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Archéologie comparée

Les objets

Céramique
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© RMN-GP. Jean-Gilles Berizzi
Les vases de Suse (Iran)

Suse (Iran) IVe millénaire

Fondée à la fin du Ve millénaire, Suse a bénéficié de sa situation exceptionnelle à la charnière de la plaine fertile de Mésopotamie et du haut plateau iranien riche en matières premières, au croisement d'influences issues d'Asie occidentale et d'Orient. Occupant une dizaine d'hectares, la cité de Suse était organisée autour d'une terrasse surélevée qui supportait un sanctuaire entouré de bâtiments annexes.

Au sud-ouest de cet ensemble, les fouilles ont mis au jour une vaste nécropole datée de l’époque dite de Suse I. Elle comportait environ deux mille tombes pourvues d'un riche mobilier funéraire surtout constitué de vases de terre cuite fine d''une qualité exceptionnelle et offrant un large répertoire décoratif peint en noir ou en brun sur le fond ocre clair de la pâte et de l’engobe.

L’un des principaux types consiste en de grands vases à fond conique (parfois appelés : « boisseaux ») dont l’ornementation stylisée se répartit en frises superposées alternant souvent avec des panneaux délimités par des lignes et qui occupent la partie centrale de la panse des vases.

Les motifs décoratifs sont soit abstraits ( lignes verticales et horizontales, triangles pleins, losanges, carrés, chevrons plus ou moins emboîtés ), soit animaliers : oiseaux stylisés au long cou, bouquetins aux cornes démesurément développées ou encore sloughis ou longs chiens courant en frise sur le pourtour de certains vases...

Les coupes présentent un décor organisé à partir du centre et découpé, soit de manière centrifuge, soit en plusieurs parties symétriques. Le décor fait appel au même répertoire de motifs abstraits mais parfois plus élaborés : chevrons, lignes imbriquées, ondulations, losanges et carrés... ou à d’autres motifs d’origine animalière tels que les fameux « animaux-peignes » dont l’origine n’a pu être identifiée.

Statuette
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© RMN-GP. Franck Raux
Statuette féminine d’Égypte prédynastique

Hiérakonpolis (?) (Kôm el-Akhmar, Haute-Égypte). Époque de Nagada II (entre 3 500 et 3 200 environ avant J.-C.).

Parmi les plus anciennes représentations plastiques de l'art égyptien, ces statuettes semblent généralement provenir de tombes bien que, la plupart du temps, leur contexte de découverte ne puisse être très clairement établi.

UN CANON DE REPRÉSENTATION ATYPIQUE

Bien que la figurine du MAN ait été modelée de manière schématique, elle est identifiable grâce à ses caractères sexuels marqués, notamment les seins et la cambrure. La tête est, à l’inverse, schématisée à l’extrême au point d’évoquer pour certains auteurs un bec d’oiseau.

Par comparaison avec d'autres exemplaires, la position des bras paraît exceptionnelle. En effet, ils sont cassés sous l’arrondi des épaules et il est donc difficile d’admettre qu’ils aient été modelés relevés, en formant un arrondi au-dessus de la tête, comme pour de nombreuses autres statuettes que les auteurs anciens qualifiaient parfois de « danseuses » ; il semble plus vraisemblable que les bras aient été posés le long du corps ou peut-être infléchis à la hauteur des coudes pour se joindre à la hauteur du ventre. En tout cas, il ne semble pas, en l’état actuel des études, qu’il y ait eu un véritable canon de représentation à cette époque reculée.

Cette statuette semble vêtue d’une longue « jupe » blanche peinte sur l’argile à l'aide d'un matériau, sans doute à base de chaux. Ses jambes ne sont pas individualisées et forment une sorte de tenon. Il est possible qu'à l'origine cette statuette ait pu être fichée en terre ou dans un support quelconque.

UNE SIGNIFICATION ENCORE MYSTÉRIEUSE

La signification d'une telle figurine, qui faisait vraisemblablement partie d’un mobilier funéraire, est loin d’avoir été complètement éclaircie. On peut évoquer à son sujet une certaine correspondance avec une partie des décors figurés sur des vases peints de la même époque qui comportent parfois des représentations analogues mais avec les bras levés comme si elles effectuaient des mouvements de danse (ou d’invocation ?). Certains auteurs leur ont attribué un rôle en relation avec l'au-delà, voire un rôle de divinité ou de « gardienne du mort ».

Toutes les sépultures de la même période chronologique n’ont pas livré systématiquement de statuettes de ce genre : il est permis de penser qu’elles étaient attribuées en fonction de la position sociale reconnue à chaque défunt. Ainsi pouvaient-elles peut-être contribuer à singulariser certains individus au sein de tout un système rituel dont l’organisation et le sens nous échappent encore largement aujourd’hui.

UNE PROVENANCE INCERTAINE

Cette statuette fait partie de la donation Morgan (1909 – 1910) mais n’a été inscrite dans l’inventaire qu’en 1939, avec un lot d’objets identifiés comme provenant de Kôm el-Akhmar (ancienne Hierakonpolis).

