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Bagues d’un trésor du IIIe siècle

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© MAN/Loïc Hamon
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Parmi les trésors enfouis durant l’Antiquité, celui de Nizy-le-Comte dénote par sa composition associant quatre vases en bronze, plus de 700 monnaies en argent et deux bagues d’une très grande qualité de réalisation.

DEUX BAGUES PRÉCIEUSES AU SEIN D'UN ENSEMBLE D'OBJETS HÉTÉROCLITES

Mis au jour vers 1975, ces objets proviennent d’une petite agglomération de la cité des Rèmes, sur la voie qui menait de Reims (Marne) à Bavay (Nord). Les deniers et antoniniens, datés entre les règnes de Trajan (98-117) et celui de Gallien (253-268), fournissent de précieux repères chronologiques pour l’enfouissement de ce trésor.

UNE CRÉATION ROMAINE : LA TECHNIQUE DE L'OPUS INTERRASILE

En argent, ces deux bagues se distinguent par une monture massive qui a été finement ajourée par percement du métal, d’où le terme d’interrasile (en latin : ouvert, d’après une expression due à Pline l’Ancien dans son Histoire Naturelle, XII, 94). Un fin burin a été utilisé pour ce décor très complexe de peltes (bouclier) et de motifs d’inspiration végétale (rinceaux et branches).

UNE PIERRE EN CORNALINE SUR LAQUELLE EST GRAVÉ LE DIEU JUPITER

Le chaton de l’une des bagues est une intaille ovale à surface plane, taillée dans la cornaline, l’une des pierres les plus souvent utilisées à l’époque romaine. Le dieu Jupiter trônant, accompagné à droite de son aigle, y est gravé. Il tient un sceptre et une patère (vase à libation). Si les dieux gréco-romains figurent parmi les principaux sujets représentés sur les intailles d’époque romaine, Jupiter n’est pas le motif le plus courant, en dépit de son statut de maître des dieux.

UNE MONNAIE EN OR À L'EFFIGIE DES PRINCES CARACALLA ET DE GÉTA

La seconde bague, plus massive, est d’un type beaucoup plus rare, car elle est ornée d’une monnaie en argent frappée à Rome en 201, recouverte d’une feuille d’or destinée à donner à ce denier l’apparence d’un aureus, une monnaie en or. De façon exceptionnelle pour ce type de bijou, dit monétaire, ce n’est pas la face montrant le portrait de l’empereur Septime Sévère (193-211) qui a été choisie par l’orfèvre, mais le revers de la monnaie. Il montre les bustes affrontés de ses fils, les princes Caracalla (211-217), cuirassé et lauré à gauche, et de Géta (211), tête nue à droite. Le chaton hexagonal a cependant été évidé à l’arrière, afin de laisser voir l’effigie de l’empereur.

UN TRAVAIL D'ORFÈVRE CARACTÉRISTIQUE DU IIIe SIÈCLE

Les bijoux ornés de monnaies, très à la mode à partir de la fin du IIe siècle, ainsi qu’aux époques suivantes, sont presque toujours en or. Des monnaies en or (aurei, solidi), sont alors retirées de la circulation monétaire pour être montées en pendentifs et, plus rarement, sur des bagues, des bracelets, des fibules, des diadèmes ou des pièces de vaisselle. La plupart des bagues connues ont une monture en or, mais il existe plusieurs exemplaires en argent comme celle-ci. Malgré leur aspect massif et un diamètre intérieur assez important, il est impossible de savoir si ces bagues étaient portées par un homme ou une femme, car les textes latins décrivent des façons de porter ces bijoux différentes des nôtres : sur tous les doigts, sauf l’index, y compris le pouce, et sur toutes les parties du doigt.


Notice rédigée par Thierry Dechezleprêtre, d'après Hélène Chew (2015)

 

BIBLIGORAPHIE

CHEW, Hélène et DROST, Vincent. Bagues romaines d'un trésor du IIIe siècle de Nizy-le-Comte (Aisne) au musée d'Archéologie nationale. Antiquités nationales, 2015, p. 65-102.

CHEW, Hélène. Les bagues de Nizy-le-Comte (Aisne). Archéologia, n°540, février 2013, p. 22-23.

YEROULANOU, Aimilia. Diatrita. Gold pierced-work jewellery from the 3rd to the 7th century. Athènes: Benaki museum, 1999.
 

LIENS UTILES

Présentation dans le cadre de l'objet du mois