Cette belle cuirasse pêchée au XIXe siècle dans la Saône à Saint-Germain-du-Plain (Saône-et-Loire) ne déparerait pas sur les épaules d’Achille. Elle a servi de modèle à Bartholdi pour la statue équestre de Vercingétorix (Clermont-Ferrand).
Et pourtant elle n’est ni grecque ni gauloise mais date de l’âge du Bronze final. Âgée de plus de 3000 ans, il s’agit d’une des plus anciennes cuirasses du monde. Elle a été fabriquée par un artisan bronzier de très grand talent.
Protéger le corps du héros
Formée de deux coques en tôle de bronze d’un peu moins d’un millimètre d’épaisseur constituant le plastron et le dosseret de l’armure, ce type de cuirasse est généralement coulé dans un alliage composé d’environ 90 % de cuivre et à 10 % d’étain ce qui garantit une certaine plasticité, une bonne résistance mécanique et une belle couleur jaune doré au métal.
Les coques ont été amincies et mises en forme par martelage. Cette opération délicate a nécessité de chauffer régulièrement le métal pour lui redonner sa souplesse. Il s’agit d’un travail d’expert pendant lequel la tôle peut se fissurer ou se casser. Les traces laissées par le marteau sont encore bien visibles à l’intérieur de la cuirasse.
La dernière étape, avant l’assemblage final, consiste à rabattre la tôle, un peu coupante, autour d’un jonc métallique, au niveau du cou des
aisselles et de la taille.
Ensuite seulement le plastron et le dosseret sont fixés l’un à l’autre par des rivets sur l’épaule et le côté gauches. Des crochets sont disposés sur le flanc et l’épaule droits pour permettre d’ouvrir et d’enfiler la cuirasse ; cette opération requiert l’assistance d’un tiers. Pour plus de commodités, une sorte de rembourrage ou de doublage interne devait exister, mais aucune trace ne nous permet de l’affirmer aujourd’hui.
Sans doute assez inconfortable, cette cuirasse est néanmoins relativement légère avec son poids de 2,914 kg.
Était-elle portée au combat ou pour des occasions exceptionnelles ? Sa découverte très ancienne et l’absence de contexte archéologique
ne nous permettent guère d’être trop affirmatif sur son usage.