Cependant, un doute subsiste à propos de sa provenance. Le retard dans l’enregistrement ne permet pas de déterminer si elle provient de la collection d’Henri ou Jacques de Morgan, qui ont tous deux exploré Hierakonpolis, a plusieurs années d’écart. Alors que Jacques de Morgan ne mentionne aucune découverte de ce type dans son ouvrage publié en 1896 ; les écrits d’Henri mentionnent « une énorme masse de débris, figurines en terre cuite d’animaux, de vaches, et de récipients », parmi lesquels il aurait pu trouver cette figurine, à Kôm el-Akhmar.

Cette figurine a pu être associée à d’autres exemplaires trouvés en contexte funéraire à Ma’amariya lors des mêmes explorations (notamment dans la collection prédynastique du musée de Brooklyn, New York, États-Unis). Cependant, des différences ont été notées dans la qualité de la terre cuite. P.Ucko a suggéré qu’une analyse de l’engobe blanc permettrait de regrouper les figurines des sites de Ma’amariya et de Kôm el-Akhmar, proches de quelques kilomètres, et ainsi déterminer une potentielle provenance.

BIBLIOGRAPHIE

Catalogue sommaire illustré des collections du musée des antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye : Archéologie comparée, Tome 1, Afrique, Europe occidentale et centrale, Paris : Réunion des musées nationaux, 1983, p. 129.

Christine Lorre, « Notice 44, Female Figure », in ed. Annie Caubet, Idols, The Power of Images, Milan : Skira, 2018.

LIENS UTILES

Vers la figurine du musée de Brooklyn

Vers le profil d’Henri de Morgan

Vers le profil de Jacques de Morgan

 

Fiche rédigée par Christine Lorre et Audrey Lopes
Statuette
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© RMN-GP.René-Gabriel Ojéda
Le char de Mérida (Espagne)

Mérida (Badajoz, Espagne) IIe-Ier siècle av. J.-C. ?

Composé d'une sorte de plate-forme rectangulaire fixée sur quatre roues, ce petit char supporte des figurines (cavalier, sanglier et chien) qui évoquent une scène de chasse au sanglier. Ces figurines ont été coulées à la cire perdue de même que trois des clochettes suspendues à l'arrière de la plate-forme.

La découverte de ce char étant ancienne, son contexte archéologique est inconnu mais plusieurs indices laissent à penser que cet objet a été enfoui volontairement fragmenté. L'analyse récente des alliages métalliques a montré que certaines des parties originales coulées pouvaient remonter aux Ve-IVe siècles av. J.-C. Se fondant sur une analyse stylistique, certains spécialistes pensent au contraire que la coexistence de caractères proprement ibériques avec le style plus réaliste des animaux autorise à abaisser la datation de cette œuvre qui pourrait être l'un des derniers exemplaires de la longue série des chars votifs protohistoriques d'Europe. Le cavalier porte une tunique et un justaucorps ajustés, des jambières (protections de jambes) laissant les mollets apparents et un casque à boucles ou à écailles. La lance qu'il brandit est une restitution moderne. Le sanglier, poursuivi par un cavalier, est caractérisé par un pelage traité en chevrons.  

Instrument de musique
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© Photo (C) RMN-Grand Palais (musée d'Archéologie nationale) / Loïc Hamon
Lur du Danemark

Blidstrup (Danemark)

VIIIe-IXe siècles av. J.-C.

Découvert par un fermier danois dans un marécage, cet objet courbe en alliage cuivreux est d’abord conservé dans les collections royales du roi Frederik VII du Danemark avant que ce dernier ne l’offre à l’empereur Napoléon III, qui projetait alors de créer un musée gallo-romain à Saint-Germain-en-Laye.  

UN PARCOURS MOUVEMENTE

Cet objet connaît un parcours mouvementé avant d’entrer au musée d’Archéologie nationale. Découvert en compagnie d’un autre exemplaire à Blidstrup, au Danemark, il est donné au roi Frederik II du Danemark (1808-1863), qui l’expose alors avec le reste de sa collection d’antiquités au palais Frederiksborg, à Hillerød, au nord de Copenhague. En 1859, un incendie endommage les collections royales, mais des fragments d’un des deux objets sont sauvés des flammes. Un exemplaire est reconstitué et offert à l’empereur Napoléon III, au moment où ce dernier projette la création d’un musée des antiquités celtiques et gallo-romaines, le futur musée d’Archéologie nationale.

Le premier objet de ce type avait été découvert en 1797, dans le marais de Brudevælte, au Danemark. Le fermier Ole Pertersen met alors au jour six tubes courbes en alliage cuivreux, avant de trouver, une semaine plus tard, six embouchures. Les objets, semble-t-il, ont été soigneusement démontés et déposés dans la tourbe. D’autres pièces ont ensuite contribué ensuite à enrichir les collections des grands États européens et ces objets ont suscité un véritable engouement. Sur la place de l’hôtel de ville de Copenhague, le monument présentant deux joueurs de lur, sculpté par l’artiste S. Wagner entre 1911 et 1914, fait de cet objet un élément emblématique de la culture danoise.

