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Le premier Moyen Âge
Armes

Le scramasaxe à décor d’animaux fantastiques de Chaouilley

Cette arme est à la fois représentative du monde mérovingien et atypique. Si son contexte de découverte est mal connu, elle n'en est pas moins un exemplaire exceptionnel de scramasaxe à décor animalier. Acquise par le musée d’Archéologie nationale en 1937 auprès de l’antiquaire Léandre Cottel, l’arme a probablement été trouvée dans la nécropole de Chaouilley (Meurthe-et-Moselle) avant le début des fouilles de l’archéologue Joseph Voinot.

UN CONTEXTE DE DÉCOUVERTE MECONNU

C’est à la suite de la découverte fortuite d’une épée, près de Chaouilley, par un cantonnier en 1902, que des campagnes de fouilles sont entreprises par Joseph Voinot en 1904. Parmi la quarantaine de tombes alors mises au jour, on trouve des sépultures aristocratiques (de grande taille, au mobilier abondant et luxueux, comprenant vaisselles métalliques, armes de prestige, parures…) datées du VIe siècle. Bien qu’imprécis, le plan du cimetière rend compte de son développement régulier et trois tombes éminentes suggèrent qu’une élite franque occupe ce territoire, probablement pour des raisons stratégiques.

Une grande partie du mobilier des tombes est conservée au musée d’Archéologie nationale suite à l’acquisition de la collection de Joseph Voinot en 1933, auprès de sa veuve. Elle comporte plus de deux cents pièces et forme un ensemble homogène, mais ne comprend pas ce scramasaxe. On ignore presque tout des circonstances de la découverte de l’arme qui, entrée au musée en 1937, provient de la collection de Léandre Cottel. Ce dernier a une réputation controversée auprès de ses contemporains, qui le jugent peu scrupuleux et estiment qu’il manque de transparence quant aux lieux de provenance des objets en sa possession, l’accusant même de contribuer à la fabrication de faux.

UN DÉCOR ANIMALIER EXCEPTIONNEL 

Les premières productions franques héritent généralement de l’artisanat romain tardif. Les décors des fibules et des plaques-boucles mérovingiennes prennent leur source dans les motifs géométriques et animaliers des ceintures romaines. À partir du VIe siècle, les détails zoomorphes s’intègrent dans des entrelacs symétriques ; c’est l’apparition en Gaule franque du style animalier germanique, d’origine scandinave.

Les ornementations sur les scramasaxes sont rares et apparaissent assez tardivement. Les décors gravés peuvent fragiliser la lame, faisant des scramasaxes décorés plutôt des productions prestigieuses et d’apparat que des armes d'usage. Souvent, les décors se limitent aux entrelacs et aux motifs géométriques, mais celui de Chaouilley présente aussi des images d’animaux fantastiques. Gravée sur la moitié de sa largeur et dans un état quasi parfait, la lame montre d’un côté des animaux monstrueux, sorte de dragons, la gueule ouverte tournée vers la poignée et le corps se développant en tresse. De l’autre côté, quatre créatures semblables, parfois avec deux têtes, entremêlent leurs corps. De part et d’autre de la lame, le décor fantastique est introduit par une série de stries parallèles perpendiculaires à l’axe.

UNE ARME AU NOM BARBARE

Apparu en Europe au Ve siècle, le scramasaxe est une arme caractéristique du monde mérovingien. Dans son Histoire des Francs, Grégoire de Tours rapporte que c’est avec cette arme que le roi Sigebert est assassiné en 575. Issu du francique, la langue des Francs, le terme scramasaxe signifie « couperet ». Il recouvre cependant des catégories d’objets variés et sa classification par les chercheurs est complexe. Cette lame à un seul tranchant et à dos large est probablement un outil polyvalent, à la fonction proche de celle des machettes modernes. À la différence des épées en fer damassé, les scramasaxes sont fabriqués en métal feuilleté, facilitant l’aiguisage et augmentant la résistance.

Ces lames de forme caractéristique sont datées de la fin du VIe au début du VIIe siècle. Elles sont plus fréquentes en Allemagne que dans l’est de la France, et quelques exemples sont connus en Suisse et en Belgique. En général, la lame des scramasaxes ne présente aucun décor, même en tenant compte de l’oxydation qui pour certaines a pu totalement le détruire ; celle de Chaouilley est donc un exemple particulièrement rare.

BIBLIOGRAPHIE

HAMONIC, Fanny. Des animaux fantastiques : un scramasaxe décoré de Chaouilley. In : Archéologia, janvier 2019, n°572, p. 22-23.

JOFFROY, René. Le scramasaxe décoré de Chaouilley (Meurthe-et-Moselle). In : Antiquités Nationales, 1973, n°5, p. 58-61.

 

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