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Le premier âge du Fer

Le premier Âge du Fer s'étend de 800 à 475 avant J.-C. L’apparition du fer s’accompagne de mouvements de populations et de profonds bouleversements économiques et sociaux. Des tombes de chefs symbolisent cette puissance, notamment dans le centre-est et l’est de la France.

Les objets

Armes
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© RMN-GP. Hervé Lewandowski
Sépulture de Magny-Lambert

Magny-Lambert (Côte-d’Or) Tumulus du « Monceau-Laurent » VIIe siècle avant J.-C.

Dès le IXe siècle avant J.-C., des ensembles d’armement et d’équipement équestre appartenant à des cavaliers à épée se multiplient dans les dépôts et les sépultures de la fin de l’âge du Bronze.

Ces élites masculines guerrières sont enterrées dans des tumulus de grandes dimensions et bénéficient du nouveau mode de traitement funéraire que constitue l’inhumation. Les tombes à armement se développent sur l’ensemble de l’Europe au cours des VIIIe et VIIe siècles avant J.-C.

Ces sépultures privilégiées sont accompagnées de services à boire, parfois en vaisselle métallique comme ici. Le diamètre original de ce tumulus a été estimé à près de 41m. Le guerrier reposait sur une sorte de dallage de pierres plates aménagé sur un terrain bien nivelé. Il était accompagné d’un mobilier funéraire associant la longue épée en fer à un rasoir en bronze, ainsi que de la vaisselle à boire (une ciste, un puisoir, un bol) et des restes de vases en céramique. La longue épée conserve sur la lame des empreintes laissées dans la rouille par des textiles qui ont été en contact avec elle au moment de l’inhumation.

Importée de Méditerranée, la ciste est un récipient métallique en forme de seau cylindrique. On y mettait de l’hydromel ou du vin qui servait à la boisson des convives et aux libations offertes aux dieux lors d’un repas funéraire. Cette ciste, composée de feuilles de bronze chaudronnées rivetées, possède des renflements horizontaux parallèles appelés « cordons ». Le fond semble avoir été réparé dans l’Antiquité avec une plaque de bronze fixée par trois rivets. Deux anses sont fixées par des clous à tête conique à la partie supérieure du récipient. Deux pendeloques, qui portent sur les côtés deux têtes de palmipèdes stylisées, sont accrochées à chacune des anses.

Ce rasoir de bronze reposait à 25 cm de la tête du défunt. Il possède une bélière de suspension et sa lame ajourée présente deux ouvertures triangulaires symétriques. Son association est fréquente, dans les sépultures contemporaines des tumulus bourguignons, avec la grande épée de fer. Dans la tombe, il voisinait avec la vaisselle à boire.

Cette coupe est en bronze martelé. Le bord est plat et le fond présente un double ombilic. L’ornementation sur le dessus de l’épaule consiste en une forte cannelure.

Bijoux
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© MAN. Loïc Hamon
Sépulture à char féminine

Sainte-Colombe-sur-Seine (Côte-d’Or) « Tumulus de la Butte » VIe siècle avant notre ère

De très riches tombes apparaissent dans le courant du VIe siècle avant notre ère, à la périphérie d’une série de centres de pouvoir, dont les plus importants, en France, sont ceux des secteurs de Vix (Côte-d’or) et de la haute vallée de la Saône (Haute-Saône). Ces sépultures aristocratiques sont associées à la construction de tertres funéraires monumentaux. Le volume de ces tumulus peut atteindre plusieurs dizaines de milliers de mètres cubes de matériaux. Les défunts sont inhumés à l'intérieur de chambres funéraires en bois, dans lesquelles est déposé un char à quatre roues, le plus souvent d’un type élaboré, qui paraît provenir d’ateliers spécialisés situés en Allemagne du sud-ouest. Un service à boire en vaisselle métallique provenant de Méditerranée et pouvant contenir plusieurs centaines de litres de boisson est en général associé à la tombe.

Pour l’essentiel, ce sont des sépultures masculines, mais l’afflux de richesses méditerranéennes venant se concentrer dans ces aristocraties paraît bien déstabiliser le fonctionnement traditionnel de la société. Dorénavant, les femmes jouent un rôle déterminant et bénéficient dans leurs tombes des signes de pouvoir que constituent les chars et les services à boire.

La « princesse » bourguignonne qui possédait ces bijoux mesurait plus d’1,80 m. Elle reposait sur la caisse d’un luxueux char à quatre roues tiré par deux chevaux. Les quatre roues, soigneusement enveloppées dans du tissu, étaient placées à plat de chaque côté du corps.

Un large bracelet en or au décor géométrique très moderne était porté à chacun des bras de cette aristocrate.

La feuille d’or est décorée au repoussé et à l’estampage dans la longueur, d’un groupe de lignes longitudinales et de bandes de x accolés. Aux extrémités, d’étroites barrettes décorées de bossettes sont rapportées par soudure.

