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L'archéologie comparée
Peinture

Retour d'une chasse à l'ours - Âge de la pierre polie

Ce tableau fait partie des œuvres qui ont marqué leur époque, autant par ses dimensions colossales que par son sujet.

UNE COMMANDE COLOSSALE

Il orne depuis le 24 juin 1890 l’ancienne salle de bal du château de Saint-Germain-en-Laye, actuelle salle d’archéologie comparée du musée d’Archéologie nationale. Hormis durant la période des travaux de rénovation de la salle de 1895 à 1905, le tableau n’a jamais quitté son emplacement d’origine. Il s’agit en effet d’une peinture à l’huile sur toile spécialement commandée en 1881 par l’administration des Beaux-arts pour le musée des Antiquités nationales. Cette œuvre spectaculaire, dont une esquisse de 1882 est conservée au musée des Beaux-Arts de Carcassonne, fut saluée au Salon de 1884 et présentée à l’Exposition universelle de Paris en 1889. L’œuvre de Cormon répondait aux attentes du public du XIXe siècle : découvrir à quoi pouvaient ressembler les hommes de la Préhistoire, leurs outils et leur environnement. Il s’agissait en effet de donner un sens à tous ces outils en pierre exposés au musée, raconter aux visiteurs une histoire avec des personnes qui leur ressemblaient pour pouvoir les captiver. Dans ce but, d’autres œuvres ont rejoint le tableau de Cormon dans la salle comme Funérailles sur les bords de Seine de Xénophon Hellouin acquis précédemment ou Deux mères peint par Maxime Faivre. La fonction pédagogique de ces toiles n’a plus été comprise au fil des découvertes scientifiques et, à la fin des années 1930, toutes furent rendues à l’administration des Beaux-Arts. Seul le colossal tableau de Cormon est resté exposé.

UN RETOUR DE CHASSE CHEZ UNE FAMILLE

Une troupe de cinq hommes revient d’une chasse à l’ours et rejoint le reste du clan, abrité auprès d’un grand arbre sur un promontoire. Sur la gauche, accompagné de deux chiens, apparaît le groupe des chasseurs, vêtus de peaux de bêtes, armés de lances, d’arcs et de haches en pierre polie. Ils portent parfois des coiffes mais ont généralement la chevelure longue et libre, et une barbe touffue. Celui qui les mène désigne leur proie jetée à terre : un ours. Placé au centre de la composition, ce dernier semble être offert à un vieillard à longue barbe blanche, assis au second plan sur une grande pierre, devant une hutte en branches. L’homme tient une lame en pierre qu’il est en train de polir sur son tablier de peau, à côté d’autres outils et des manches posés devant lui. Derrière le patriarche et sur sa droite, se trouve le groupe des femmes et des enfants. La plupart des femmes sont assises près du foyer et de vases à provision, portant des jupes en fourrure et en peau de bête. Une vieille femme assiste à la scène, bras croisés, une jeune femme allaite un enfant, une autre se tient debout près d’un poteau de la hutte.

UNE VISION TRONQUÉE DU NÉOLITHIQUE

Lors de sa première présentation en 1884, on a vanté la magnificence de l’œuvre de Cormon qui, en s’aidant des données des savants et en reproduisant des outils de l’Âge de la pierre polie (c’est-à-dire du Néolithique), pensait offrir un portrait « véridique » d’une famille préhistorique. L’appréciation portée aujourd’hui est controversée car il s’agit d’une création à la fois imaginaire et clairement influencée par les mentalités du XIXe siècle. La hutte qui abrite la tribu, par exemple, a été inspirée à l’artiste par la cabane que possédait son ami Théophile Deyrolle à Concarneau. La chasse à l’ours n’était pas une activité fréquente au cours de la Préhistoire, mais l’artiste a sans doute choisi de représenter une chasse jugée prestigieuse par ses contemporains. De plus, les hommes reviennent de la chasse, activité virile par excellence, ou montent la garde pour protéger les femmes. Ces dernières semblent être dans l’attente, entretenant le foyer, conservant la nourriture, maternant les enfants ou donnant à boire aux vaillants héros revenus de la chasse. Alors que les hommes, la peau tannée par le grand air, sont armés, habillés, dotés d’une pilosité qui correspond aux canons du XIXe siècle, les femmes, au teint d’albâtre, parées d’un discret collier, sont dénudées comme des statues et érotisées. Cependant, tout n’est pas que fantaisie dans cette œuvre : les outils sont représentés de manière très réaliste et l’on sait que Cormon venait les étudier au musée.

BIBLIOGRAPHIE

Christine Lorre et Anaïs Boucher, « Retour d’une chasse à l’ours – Âge de la pierre polie de Fernand-Anne Piestre dit Cormon (1845 – 1924) », Archéologia, 2016, p. 22 – 23

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