significations : emblème de pouvoir mais aussi objet de culte, calendrier astronomique et possible chapeau cérémoniel, le cône d’Avanton est un véritable prodige technique et un magnifique objet d’art.
Copyright - Staatliche Museen zu Berlin,
Museum für Vor- und Frühgeschichte,
Graphik: typoscape/Till Christ
Ses caractéristiques
Dans son état actuel, le cône pèse 321 gr et mesure 53 cm de hauteur pour 12 cm de diamètre. S’il s’agit d’un chapeau comme tendraient à le suggérer certaines recherches actuelles, alors il manque la calotte qui a entièrement disparu. Le sommet du cône, écrasé et partiellement détruit, a été reconstitué par les restaurateurs du laboratoire de Mayence en 1978. Le cône était à l’origine un peu plus grand et peut-être doublé de cuir.
Sa fabrication est remarquable. Il n’a pas été confectionné à partir d’une tôle d’or roulée et rivetée mais il a été fabriqué en une seule pièce, sans attache, à partir d’un seul petit lingot d’or moulé qui a été mis en forme avec un grand savoir-faire sur une enclume probablement en bois, taillée en forme de corne. L’ébauche a été longuement martelée et étirée jusqu’à ne plus former qu’un cône en tôle d’or dont l’épaisseur de la feuille est inférieure au millimètre. Cette opération longue et délicate a dû nécessiter de réchauffer régulièrement l’or afin de lui conserver toute sa ductilité et éviter ainsi des craquelures ou le déchirement du métal.
Son décor
Son décor est particulièrement fascinant. Il est composé de treize rangées de bossettes entourées de cercles concentriques évoquant des astres chatoyants qui alternent avec des lignes et des surfaces ponctuées. Le tout est surmonté d’une étoile à onze branches qui évoque le soleil. En comparaison avec le décor du cône de Berlin découpé en différents registres associant les symboles de Venus, de la Lune et du Soleil, dans une savante composition, celui d’Avanton est beaucoup plus simple. Il semble plus difficile de lui attribuer une fonction de calendrier.
On retrouve ces motifs solaires sur de nombreux objets prestigieux comme les vaisselles en or de Villeneuve Saint-Vistre (Marne) et de Rongères (Allier) – également conservés au MAN. L’un des objets les plus emblématiques de l’âge du Bronze, le disque de Nebra, découvert en Allemagne en 1999, illustre bien la connaissance à laquelle étaient parvenues les populations de cette période : il est orné des symboles de la Lune, du Soleil et des Pléiades, organisés de manière à permettre le calcul des dates des solstices d’hiver et d’été. Tous ces objets précieux et remarquablement exécutés évoquent une société complexe, sans doute strictement hiérarchisée, aux savoirs techniques et astronomiques avancées, organisée autour des travaux des champs... bien loin de l’image du barbare inculte.
Par qui était porté ce chapeau très spécial ?
Vraisemblablement quelqu’un d’important. Les recherches actuelles se portent vers l’Est pour trouver des équivalents à ces couvre-chef imposants, notamment vers le Moyen-Orient où des personnages divins arborant de grands chapeaux coniques apparaissent dès le IIIe millénaire. En Mésopotamie, en Anatolie Hittite, à Chypre, il est l’apanage des dieux du temps et de l’orage : Tarhunt, Resheph et Baal. Par extension il est parfois porté par les rois et les prêtres (souvent réunis en une seule et même personne). En Europe, il est fréquemment associé à la hache et à l’épée, symboles du pouvoir et du guerrier. Il est assez significatif que le seul cône dont le contexte archéologique nous soit connu, le chapeau de Schifferstadt, ait été découvert associé à trois haches à talon, organisées de façon rayonnante sur le rebord du chapeau, le talon délicatement posé en appui contre la calotte centrale, selon une composition qui ne doit rien au hasard. On retrouve cette combinaison cône/haches sur certaines stèles gravées d’Europe du Nord notamment à Kivik en Suède.