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L'archéologie comparée
Armes

Poignard de Djönü (Azerbaïdjan)

Découvert dans une sépulture de la nécropole de Djönü, dans la région montagneuse de la vallée du Lenkôran, en Azerbaïdjan, ce poignard en bronze se distingue par son pommeau en forme de croissant, typique de certaines armes de la région du Caucase.

LA NECROPOLE DE DJONU

Dans la région montagneuse du Talyche (Azerbaïdjan), la nécropole de Djönü est située au sud du village du même nom. Constituée d’une nécropole basse à 1720 m d’altitude et d’une nécropole haute à 1830 m d’altitude, elle est intensivement explorée par l’archéologue français Jacques de Morgan en 1890. Occupant les sommets et les flancs des coteaux, les sépultures sont éparpillées dans un espace de trois à quatre kilomètres. Espacées de 80 à 100 m, mais parfois regroupées par trois ou quatre, la majorité des sépultures de la nécropole haute ont livré un mobilier riche. Si Jacques de Morgan fouille une quarantaine de tombes, il n’en décrit que trois, celles qu’il juge les plus intéressantes et qui donnent assez d’informations pour contextualiser les autres sépultures. Il s’agit de sépultures mégalithiques pour la plupart construites sous la forme de dolmens et recouvertes d’un tumulus en terre. Parfois, elles sont entourées d’un cercle de pierres. La nécropole basse, elle, est organisée comme un véritable cimetière. Elle est constituée de sépultures plus petites datées de la fin de l’âge du Bronze et du premier âge du Fer. Jacques de Morgan ne donne pas leur nombre exact, probablement nombreuses, et là encore, il ne décrit que trois tombes. Bien que les pillages successifs aient fait disparaître une grande partie des objets en métaux précieux (or et argent), la nécropole de Djönü figure parmi les sites archéologiques de premier plan du Caucase. Le matériel conservé est constitué de parures (anneaux, bracelets, boucles d’oreilles, épingles et plaques de ceintures), de céramiques, d’armement et enfin d’outillage, avec beaucoup d’objets cuivreux et en fer. L’armement, en majorité constitué d’armes de jets (pointe de lance et flèches) et de lames (couteaux, poignards et épées), représente le fossile directeur chronologique le plus fiable. Étudié par l’archéologue Claude Frédéric-Armand Schaeffer, le mobilier est daté de la période de transition entre l’âge du Bronze et l’âge du Fer, allant du IIe millénaire au début du Ier millénaire av. J.-C. Si la région du Talyche dispose de plusieurs gisements de cuivre, l’étain n’est utilisé que pour quelques objets en bronze et probablement importé de l’Asie centrale et du sud-est. Le matériel entreposé dans la nécropole témoigne donc des échanges commerciaux avec les régions du nord de l’Iran, mais également au-delà, avec l’Inde.

UNE FONCTION PLUS SYMBOLIQUE QU'UTILITAIRE

Trouvé dans la tombe n°1 de la nécropole haute, ce poignard présente une épaisse lame triangulaire plate et biseautée aux bords concaves et une garde rectangulaire soulignée de trois nervures. La fusée de la poignée, quant à elle, comprend cinq anneaux en bourrelet. Cet objet se distingue par son pommeau en forme de croissant très large et évasé. Les rebords inférieurs de l’arc servaient peut-être de point d’appui à un élément aujourd’hui disparu, taillé en pierre ou en matière organique. La forme de la lame et la fusée pleine sont typiques des armes de la région du nord de l’Iran à la fin du IIe millénaire av. J.-C., dont certaines conservent des éléments d’incrustations (poignards d’Agha Evlar et de Véri). Le poignard de Djönü se rattache aux productions métallurgiques identifiées dès l’époque de la dynastie d’Ur (première moitié du IIIe millénaire av. J.-C.), présentant des similitudes à la fois morphologiques et esthétiques. Le type du pommeau en arc de cercle ou croissant est adopté entre le Bronze moyen et le Bronze récent dans l’ensemble du Levant et même en Égypte. Daté entre 1350 et 1200 av. J.-C., il serait plutôt un poignard cérémoniel, et il y a peu de doute quant à son caractère symbolique.

L'EXPLORATION DU CAUCASE PAR JACQUES DE MORGAN

Ce poignard appartient à la collection d’objets archéologiques de Jacques de Morgan, constituée lors de son voyage d’exploration dans le sud du Caucase. Après une expérience en Arménie, il voyage entre 1888 et 1892 en Asie occidentale grâce au soutien financier du ministère de l’Instruction publique. Prévoyant à l’origine d’alterner entre la Russie et l’Iran, la traversée de la Turquie lui est refusée par les autorités, s’ajoutant à l’émission d’un décret impérial réservant l’exclusivité des fouilles aux savants russes. Il traverse tout de même la région du Lenkôran (actuelle Azerbaïdjan et ancienne région russe du Talyche) et fouille, avec sa femme, entre avril et juin 1890, pas moins de 191 sépultures à Djönü. Les découvertes du Lenkôran sont exposées au musée Guimet (Paris) de l’automne 1893 à l’été 1893, avant qu’une partie du matériel ne soit donné au musée d’Archéologie nationale. Ainsi, le musée possède une collection archéologique très importante d’objets provenant de la vallée du Lenkôran, dont Djönü est la plus importante et la plus représentative des nécropoles.

BIBLIOGRAPHIE

HAZE, Mathias. La nécropole de Djönü et les pratiques funéraires à la fin de l’âge du Bronze et au début de l’âge du Fer dans la vallée du Lenkôran (République d’Azerbaïdjan). In : Antiquités Nationales, 2012, n°43, p. 163-182.

LORRE, Christine. Poignard en bronze de Djönü. In : Archéologia, décembre 2015, n°538, p. 14-15.

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