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Les collections

L'âge du Bronze
dépôt

Le dépôt de Vaudrevange

Le Warndt  est une région particulièrement riche en minerai de cuivre (l’un des deux composants du bronze avec l’étain) d’où sans doute le nombre important de dépôts d’objets métalliques en bronze mis au jour en Sarre, en Alsace et en Lorraine depuis la fin du XIXe siècle.

 

UN CONTEXTE DE DÉPOSITION BIEN PARTICULIER

La découverte a lieu en 1851, lors de travaux agricoles pratiqués sur une butte entourée de marécages située près de la commune de Vaudrevange, aujourd’hui Wallerfangen, en Allemagne. L’ensemble est acquis en 1852 par Victor Simon, membre de l’Académie nationale de Metz, fondateur de la Société d’Histoire et d’Archéologie de la Moselle. Après sa mort en 1865, sa collection est dispersée aux enchères et le dépôt de Vaudrevange est acquis par le MAN en 1868. C’est le premier et le plus remarquable des quatre ensembles découverts sur le site, tous datés de l’âge du Bronze final. Proches les uns des autres, ils sont sans doute déposés dans un unique rituel, probablement lié à la présence du marais, d’où la patine bleu turquoise des 65 éléments, due à un séjour prolongé dans l’eau.
 

UNE PANOPLIE PERSONNELLE

Les objets étaient empilés au fond d’une fosse, dans un ordre précis : d’abord avaient été déposés les éléments de parure dont 14 lourds bracelets, quelques gros boutons et des pendentifs, puis les quatre haches avec leur moule bivalve. Ensuite venaient les divers éléments de char et de harnachement : une paire de mors, deux phalères (disques de bronze), douze boucles filiformes, quatre tubuccins, deux appliques, deux spirales, huit boutons à bélière, deux groupes de quatre anneaux et une plaque ajourée. Au-dessus de cet ensemble était disposé un grand disque en bronze, le tintinnabulum. Enfin, surmontant le tout, était posée une très belle épée de type Möringen, brisée en deux lors de la découverte. Les épées découvertes en milieu humide sont en effet généralement retrouvées entières, au contraire des épées retrouvées dans les dépôts terrestres, souvent fragmentées. Ce rituel de déposition particulièrement élaboré permet de distinguer une logique et la composition d’une véritable “panoplie” (Verger, 1992) se rapportant à une même personne. Ici, une panoplie masculine identifiée notamment par l’épée, dont la position, en haut du dépôt, pourrait être symbolique et suggérer le pouvoir alors qu’exerçait l’aristocratie militaire sur la société et son contrôle sur la circulation du métal, devenu crucial dans tous les domaines d’activité (artisanat, transport, guerre…). Le moule de hache marque-t-il la “présence” d’un artisan, ou a-t-on simplement considéré que cet objet à la fois arme et outil ne pouvait être déposé sans sa matrice? Quoi qu’il en soit, nous avons sans doute affaire à un personnage assez puissant pour disposer d’un cheval avec son harnachement complet.
 

LE CHEVAL À L'ÂGE DU BRONZE

Domestiqué dès 3500 avant notre ère dans les plaines d’Asie centrale, le cheval n’est réellement utilisé en Europe occidentale qu’à partir du Bronze final (dès 1300 av. J.-C.). Il est alors employé comme animal de trait, pour tirer des chariots ou des chars processionnels. En témoignent les petits éléments arqués qui pourraient correspondre à des montants de mors. Placés à l’encoignure de la bouche du cheval, ils étaient assemblés aux mors par l’intermédiaire de leur fente médiane. À leurs extrémités, se trouvent des anneaux par lesquels passaient les brides permettant de conduire et diriger le cheval. Fentes et passants sont consolidés, de part et d’autre, par des bourrelets métalliques. À l’âge du Bronze, le cheval, symbole de l’aristocratie guerrière, semble devenir l’acteur privilégié de certaines cérémonies en tant que symbole de l’aristocratie guerrière, d’où la présence de ces éléments dans le dépôt de Vaudrevange. Sur toutes les représentations connues datant de l’âge du Bronze, le cheval n’est jamais monté : de récentes études ADN (Orlando, 2021) semblent attester que les chevaux de cette époque ne disposaient peut-être pas d’un dos assez puissant pour supporter le poids d’un humain. L’ère des cavaliers ne s’amorcera véritablement qu’à l’âge du Fer.
 

LE TINTINNABULUM

Cet objet original, que l’on pourrait classer dans la catégorie des instruments de musique, se trouvait sur le dessus du dépôt de Vaudrevange 1. Composé d’un grand disque, il est muni d’une barre de suspension à laquelle sont accrochés, de part et d’autre, deux petits disques similaires, mobiles, qui viennent s’entrechoquer à chaque mouvement du tintinnabulum. L’analyse de l’usure des pièces, toutes coulées grâce à la technique de la cire perdue, a confirmé ce mouvement de balancier. Peut-être également objets sonores suspendus, les “tubuccins”, petits cylindres de bronze cannelés, tintaient de la même manière. On les retrouve souvent déposés par groupes de quatre. Le support de ces deux types d’objets reste pourtant hypothétique : si on les imagine assez bien décorant la caisse d’un char, il n’en subsiste aucune preuve directe. Comment imaginer la disposition du tintinnabulum, qui tournait sans doute sur lui-même, dans cet ensemble d’apparat ? En plus de l’autre tintinnabulum découvert à Vaudrevange en 1872, une vingtaine d’objets de ce type est connue, provenant de France, d’Allemagne et de Suisse, mais très rarement complets ou en si bon état. Ces objets, par leur conception très soignée et leur forme circulaire, étaient probablement des instruments utilisés pour un culte, évoquant le soleil  par leur forme et leur couleur dorée.

 

OBJETS ASSOCIES

Cuirasse de Marmesse

 

BIBLIOGRAPHIE

ORLANDO Ludovic et.al. The origins and spread of domestic horses from the western Eurasian steppes. Nature, 2021, vol. 598, p. 634–640.

SIMON, Victor. Mémoire sur des antiquités trouvées près de Vaudrevange. Mémoires de l’académie nationale de Metz, 1852, vol. 33, p. 231-259.

VEBER, Cécile. MILLE, Benoît. et PERNOT, Michel. Le dépôt de Vaudrevange : études techniques et éléments d’interprétation. Antiquités Nationales, 2005, n°37, p. 69-101.

VEBER, Cécile. Métallurgie des dépôts de bronzes à la fin de l’âge du Bronze final (IXe-VIIIe av. J.-C.) dans le domaine Sarre-Lorraine : essai de caractérisation d’une production bronzière au travers des études techniques : formage et analyses élémentaires. Oxford : Archaeopress, 2009, 340 p. (BAR international series 2024).

VERGER Stéphane. L’épée du guerrier et le stock de métal : de la fin du Bronze ancien à l’âge du Fer. In : Gilbert Kaenel et Philippe Curdy (éd.). L’âge du Fer dans le Jura. Actes du XVe colloque international de l’Association française pour l’étude de l’âge du Fer (Pontarlier et Yverdon-les-Bains, 9-12 mai 1991). Bibliothèque historique vaudoise, 1992, (Cahiers d’archéologie romande) p. 135‑151.

 

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