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Du Paléolithique au Mésolithique
Sculpture

Les Biches du Chaffaud

Cet objet d’art paléolithique, découvert avant la naissance de la préhistoire, a longtemps été considéré comme celtique. Il a fallu l’œil avisé de Prosper Mérimée pour y reconnaître un chef d’œuvre de l’art magdalénien.

UNE DÉCOUVERTE PRÉCOCE

Cet os gravé est découvert, parmi d'autres vestiges magdaléniens, notamment des outils de silex taillé, dans la grotte du Chaffaud. Il est mis au jour avant 1845, par André Brouillet, notaire dans la Vienne, et Charles Joly-Leterme, architecte à Saumur, inspecteur des Monuments historiques en Anjou, Touraine et Poitou. L’objet d’art n'est pas signalé dans le premier rapport de fouilles rédigé par Charles Joly-Leterme en 1848, à la demande de Prosper Mérimée, inspecteur général des Monuments historiques. Il faut dire que les découvertes de la grotte du Chaffaud sont considérées comme celtiques. La préhistoire n’est pas encore née. Dans un courrier qu'il adresse à Joly-Leterme en 1852, Mérimée mentionne, en revanche, des os gravés. L'année suivante, il en fait la communication devant l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres. Il n'est plus question d'œuvres de l'âge du Fer, étant donné que « pas un morceau de métal n'a été découvert ». La pièce entre au Musée de Cluny en 1853, parmi les séries dites celtiques données par Charles Joly-Leterme. Elle est malheureusement inscrite à l’inventaire avec des erreurs concernant sa description, comme un « manche » en corne et non en os, mais aussi sa provenance, dans le Maine-et-Loire et pas dans la Vienne.

UNE RECONNAISSANCE TARDIVE

Dès 1853, Prosper Mérimée réalise le calque des biches du Chaffaud, qui constitue sans doute le premier relevé d’un objet d’art paléolithique. Il précise dans ses communications et correspondances que le dessin peut être tenu pour exact puisque c’est un calque. C’est, en effet, un relevé assez fidèle, pour un essai. La même année, Prosper Mérimée envoie un courrier très descriptif, avec le calque, à l'archéologue danois Jens Jacob Asmussen Worsaae. Ce dernier ne mentionne cette pièce gravée que bien des années plus tard, lors du 4ème Congrès international d’anthropologie et d’archéologie préhistoriques, à Copenhague en 1869. Mais l’existence de l’art mobilier (l’art des objets) paléolithique est reconnue dans les années 1860, grâce aux découvertes faites par Édouard Lartet et Henry Christy dans le Périgord, notamment la gravure d’un mammouth, animal préhistorique disparu, sur de l’ivoire de mammouth à l’abri de La Madeleine (Dordogne). En 1887, les biches du Chaffaud sont étudiées et publiées par Alexandre Bertrand, le conservateur du Musée de Saint-Germain*, où elles sont finalement déposées par le Musée de Cluny. Elles y sont toujours conservées, depuis plus de 130 ans, et constituent un témoin majeur de la reconnaissance de l’art préhistorique.

UNE SCÊNE PEUT-ÊTRE NARRATIVE

L’os utilisé peut facilement être identifié : il s'agit d'un métatarse, provenant de la patte arrière d'un renne, animal chassé et consommé. La pièce, très fracturée et fissurée, a été restaurée : le comblement de la lacune en facilite la lecture. Quelques traces de couleurs font penser à des restes de peinture. Deux biches sont gravées, de profil gauche, l’une derrière l’autre. La frise, composée d’animaux se suivant, est parfaitement adaptée à la forme horizontale du support. La première biche est entièrement conservée, tandis que la seconde est écourtée par la cassure de l'os et recouverte par de la concrétion calcaire. La première biche et la tête de la seconde sont gravées avec une richesse de détails et une justesse admirables. La bouche, les naseaux, l'œil et les oreilles sont très naturalistes, de même que le pelage, figuré par des lignes fines, longues et serrées, mais aussi par des traits courts et profonds, le long du dos. Devant chacune des deux biches, des motifs en forme de fuseaux peuvent être interprétés comme des signes ou comme des poissons très schématiques. Il est vrai qu'il existe d’autres scènes gravées mêlant des cervidés et des poissons dans l’art magdalénien, comme celle du fameux « Bâton de Lortet » (collection Piette).

BIBLIOGRAPHIE

WORSAAE, Jens Jacob Asmussen. Compte-rendu de la 4ème session, Copenhague, 1869. Séance du soir, mardi 31 août. Congrès international d'anthropologie et d'archéologie préhistoriques, 1875, p. 102-127.

BERTRAND, Alexandre. L’os de renne gravé au Musée de Cluny, actuellement au Musée de Saint-Germain-en-Laye. Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 31ème année, 2, 1887 †, p. 221-225.

DELPORTE, Henri. Chefs-d'œuvre de l’art paléolithique. Musée des Antiquités nationales. Château de Saint-Germain-en-Laye. 24 juillet - 1er décembre 1969. Paris : Réunion des Musées nationaux, 1969, 96 p. (notice N°64, p. 51).

LARTET, Édouard. Recherches sur la coexistence de l'Homme et des grands Mammifères fossiles réputés caractéristiques de la dernière période géologique. Annales des Sciences naturelles, 4ème série, Zoologie, 15, 1861, p. 177-253.

SAINT-MATHURIN (DE), Suzanne. Les biches du Chaffaud (Vienne) : vicissitudes d'une découverte. Antiquités nationales, 3, 1971, p. 22-28.

LIENS UTILES

Les Biches du Chaffaud (objet du mois de janvier 2016) https://musee-archeologienationale.fr/les-biches-du-chaffaud-vienne

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