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L'âge du Bronze
parure

Canine de sanglier

Ce mystérieux objet est issu d’une nécropole découverte en 1850, lors de la construction de la voie ferrée Paris-Lyon. L’histoire du site est complexe, maillée de pillages, et il faut attendre les trois fouilles (1929, 1938 et 1939) de Georges Bolnat, vétérinaire et érudit local, pour que le contexte en soit mieux connu.
 

UNE SEPULTURE RICHE

La sépulture n° 101, d’où provient cette canine, a été découverte lors de la campagne menée par Georges Bolnat en 1938. Une femme d’une cinquantaine d’années y était inhumée, allongée sur le dos et richement parée : 55 boutons et 47 perles tubulaires en bronze ainsi que dix perles de verre bleu ont été retrouvés au niveau des jambes. Deux jambières spiralées étaient enfilées sur ses tibias. Le poignet gauche portait quatre bracelets, dont un constitué de 21 perles d’ambre, près desquels était déposée une longue épingle de 50 cm, tandis que l’annulaire de la même main présentait deux anneaux de bronze. Citons également au moins un bracelet au poignet droit, une paire de boucles d’oreilles ainsi qu’un torque à extrémités spiralées. Vers l’avant-bras droit ont été découvert une céramique ainsi que deux côtes de sanglier, vestiges d’une probable offrande alimentaire.
 

UN OBJET MYSTERIEUX

L’élément le plus marquant de cet ensemble était quant à lui disposé près de la main droite de la défunte, un peu en-dessous de la hanche : il s’agit d’une « défense » de sanglier (plus spécifiquement une canine de cochon domestique ou sauvage) longue de 23 cm, enchâssée dans une résille en fils de bronze torsadés, qui étaient autrefois d’une belle couleur dorée. Enroulés sur eux-mêmes et pour certains regroupés en rubans, ces fils entourent la canine et l’enserrent dans une maille lâche qui laisse voir la blancheur de l’émail. À chaque extrémité de la dent a été aménagée une sorte d’anse en fil de bronze, permettant de l’accrocher à la ceinture. De petites spirales se déploient au bout des fils bordant la partie inférieure de la canine formant comme un liseré. Enfin, la racine de la dent est protégée par une plaque en bronze décorée de pointillés exécutés au repoussé. Les spécialistes ont été longtemps divisés au sujet de son utilisation : pectoral, diadème ? Ces deux hypothèses se heurtent à son positionnement dans la tombe, au niveau de la hanche droite, et au fait que les rares exemples connus ont tous été retrouvés au bas du torse. C'est pourquoi on estime aujourd’hui qu’il pourrait plutôt s’agir de l’élément principal d’un support complexe, suspendu à une ceinture ou à un vêtement.

 

DES FEMMES DE POUVOIR A L'ÂGE DU BRONZE FINAL

La défunte de Champlay n’est pas la seule à présenter ce type de parure. La nécropole contemporaine de Barbuise-La Saulsotte (Aube) a livré pas moins de huit exemplaires, tous issus de tombes féminines. L’une des sépultures contenait trois individus dont une femme accompagnée de ce type de pendentif, associé à de nombreuses perles en ambre réparties sur tout le corps, sans doute cousues à un vêtement. Jusqu’à présent, pour la plupart, ces pièces ont été découvertes en France, dans la région de l’interfluve Seine-Yonne. Toutefois, en 1998, une pièce très similaire a été découverte en Allemagne, à Karlsruhe-Neureut. Elle est actuellement conservée au Archäologisches Landesmuseum Baden-Württemberg à Konstanz am Bodensee. Peut-être cet objet mystérieux signale-t-il la place croissante prise par les femmes au sein des élites. À partir de la fin du XVe siècle av. J.-C., on constate en effet l’apparition de véritables panoplies qui magnifient l’apparence féminine, avec des objets récurrents comme les longues épingles et les jambières très proches de Veuxhaulles (conservées au MAN), ou encore les “ceintures” articulées comme celle de Billy-le-Theil (également au MAN); et donc parfois des pendeloques en canine de sanglier.

 

OBJETS ASSOCIES

Pendentif arciforme (Musée Camille Claudel)

Ceinture en bronze

 

BIBLIOGRAPHIE

DOHRMANN, Nicolas et RIQUIER, Vincent (dir.). Archéologie dans l'Aube : des premiers paysans au prince de Lavau. Snoeck, 2018. 543 p.

LACROIX, Bernard. La nécropole protohistorique de la Colombine à Champlay, Yonne : d'après les fouilles de Georges Bolnat. Paris : Clavreuil, Saint-Père-sous-Vézelay : Musée archéologique, 1957. 173 p. (Cahier d’histoire de l’art et d’archéologie de Paris, n° 2).

 

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