L’ours rouge
Les vases en céramique sigillée ne montrent pas les ours acteurs de scènes plus ludiques de l’amphithéâtre, les intermèdes où les plantigrades dressés amusent le public, comme c’est sans doute le cas sur un rare élément gravé de Narbonne.
Les potiers gallo-romains ne choisissent pas non plus de représenter l’ours apaisé tel qu’il est illustré par quelques sculptures en pierre et en bronze, comme compagnon occasionnel de certains dieux liés à l’arène (Némésis, Diane) ou à la nature, tels Silvain, Diane, ou encore la déesse Artio, connue par un groupe en bronze à base inscrite mis au jour à Muri, en Suisse, et par une inscription rupestre près de Trèves. Mais sur quelques vases sigillés produits au IIe siècle dans le Centre et l’Est de la Gaule, une scène de la mythologie gréco-romaine également connue en Gaule par des mosaïques montre Orphée charmant par sa musique des animaux sauvages, parmi lesquels figure un ours.
Largement utilisée dans toute la Gaule et les provinces voisines, la vaisselle en sigillée ornée de scènes de chasse, tout comme les véritables venationes de l’amphithéâtre, alimentaient l’enthousiasme des Gallo-romains pour les jeux de l’arène et leur faisait découvrir une faune variée et parfois exotique, où l’ours tenait sans doute une place de choix. À leur échelle, ces objets véhiculent également les valeurs romaines de puissance, de victoire par le combat (sur les animaux et les peuples sauvages/barbares), et évoquent l’harmonie d’un monde où les hommes dominent la nature par leur vaillance au combat.
L’animal, et l’ours parmi les premiers, est le plus souvent tué pour le plaisir, l’homme n’ayant plus, à l’époque romaine, à prélever par la chasse la part essentielle de son alimentation. Dans la nature, s’il n’est pas capturé pour les jeux, l’ours peut être chassé et tué comme animal nuisible et sa fourrure, ses dents et ses griffes, montées en amulettes, sont sans nul doute recherchés, tout comme sa graisse, base de nombreuses préparations pharmaceutiques.