LE LUR : UN OBJET EXEPTIONNEL

Un grand tube courbe et un pavillon circulaire orné de bossettes en relief composent cet objet spectaculaire daté de l’âge du Bronze, entre le VIIIe et le IXe siècle av. J.-C. Si cet instrument ressemble à une trompe, le pavillon n’est pas réellement fonctionnel. D’abord orné de motifs circulaires puis, plus tardivement, de six à dix bossettes en relief, ce dernier constitue peut-être un symbole solaire. Témoignant d’une maîtrise parfaite de la technique de la fonte du bronze à la cire perdue, l’instrument est fabriqué par coulage et soudage successif de plusieurs cylindres, emboîtés les uns dans les autres. Le cylindre inférieur est mobile, afin de faciliter la manipulation de cet objet très volumineux. L’appellation de lur, prononcé « lour », est donnée par les archéologues du XIXe siècle d’après certaines sagas islandaises (récits historiques ou légendaires en prose). La plupart des lurs sont découverts en contexte humide et marécageux, et parmi la cinquantaine d’exemplaires recensés, 31 proviennent du Danemark.

UN INSTRUMENT DE MUSIQUE MYSTERIEUX

La forme du lur s’inspire peut-être des premiers instruments fabriqués avec des cornes de bovins. Les gravures rupestres scandinaves et l’archéologie expérimentale permettent de comprendre la manière dont se jouait cet instrument de musique. Il se portait probablement à bout de bras, le pavillon situé en position haute. Nécessitant une grande puissance de souffle, les exemplaires utilisés lors des expérimentations ont produit des sons retentissants, à la tonalité étendue. Néanmoins, le pavillon de l’exemplaire conservé au musée d’Archéologie nationale n’étant pas fonctionnel, peut-être n’avait-il alors qu’une fonction symbolique. Peut-être cet instrument accompagnait les guerriers scandinaves au combat, ou pour certains, accompagné d’autres instruments rythmiques, permettait d’accéder à un état de transe. Les gravures rupestres suédoises, qui datent de la même époque, montrent des joueurs de lur accompagnant un cortège funèbre ou religieux. Étant donnée leur rareté, ils sont sans aucun doute des objets de prestige.

BIBLIOGRAPHIE

LORRE, Christine. Aux sources de la musique scandinave de l’âge du Bronze : le lur danois. In : Archéologia, mai 2017, n°554, p. 24-25.

LIENS UTILES

Vers l'objet du mois

 

Fiche rédigée par Christine Lorre et Audrey Lopes
Hache votive
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© RMN-GP/MAN
Hache parée de Nouvelle-Guinée

Baliem ou Dani de l'Ouest, Kp Jayawijaya, Papua Barat (Papouasie occidentale, Indonésie), groupe dani

Cette grande hache d’échange de type ye-yao, achetée à Wamena, illustre de multiples pratiques du groupe Dani, de la recherche des matériaux à son usage social.  

UNE APPROCHE ETHNOARCHÉOLOGIQUE

Pierre Pétrequin, directeur de recherche au CNRS., a donné en 1995 au musée d’Archéologie nationale sa collection d’objets ethnographiques collectés avec son épouse Anne-Marie à l’occasion de missions scientifiques au Papua Barat (Indonésie).

Rassemblée au cours de plus de vingt missions depuis 1984, elle reflète les recherches menées par ces préhistoriens au sein de plusieurs communautés humaines de Nouvelle-Guinée. De leur point de vue d’archéologues, les chercheurs ont étudié les modes de fabrication et d’échange des productions matérielles de ces groupes, ainsi que leur rôle respectif dans leur organisation sociale.

Cet ensemble de première importance est une source précieuse de réflexion et de comparaison pour tous les préhistoriens qui s’intéressent à la vie des populations néolithiques de notre territoire. Il s’agit en effet d’observer des situations actuelles pour élargir le domaine des hypothèses de travail et mieux comprendre les contextes archéologiques en Occident, où le plus souvent, seuls les vestiges en matériaux indestructibles sont conservés. Cette démarche, dite ethnoarchéologique, est très différente du simple comparatisme ethnographique. Elle s’efforce de prendre en compte les contraintes liées aux fonctionnement sociaux et à la matérialité des objets, tout en essayant de comprendre les étapes du parcours historique de chacune des communautés.

DE L'OUTIL AU SIGNE SOCIAL : DES LAMES EN PIERRE

Cette grande hache d'échange de type ye-yao est décorée d’une jupe en fibres d’orchidée tressées jaunes, des pendentifs formés de défenses de porc refendues, polies et perforées, de lanières de peau de marsupial arboricole et d’enveloppes épineuses de larves.

