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Les collections

Du Paléolithique au Mésolithique
Sculpture

Bâton percé de la grotte du placard

Découvert par Arthur de Maret à la fin des années 1870 dans la grotte du Placard, ce bâton percé demeure peu étudié et publié, comme la collection à laquelle il appartient. C’est pourtant un véritable chef-d’œuvre magdalénien.

UN SITE À L'HISTOIRE MOUVEMENTÉE

En 1870, Jean Fermond, secrétaire de la mairie de Rochefoucauld, commence des fouilles archéologiques dans la grotte du Placard (Charente). Il expédie une caisse d’objets à Gabriel de Mortillet, attaché au Musée des Antiquités nationales. En effet, la caverne est vite considérée comme un site magdalénien important. En 1878, un jeune érudit, Arthur de Maret, reprend les fouilles dans la grotte du Placard. Ses observations confortent les subdivisions chronologiques du Paléolithique proposées par Gabriel de Mortillet. Mais faut attendre 1907 pour qu'une description précise des objets soit publiée par son fils, Adrien de Mortillet. Au moment de cette publication qui fait date pour la grotte du Placard, la collection de Maret est encore méconnue, comme le signalent Gabriel et Adrien de Mortillet, et toujours conservée par la veuve d'Arthur de Maret, qui envisage de la vendre. Les deux préhistoriens s'inquiètent du devenir de ce mobilier… En 1909 et 1910, la veuve de Maret vend finalement au Musée des Antiquités nationales une partie des séries moustériennes, solutréennes et magdaléniennes provenant de la grotte du Placard. Mais la collection, proposée à plusieurs institutions et à de nombreuses personnes, est par conséquent fortement dispersée.

LA "BATAILLE DE L'AURIGNACIEN"

Paradoxalement, la collection de Maret provenant de la grotte du Placard bénéficie d'un regain d’intérêt au début du XXe siècle. Le site joue un rôle important dans la querelle scientifique, dite « bataille de l'Aurignacien », qui oppose Adrien de Mortillet, le fils de Gabriel de Mortillet, et l'abbé Henri Breuil. Afin de défendre la chronologie établie par son père, Adrien de Mortillet cherche à tirer parti de l'absence de l'Aurignacien à la grotte du Placard. Il essaie de combattre ainsi les idées de l’abbé Breuil, qui voit l'Aurignacien se situer entre le Moustérien et le Solutréen. L’histoire donne raison à ce dernier. Quelques années plus tard, Henri Breuil utilise également le mobilier de la grotte du Placard pour étudier la transition entre le Solutréen et le Magdalénien, ainsi que les subdivisions du Magdalénien. Le gisement joue donc un rôle fondamental dans les discussions relatives à la chronologie du Paléolithique récent. Il faut dire que l’industrie osseuse (outils et armes en os et bois de renne) provenant de ce gisement est exceptionnelle, quantitativement et qualitativement. La plupart des types d’objets connus sont présents et extraordinairement conservés ; certaines pièces décorées sont des chefs-d’œuvre de l’art paléolithique.

UN BÂTON PERCÉ ÉNIGMATIQUE

Ce grand bâton percé, façonné dans du bois de renne et décoré, est l’un des plus beaux objets d'art magdaléniens (entre – 20 500 et – 13 000 ans). C'est aussi l’un des plus énigmatiques, puisque la tête animale, sculptée en ronde-bosse et gravée de nombreux détails, peut être interprétée de deux façons différentes. Certains reconnaissent un renard, avec son museau pointu, sa bouche marquée d'une profonde incision et ses yeux en forme d'amande, traités en léger relief. Mais beaucoup identifient plutôt un bouquetin, en raison des traits gravés sur le pourtour supérieur de la perforation qui évoquent les cornes annelées du capriné. Selon la seconde hypothèse, la forme du décor est merveilleusement inscrite dans celle de l'outil : la tête du bouquetin semble fusionner avec le bâton percé. De plus, les traits gravés se poursuivent sur toute la longueur du manche de l’outil, dans un véritable jeu entre détails figuratifs et motifs ornementaux. La fonction des bâtons percés n’est à ce jour pas résolue. Après avoir été vus comme des sceptres (les fameux « bâtons de commandement), ils sont aujourd’hui considérés comme des outils servant à redresser les pointes de sagaies, à maintenir les couvertures des habitations, à bloquer les cordages ou à les fabriquer…

BIBLIOGRAPHIE

BREUIL, Henri. La question aurignacienne. Étude critique de stratigraphie comparée. Revue préhistorique, 2, 1907, p. 173-219.

MARET (DE), Arthur. Fouilles de la grotte du Placard, près de Rochebertier (Charente). Congrès archéologique de France, 46ème session, Vienne, 1879. Paris : Champion, 1880, p. 162-178

MONS, Lucette. Les bâtons perforés de la grotte du Placard (Charente) au Musée des Antiquités nationales. Antiquités nationales, 8, 1976, p. 11-20.

MORTILLET (DE), Adrien. La grotte du Placard et le niveau d’Aurignac. Association française pour l’avancement des sciences, Compte-rendu de la 35ème session, Lyon, 1906. Paris : Masson, 1907, p. 630-642.

SCHWAB, Catherine. The collections if the Placard cave (Vilhonneur, Charente) at the Musée d’Archéologie nationale in Saint-Germain-en-Laye. In : DELAGE, Christophe. The grotte du Placard at 150 : new considerations on an exceptionnal prehistoric site. Oxford : Archaeopress Archaeology, 2018, p. 74-85

LIENS UTILES

Le bâton percé de la grotte du Placard (objet du mois de décembre 2018) https://musee-archeologienationale.fr/le-baton-perce-de-la-grotte-du-pl…

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