Image collection header

Les collections

Du Paléolithique au Mésolithique
Bloc sculpté

Le "sorcier" du Roc-aux-Sorciers

Le bloc au « Sorcier » provient du plafond sculpté et peint, qui s’est effondré, d’un des deux abris sous roche du Roc-aux-Sorciers. Il porte une représentation humaine, masculine, étonnamment proche d’un portrait individualisé.

L'ARCHÉOLOGIE AU FÉMININ

Le site magdalénien du Roc-aux-Sorciers, près du village d’Angles-sur-l’Anglin (Vienne), est découvert par Lucien Rousseau en 1929. Trois femmes archéologues, Suzanne de Saint-Mathurin et Dorothy Garrod, souvent aidées par Germaine Henri-Martin, réalisent les campagnes de fouilles les plus importantes, de 1947 à 1964. Dans la Cave Taillebourg, elles recueillent une riche industrie du Magdalénien moyen (entre – 18 000 et – 16 000 ans environ), ainsi que de nombreux fragments de sculptures pariétales, représentant surtout de grands herbivores (chevaux, bisons bouquetins). Elles remarquent aussi la sculpture d’un bison au plafond. Dans l’Abri Bourdois, qu’elles découvrent et dégagent, elles mettent au jour la frise sculptée sur la paroi, composée de figures animales et humaines. En plus du Magdalénien moyen, qui correspond à l’époque des sculpteurs, elles reconnaissent deux niveaux du Magdalénien récent (entre – 16 000 et – 14 000 ans environ). En 1969, Suzanne de Saint-Mathurin prête au Musée d’Archéologie nationale, pour l’exposition sur les chefs d’œuvre de l’art paléolithique, les dix plus beaux blocs sculptés. Elle les donne en 1973. Elle lègue, à son décès survenu en 1991, le reste du mobilier archéologique, mais aussi l’ensemble de la documentation.

UN BLOC SCULPTÉ ET PEINT

Le bloc au « Sorcier » est découvert par Suzanne de Saint-Mathurin et Dorothy Garrod le 21 mars 1949. Il provient du plafond sculpté de la Cave Taillebourg, effondré à la fin du Magdalénien moyen (vers – 16 000 ans). Sur ce grand bloc sculpté, gravé et peint, une tête humaine, clairement masculine, est représentée. La tête, de profil droit, est sculptée en relief sur toute la longueur du front et du nez. Le visage est ainsi clairement dégagé. Les nombreux détails font appel à la sculpture, à la gravure et à la peinture. On peut distinguer le sourcil, l’œil, la bouche, le menton, la joue, ainsi que la barbe et la chevelure. Quelques éclats gênent la lecture par endroits, notamment au niveau de la bouche. Sur la joue, des traits profondément incisés sont interprétés comme des tatouages ou des scarifications, sans certitude. Malgré de nombreuses études, le faisceau de traits gravés sur la partie inférieure du bloc reste indéchiffrable… La présence forte de la couleur, du noir et du rouge, est sans doute l’aspect le plus marquant de ce bloc. La peinture est utilisée pour rehausser la sculpture et la gravure. Des analyses physico-chimiques des pigments démontrent l’utilisation d’oxydes de manganèse pour le noir et d’oxydes de fer pour le rouge.

UNE FIGURATION HUMAINE PEU ORIDINAIRE

À propos du bloc au « Sorcier », Suzanne de Saint-Mathurin écrit : « La figuration [...] humaine est d'un intérêt exceptionnel : ce n'est pas, en effet, une caricature, mais un portrait réaliste et, à part les gravures de La Marche, de dimensions très réduites, on ne connaît rien de semblable dans l'art paléolithique. » Les représentations humaines sont plutôt rares dans l’art paléolithique et peu naturalistes, contrairement aux figurations animales. Suzanne de Saint-Mathurin et Dorothy Garrod sont donc surprises par la qualité artistique et, plus encore, par la volonté réaliste et expressive de ce qui ressemble à un portrait. Elles font réaliser un petit buste, afin de donner une interprétation de ce personnage, avec sa face avancée, ses sourcils, sa barbe et sa chevelure d’un noir intense, sans oublier ses pommettes bien rouges. Il est même habillé d’un manteau de fourrure, s’inspirant très librement des traits gravés sous le visage. On retrouve des portraits d’hommes, de femmes et d’enfants très expressifs sur certaines plaquettes gravées de la grotte de La Marche, un site préhistorique voisin dans l’espace et dans le temps. Une plaquette porte d’ailleurs un visage de profil droit, très proche de celui-ci, semblant également tatoué ou scarifié.

BIBLIOGRAPHIE

AUZANNE, Isabelle. FUENTES, Oscar. Le « Sorcier » du Roc-aux-Sorciers à Angles-sur-l’Anglin (Vienne, France) : nouveaux éléments d’analyse. Antiquités nationales, 35, 2003, p. 41-54.

IAKOVLEVA, Ludmila. PINÇON, Geneviève. La frise sculptée du Roc-aux-Sorciers, Angles-sur-l’Anglin (Vienne). Paris : Comité des travaux historiques et scientifiques & Réunion des musées nationaux, 1997, 168 p.

PALES, Léon. TASSIN DE SAINT-PÉREUSE, Marie. Les gravures de La Marche. II - Les Humains. Paris : Orphys, 1976, 178 p., 188 pl.

SAINT MATHURIN (DE), Suzanne. GARROD, Dorothy. La frise sculptée de l'abri du Roc aux Sorciers à Angles-sur-l'Anglin (Vienne). L’Anthropologie, 55, 1951, p. 413-424.

SAINT-MATHURIN (DE), Suzanne. Bas-relief et plaquette de l’homme magdalénien d’Angles-sur-l’Anglin. Antiquités nationales, 5, 1973, p. 12-19.

LIENS UTILES

Le Sorcier du Roc-aux-Sorciers (objet du mois d’octobre 2019) https://musee-archeologienationale.fr/actualite/le-bloc-au-sorcier

Les abris sculptés de la Préhistoire. Collection Grands sites archéologiques. https://www.sculpture.prehistoire.culture.fr

Le Roc-aux-Sorciers : art et parure du Magdalénien. Catalogue des collections. https://www.catalogue-roc-aux-sorciers.fr

Autres collections

Histoire du musée
3 périodes clés

Les grandes figures