Pour fabriquer la lame de hache, une plaque de roche est détachée par le choc thermique produit au moyen d’un foyer perché sur un échafaudage. Dans cette plaque, une première pré-forme est taillée et dégrossie au percuteur dur. De retour au village, l’ébauche est lentement bouchardée au petit percuteur de pierre. Elle a dès lors acquis une grande valeur et peut être échangée contre des porcs ou des pains de sels. Le polissage sur des blocs de grès représente la phase finale : il permet d’affûter le tranchant et d’obtenir une forme parfaitement régulière. Le polissage d’une grande lame de hache de travail nécessite une vingtaine d’heures de travail.

Il faut beaucoup plus de temps pour polir une grande lame de hache d’échange d’Ormu Wari, afin de la rendre parfaitement régulière, lisse et brillante en appliquant de la graisse de porc sur sa surface. Devenue extrêmement luisante, elle représente alors l’un des signes distinctifs utilisés par les élites de la côte nord pour afficher leur statut héréditaire.

LES LAMES DE HACHE YE-YAO : DES FEMMES DE PIERRE

Les roches assez résistantes pour fabriquer de bonnes lames de hache sont rares et très inégalement réparties dans la nature. De temps en temps, les hommes partent en groupe en direction des carrières parfois éloignées d’une dizaine de jours de marche.

Ils sont guidés par un homme d’expérience connaissant les rituels pour « faire sortir les haches ». En effet, les lames de haches sont, d’après le mythe, préexistantes dans la roche et c’est la Mère des Haches qui va les donner aux hommes.

Les Dani échangent de grandes lames polies considérées comme des femmes que le groupe donne ou reçoit, et qui sont donc vêtues de jupes courtes et de ceintures en fibres d’orchidée. Lors des paiements de mariage ou de funérailles, ces haches femelles sont explicitement des substituts anthropomorphes (d’apparence humaine), manipulés et présentés en public après avoir été passées à la graisse de porc pour les rendre brillantes. Ces lames ye-yao sont fabriquées dans la haute vallée de l’Awigobi, où les carrières de roche verte sont exploitées en montagne et où des dalles peuvent aussi être ramassées dans le lit de la rivière. Dès la sortie de la carrière, les ébauches de lame sont groupées par paire et présentées verticalement, comme les deux premiers hommes du mythe de l’origine du monde.

BIBLIOGRAPHIE

Anne-Marie et Pierre Pétrequin, Objets de pouvoir en Nouvelle-Guinée, approche ethnoarchéologique d’un système de signes sociaux, Catalogue de la donation Anne-Marie et Pierre Pétrequin, Paris : Réunion des musées nationaux, 2006, p. 238 – 239

 

Fiche rédigée par Christine Lorre et Audrey Lopes
Casque
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© RMN-Grand Palais
Casque apulo-corinthien (Italie)

Apulie (Italie) IVe siècle av. J.-C.

Exposé à l’origine dans la salle consacrée à l’archéologie, ce casque a bénéficié en 2011 d’une restauration qui a révélé un décor gravé totalement inédit.

CORINTHIEN ? APULO-CORINTHIEN ?

Ce casque a probablement été donné en 1910 par Jacques de Morgan, ingénieur des mines, archéologue et explorateur qui voyagea et effectua des fouilles aussi bien en Egypte ou en Malaisie que dans l’actuel Azerbaïdjan. Cependant, il n’a été inscrit à l’inventaire qu’en 1935, bien après sa mort. Malheureusement, rien dans l’inventaire ne permet de préciser la provenance de cet objet. D’après sa forme, il avait été enregistré comme un casque grec de type corinthien et daté du VIe au IVe siècle avant J.-C. mais sa typologie et son décor s'apparentent aux casques découverts dans le sud de l'Italie, notamment en Apulie.

Une soixantaine de casques apulo-corinthiens sont connus dans le monde, dont les trois quarts comportent un décor gravé mais très peu d’entre eux ont été retrouvés en contexte. L’identification de ce type de casque au Musée d’archéologie nationale est donc scientifiquement importante

SOUS LA CORROSION TOUT UN BESTIAIRE

Ce casque n’est pas du tout corinthien : il est plus sphérique et compact, son protège-nuque est assez large, les « couvre-joues » sont plus courts et se rejoignent quasiment, les ouvertures pour les yeux ne sont plus qu’une unique fente et il n’y a plus d’élément spécifique pour protéger le nez.

Enfin on remarque de petits rivets en haut de la calotte du casque : ils permettaient de fixer des éléments tubulaires pour des plumes ou un panache en crin de cheval. D’autres rivets, en partie basse, servaient vraisemblablement à maintenir la courroie en cuir qui permettait de fixer le casque.

Ce casque a connu deux restaurations, une première fois entre 1983 et 1984, puis en 2011, à l’occasion d’un constat d’état qui a révélé une reprise de corrosion. Un examen plus attentif a alors permis de repérer les traces d’un décor animalier. De plus, le casque, parcouru de larges fissures, avait été « réparé » à de multiples endroits par des comblements en plâtre ; une restauration plus adaptée était désormais possible.