Ces deux bijoux identiques sont formés d’un ruban en or décoré au repoussé et par estampage de lignes droites et de zigzags (couchés accolés). Sur la face extérieure sont soudées seize rangées de deux petites capsules constituées chacune de trois cupules soudées. Etant donnés leur taille et leur poids (environ 25 grammes chacune), la « princesse » de Sainte-Colombe pouvait-elle encore bouger sa tête lorsqu’elle portait ses boucles d’oreilles ?  

Céramique
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© RMN-GP. Jean-Gilles Berizzi
Mobilier funéraire aristocratique

Provenances diverses Premier Âge du fer

Les tombes sont l’une des sources d’informations essentielles qui permettent d’approcher le fonctionnement des sociétés d’avant l’histoire. Le mode de sépulture caractéristique du premier âge du Fer est le tumulus : il s’agit d’un monument funéraire édifié par la collectivité au profit à chaque fois d’un seul défunt, et dont l’emplacement peut être entretenu et réaménagé durant plusieurs siècles. Seule une minorité de la population bénéficie de ce type de sépulture et est représentée par des nécropoles à caractère familial.

Entre les IXe et VIe siècles avant notre ère, ces pratiques funéraires sont dominées par les hommes et la guerre. Dans le courant du VIe siècle, une crise bouleverse cette tradition : la construction des tumulus tend à n’être plus réservée qu’à de très rares tombes de statut exceptionnel, à char ou à importations d’objets de luxe méditerranéens. La plus grande part des sépultures qui bénéficiait jusqu’alors de monuments funéraires individuels se trouve reléguée dans de simples fosses à inhumation (tombes plates). Ces sépultures s’installent souvent dans des tumulus édifiés un ou deux siècles auparavant pour la tombe de personnages avec lesquels elles paraissent entretenir des liens de descendance. Ces lignées de sépultures adventices entretiendront longtemps cette mémoire des communautés du début de l’âge du Fer : elles continueront à en fréquenter les tumulus durant les Ve et IVe siècles avant notre ère, jusqu’à ce que de nouvelles pratiques funéraires ne s’imposent avec le passage à La Tène moyenne.

Plaque à pendeloques à décor ornithomorphe Ivory (Jura), « Forêt des Moidons » Bronze, VIe siècle avant notre ère

Du VIIe au début du VIe siècles avant notre ère, les communautés de la Franche-Comté actuelle développent des productions métalliques originales, en partie communes avec la Suisse occidentale voisine. Ces réalisations, qui sont principalement liées au mobilier des sépultures féminines, proviennent manifestement d’ateliers régionaux. C’est surtout à partir du VIe siècle que se multiplient ces productions spécialisées qui consistent surtout en fabrication de différents bracelets portés par paire. D’autres parures, comme cette plaque ajourée à pendeloques, sont plus étonnantes.

Urne, Céramique Sublaines, « Les Danges » (Indre-et-Loire) VIIIe siècle avant notre ère

Ce vase est orné de bandes de peinture rouge et de lamelles d’étain formant des motifs variés. Les motifs, principalement disposés sur l’épaule, sont organisés en registres : losanges, chevrons, triangles, damier, dents de loups, quadrilatères. Un char, avec les quatre roues garnies de quatre rayons chacune et disposées autour de la caisse, est représenté avec le timon et deux chevaux disposés en sens inverse. Une petite anse arrondie décorée elle aussi de lamelles d’étain permettait de passer un doigt pour soulever cette urne à incinération qui renfermait les cendres du défunt. L’intérieur du col est aussi décoré.

Canthare attique,  Céramique Courcelle-en-Montagne (Haute-Marne) Tumulus de la « Motte Saint-Valentin », Ve siècle avant notre ère

À la fin du VIe siècle avant notre ère, se multiplient des tertres (tumulus) monumentaux édifiés pour des sépultures à incinération, dans lesquelles les restes brûlés du mort sont déposés dans de la vaisselle de service à boire et emballés dans du tissu. Ici, les restes incinérés du mort étaient placés dans un grand vase à vin (ou stamnos, grand vase métallique sur l’illustration) d’origine étrusque, qui était accompagné d’une coupe à boire (canthare) en céramique attique. Une épée en fer complétait le mobilier.

Les motifs principaux sont des palmettes disposées verticalement sur le col du vase. Ce canthare à figures rouges était destiné à la boisson du vin contenu dans le stamnos et peut-être aussi aux libations offertes aux divinités.

Ce type de vase a donné son nom à une série considérée comme fabriquée en Attique (région de la Grèce) après les années 480/470 avant notre ère. Cette production était peut-être destinée à l’exportation, notamment en Italie du Nord.

parure
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© RMNGP/MAN
Plaque à pendeloques

Tumulus de la Forêt des Moidons, Ivory (Jura) VIe siècle avant J.-C.

Ce curieux type de parure féminine, portée sur l’abdomen, est particulière aux productions des populations établies dans le massif du Jura au début du VIe s. avant J.-C. Ces plaques ornementales portent généralement des séries de pendeloques, ici en forme de rouelles associées à des oiseaux.