Cette restauration a permis de distinguer à gauche un premier sanglier, avec un sphinx derrière lui, puis, sur le côté droit, un second qui lui faisait face, et derrière celui-ci, un petit marcassin. Des oiseaux sont figurés autour des arcades sourcilières, tandis que la fente horizontale était accompagnée, de part et d’autre, de la représentation d’un œil. Ce décor reste toutefois difficile à voir à l’œil nu sans lumière rasante.

UN CASQUE DE GRANDE GRÈCE (SUD DE L'ITALIE)

Il s’apparente aux casques découverts dans le sud de l’Italie et portés par les guerriers à partir du VIe siècle av. J.-C. en Grande Grèce. On les appelle apulo-corinthiens, en raison de leur lieu de découverte et de probable production, l’Apulie colonisée par les Grecs. Ces casques étaient portés enfoncés sur la tête mais donnaient l’impression d’un casque corinthien relevé, avec leurs impressionnantes arcades sourcilières en relief. C’est la raison pour laquelle les ouvertures pour les yeux ou le nez sont seulement décoratives.

De plus, ce n’est que vers le IVe siècle que le frontal commence à se couvrir d’un décor gravé et que de nouveaux motifs apparaissent, parfois liés à des scènes mythologiques. La présence de sphinx derrière les sangliers est attestée sur plusieurs casques de cette époque, mais la représentation d’un marcassin paraît totalement inédite, tout comme celle des oiseaux placés de part et d’autre des arcades sourcilières.

La mode de ces casques a duré jusqu’au Ier siècle av. J.-C. en Italie : les Romains, avides de se rattacher à des traditions, s’en sont équipé comme casques d’apparat.

BIBLIOGRAPHIE

Catalogue sommaire illustré des collections du musée des antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye : Archéologie comparée, Tome 1, Afrique, Europe occidentale et centrale, Paris : Réunion des musées nationaux, 1983, p. 220

Anaïs Boucher, « L’objet du mois : Les surprises d’un casque apulo-corinthien », Archeologia, 2014, p. 15 – 17

LIENS UTILES

Vers l'objet du mois

 

Fiche rédigée par Christine Lorre et Audrey Lopes
Armes
Media Name: Poignard en bronze
© Photo MAN - V. Go
Poignard de Djönü (Azerbaïdjan)

Djönü (Talyche, Azerbaïdjan)

Âge du Bronze récent, vers 1350-1200 av. J.-C.

Collection Jacques de Morgan

Découvert dans une sépulture de la nécropole de Djönü, dans la région montagneuse de la vallée du Lenkôran, en Azerbaïdjan, ce poignard en bronze se distingue par son pommeau en forme de croissant, typique de certaines armes de la région du Caucase méridional.  

L'EXPLORATION DU CAUCASE PAR JACQUES DE MORGAN

Ce poignard appartient à la collection d’objets archéologiques constituée lors du voyage d’exploration de Jacques de Morgan dans le sud du Caucase. Après une expérience en Arménie, l’archéologue voyage entre 1889 et 1892 en Asie occidentale grâce au soutien financier du ministère de l’Instruction publique. En raison d’interdictions, Morgan modifie son itinéraire et parcourt les régions de la rive méridionale de la mer Caspienne, peu connues à l’époque. Il parvient dans la région du Lenkôran (en actuel Azerbaïdjan et anciennement Talyche russe) et fouille en compagnie de sa femme, entre avril et juin 1890, pas moins de 191 sépultures à Djönü. Les découvertes du Lenkôran sont exposées au musée Guimet (Paris) de l’automne 1892 à l’été 1893, avant que le matériel archéologique ne soit affecté au musée d’Archéologie nationale.

UNE FONCTION PLUS SYMBOLIQUE QU'UTILITAIRE

Trouvé dans l’une des tombes de la nécropole haute, ce poignard présente une épaisse lame triangulaire plate et biseautée aux bords concaves et une garde rectangulaire soulignée de trois nervures. La fusée de la poignée, quant à elle, comprend cinq anneaux en bourrelet. Cet objet se distingue par son pommeau en forme de croissant très large et évasé. Les rebords inférieurs de l’arc servaient peut-être de point d’appui à un élément aujourd’hui disparu, taillé en pierre ou en matière organique. La forme de la lame et la fusée pleine sont typiques des armes de la région du nord de l’Iran à la fin du IIe millénaire av. J.-C., dont certaines conservent des éléments d’incrustations (poignards d’Agha Evlar et de Véri, dans la même région). Le poignard de Djönü se rattache aux productions métallurgiques identifiées dès l’époque de la dynastie d’Ur (première moitié du IIIe millénaire av. J.-C.), présentant des similitudes à la fois morphologiques et esthétiques. Le type du pommeau en arc de cercle ou croissant est adopté entre le Bronze moyen et le Bronze récent dans l’ensemble du Levant et même en Égypte. Daté entre 1350 et 1200 av. J.-C., il serait plutôt un poignard cérémoniel, et il y a peu de doute quant à son caractère symbolique.

LA NÉCROPOLE DE DJÖNÜ (ACTUEL ÇONU)

La nécropole de Djönü est située au sud du village du même nom. Constituée d’une nécropole basse à 1720 m d’altitude et d’une nécropole haute à 1830 m d’altitude, elle est intensivement explorée par Jacques de Morgan en 1890. Malgré des pillages successifs, elle figure parmi les sites archéologiques représentatifs du Caucase du Sud. La majorité des sépultures de la nécropole haute ont livré un riche mobilier. Morgan en a décrit trois parmi les quarante fouillées. Il s’agit de sépultures mégalithiques pour la plupart construites avec de grandes dalles de pierre et recouvertes d’un tumulus en terre. Parfois, elles sont entourées d’un cercle de pierres. La nécropole basse est organisée comme un véritable cimetière. Elle est constituée de sépultures plus petites, datées de la fin de l’âge du Bronze et du premier âge du Fer. Dans sa publication, Morgan ne décrit que trois tombes, jugées les plus caractéristiques à ses yeux. La nécropole a livré des parures, des récipients en terre cuite, de l’armement et de l’outillage, notamment beaucoup d’objets cuivreux et en fer. L’archéologue Claude Schaeffer a daté le mobilier de la période de transition entre les âges du Bronze et du Fer (entre la fin du IIe millénaire et le début du Ier millénaire av. J.-C.). Si la région dispose de gisements de cuivre, l’étain n’est utilisé que pour quelques objets en bronze et peut-être importé d’Asie. Ce site témoigne en particulier des échanges commerciaux avec le Nord de l’Iran, mais également avec des régions plus éloignées telles que la Mésopotamie et le sous-continent indien.

BIBLIOGRAPHIE

HAZE, Mathias. La nécropole de Djönü et les pratiques funéraires à la fin de l’âge du Bronze et au début de l’âge du Fer dans la vallée du Lenkôran (République d’Azerbaïdjan). In : Antiquités Nationales, 2012, n°43, p. 163-182.

LORRE, Christine. Poignard en bronze de Djönü. In : Archéologia, décembre 2015, n°538, p. 14-15.

LIENS UTILES

Lien vers Sur les pas de Jacques de Morgan

Lien vers l'objet du mois

 

Fiche rédigée par Christine Lorre et Audrey Lopes
Statuette
Media Name: Groupe représentant une scène d’accouchement
© MAN - V. GO
Statuettes (Chypre)

Chypre

VIe siècle av. J.-C.

Collection Colonna-Ceccaldi

Ces figurines ont été découvertes en assez grand nombre dans le monde méditerranéen car elles étaient faciles à transporter. Cette abondance reflète également une pratique du modelage particulièrement développée et originale à Chypre.  

UNE TRÈS RARE D'ACCOUCHEMENT

Acheté au collectionneur Colonna-Ceccaldi, ce groupe modelé en argile se distingue particulièrement. Seules deux femmes sur les trois qui composaient originellement le groupe sont conservées. La première est debout et de ses bras croisés soutient la seconde, qui est assise à même le sol. La femme assise est en réalité sur le point d’accoucher, encouragée dans ses efforts par celle qui se tient derrière elle, tandis qu’une autre femme, sans doute la sage-femme, devait se tenir en face d’elles, prête à recevoir le nouveau-né. Ce groupe est très semblable à un autre exemplaire conservé au musée du Louvre (acquis auprès du même collectionneur) où les trois personnages sont représentés, ainsi qu’à d’autres exemplaires du musée de Nicosie (Chypre). En raison de cette scène, on suppose qu’il s’agit d’un ex-voto, dédié à une déesse protectrice des femmes enceintes, à une époque où de nombreuses femmes mourraient encore en couches.

LA GRANDE DÉESSE DE CHYPRE, PROTECTRICE DE LA VIE

À l’origine, ces figurines étaient déposées dans des sanctuaires ou des nécropoles lors de rites liés à la vie ou à la mort. Sur l’île où Aphrodite serait née, la vénération d’une Grande Déesse de la fécondité est avérée depuis la fin de la période néolithique et cette divinité est restée la plus importante de l’île jusqu’au Ve siècle av. J.-C. Plusieurs images la présentent comme une femme féconde ou une mère nourricière. On a retrouvé dans plusieurs sites des figurines moulées dont le modèle est d’origine phénicienne : ces deae gravidae, déesses enceintes à la coiffure caractéristique à deux chignons, sont à peine assises et portent la main droite sur leur ventre proéminent. Mais les artistes chypriotes, en plus des colliers et cache-oreille peints qu’ils adjoignaient à ce modèle oriental, lui ont aussi souvent ajouté sur le bras gauche un nouveau-né directement modelé, comme sur la figurine du MAN. Cette représentation d’une fécondité surnaturelle de la Grande Déesse était censée protéger plus efficacement les naissances.

BIBLIOGRAPHIE

Catalogue sommaire illustré des collections du musée des antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye : Archéologie comparée, Tome 1, Afrique, Europe occidentale et centrale, Paris : Réunion des musées nationaux, 1982

LIENS UTILES

Lien vers l'objet du mois

 

Fiche rédigée par Christine Lorre et Audrey Lopes
plaques funéraires
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© MAN - Valorie Gô
Plaques funéraires peintes provenant d’Alexandrie (Egypte)

Alexandrie (Egypte), Hadra, tombe dite « des Mercenaires » (?)

Période hellénistique, IIIe siècle av. J.-C.

La récente restauration de trois plaques peintes provenant d’Alexandrie a permis de leur rendre un éclat perdu depuis le début du XXe siècle.  

LA COLLECTION PUGIOLI ET DANINOS PACHA

Ces plaques proviennent de fouilles qui ont précédé la mise en place d’un service de fouilles et de conservation officiels à Alexandrie par Giuseppe Botti. Elles ont été acquises par Pietro Pugioli, dont la collection a ensuite été vendue à divers musées d’Europe et d’Amérique. Les objets d’un même site étant éparpillés, beaucoup d’informations sur le contexte de découverte ont été perdues. C’est Daninos Pacha, un archéologue égyptien, qui a vendu ces quatre « stèles » au musée d’Archéologie nationale le 15 octobre 1887. De passage à Paris, il avait écrit au directeur du MAN, qu’il possédait des objets susceptibles de l’intéresser car ils «représent[aient] paraît-il des soldats gaulois, morts à Alexandrie, dans la légion ptolémaïque». L’année précédente, il avait déjà vendu des stèles de même provenance au musée du Louvre. Certaines représentaient aussi des « Gaulois », qualifiés de « Keltos » ou de « Galaths ». Daninos Pacha prétendait qu’elles provenaient d’une nécropole située au sud-est d’Alexandrie, à Hadra, l’antique Éleusis. Grâce aux inscriptions, il a été possible à Adolphe Reinach, alors jeune épigraphiste, de rapprocher les stèles du MAN de celles découvertes dans la tombe dite « des Mercenaires », mise au jour en 1885. En effet, deux des stèles conservées au MAN (31234 et 31235) ont été publiées avec cette provenance dans la Revue Archéologique en 1887. Les plaques 31232 et 31233 en proviennent certainement aussi.

DES STÈLES FUNÉRAIRES POUR MERCENAIRES, LÉGIONNAIRES ET LEURS PROCHES

Ces quatre stèles ou plaques de type fausse porte ont toutes une forme similaire. La partie haute comprend systématiquement un fronton triangulaire, peint sur la plupart des exemplaires du MAN. En dessous de celui-ci, un espace est réservé à des inscriptions, en rouge. La partie centrale de l’objet est occupée par une section carrée ou rectangulaire, qui comprend une fresque sur enduit de plâtre, avec un cadre sculpté dans la stèle, sans décor. Un exemplaire comprend un large espace laissé au-dessous de l’encadrement, peut-être destiné à recevoir une inscription. Cet objet peut être considéré comme une stèle à proprement parler, les autres s’apparentant plus à des fausses portes, destinées à fermer les alcôves funéraires des défunts représentés. Les inscriptions en rouge, parfois très effacées, sont présentes sur trois plaques. Elles indiquent la provenance ethnique de la personne représentée : « ΓΑΛΑΘΣ » (trad. « Galates »). Les représentations peintes dans les encadrements représentent vraisemblablement les défunts de la tombe ou leurs proches. On trouve ainsi des mercenaires, des légionnaires ou leurs épouses, etc.

LA TOMBE DES MERCENAIRES

Cette tombe contenait des centaines de niches fermées par une dalle en calcaire en forme de stèle à fronton. Dans les niches, des vases en terre cuite conservaient les cendres des défunts. D’après les inscriptions retrouvées, tous étaient des militaires d’origine étrangère, Grecs de Grèce continentale, Crétois, Thraces et Galates, qui vivaient à l’est d’Alexandrie dans la seconde moitié du IIIe siècle avant J.-C. Les Galates, Celtes originaires de la Gaule cisalpine, avaient pris la route des Balkans puis avaient migré en Asie mineure en 279 avant notre ère, à l’invitation du roi de Bithynie en manque de mercenaires. Bien qu’installés ensuite dans l’actuelle région d’Ankara, des milliers d’entre eux offrirent encore leurs services aux souverains hellénistiques. Mais c’est vraisemblablement sous Ptolémée IV Philopator que les Galates furent de manière constante engagés dans l’armée lagide en tant que mercenaires et installés en tant que colons militaires en Égypte.

BIBLIOGRAPHIE

Agnès Rouveret, Peintures grecques antiques, la collection hellénistique du musée du Louvre, Librairie Arthème Fayard, Paris : 2004, p. 29 – 92

LIENS UTILES

Liens vers l'objet du mois "Des Gaulois à Alexandrie"

 

Fiche rédigée par Christine Lorre et Audrey Lopes
Outils
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© RMN-GP (MAN) / Tony Querrec
Outils de mineurs (Laurion, Grèce)

Mines de plomb et d’argent du Laurion (Grèce)

VIe au IIe siècle av. J.-C.

ACQUISITION

Don d’Alfred Huet en 1879

Cette collection unique en France, provient des mines de plomb et d’argent du Laurion, en Grèce, exploitées jusqu’à l’époque byzantine par Athènes. Ces objets offrent un aperçu de la réalité du métier de mineur en Grèce durant cette période.

DES OBJETS ARCHÉOLOGIQUES POUR UNE STRATÉGIE COMMERCIALE

L'origine de cet ensemble est longtemps restée mystérieuse, mais la découverte dans les archives du musée d'une ancienne étiquette en grec a permis d'en retracer l'historique. D'après ce document, les outils de mineurs étaient, en 1875, la possession d'un certain Jean-Baptiste Serpieri, directeur de la Compagnie française des mines du Laurion, qui extrayait des minerais à partir des galeries des mines antiques. L’ingénieur Alfred Huet arriva dans le Laurion dès 1873 pour seconder J.-B. Serpieri car il était spécialisé dans la préparation mécanique des minerais. En 1878, Huet se retira des affaires et se consacra à l'étude du Laurion mais il resta administrateur de la Compagnie française des mines jusqu'à son décès. Les travaux menés par la compagnie mirent au jour des objets archéologiques, que la compagnie sut utiliser pour servir ses intérêts commerciaux. L’étiquette révèle ainsi que les outils de mineurs du MAN ont été présentés lors des « Olympiades de 1875 » organisées à Athènes, qui aboutirent à l'organisation des premiers Jeux Olympiques modernes en 1896. La Compagnie Française des Mines du Laurion y exposa des objets antiques : ses lingots de plomb du Laurion étaient quasi identiques à ceux produit dans l'Antiquité. Cela pouvait séduire les acheteurs, soucieux d'acquérir un métal réputé depuis l'Antiquité. Cette stratégie commerciale fut reprise par l'État Grec lors de l'Exposition universelle de 1878 à Paris.

UNE COLLECTION RESTAURÉE DÈS SON ARRIVÉE AU MUSÉE

L’ensemble se compose d’outils de mineurs en fer, d’objets en plomb et en bronze, de poids en terre cuite, de lampes et de vases en céramique, datés du VIe au IIe siècle avant J.-C. Cette collection est excellent état car dès son arrivée au musée en 1879, les « fers » sont restés « assez longtemps » à l’atelier de restauration, comme l’indique l’inventaire. On y trouve notamment des outils caractéristiques du mineur : de petites lampes pour s’éclairer dans les galeries, des marteaux, des pics et des barres à mine. Une paire d’entraves rappelle que les mineurs du Laurion étaient des esclaves qui travaillaient dans de terribles conditions.

BIBLIOGRAPHIE

Anaïs Boucher, « Outils de mineurs et outils publicitaires : La destinée d’objets archéologiques découverts dans le Laurion », Archéologia, 2017, p. 48 – 49

LIENS UTILES

L'objet du mois

 

Fiche rédigée par Christine Lorre et Audrey Lopes
vases
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© MAN / Loïc Hamon
Vases en pierre

Haute Egypte

5000-3500 av. J.-C.

Les artisans de l’Égypte prédynastique montrent une très grande et très précoce maîtrise de la fabrication d’objets en pierre. À des époques aussi lointaines que le Badarien (5000-3900 av. J.-C.) ou celle de Nagada I (3900-3500 av. J.-C.) en Haute-Egypte, des vases en pierre tendre ou dure font déjà partie de la panoplie funéraire.

Ceux-ci sont vraisemblablement considérés comme des dépôts de grand prix, au regard de l’investissement en terme d’effort et de temps passé pour l’extraction du matériau brut et sa transformation.

Selon un procédé métonymique fréquent dans la langue égyptienne ancienne, la production d’objets en pierre est tellement importante que l’image du foret finit par représenter au cours de la IIIe dynastie, le mot et l’idée de « création » et d’ « artisanat ».

Les travaux de recherche, entrepris depuis une vingtaine d’années, ont permis la reconnaissance des gisements de roches exploitables, l’identification des procédés de fabrication et l’établissement d’une typologie à partir des formes connues à ce jour.

Le musée d’Archéologie nationale a récemment eu la chance d’acquérir sur le marché de l’art trois de ces vases en pierre dure qui enrichissent substantiellement l’un des principaux pans de sa collection d’archéologie extra-nationale.

 

Pour en savoir plus, consultez la présentation dans le cadre de l'objet du mois