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Du Paléolithique au Mésolithique
Sculpture

Le bloc au « chasseur chassé » du Roc-de-Sers

Les blocs du Roc-de-Sers proviennent de la paroi sculptée d’un abri-sous-roche habité au Solutréen. Ils témoignent d’un art quotidien, animé et narratif, où l’homme et l’animal se retrouvent parfois confrontés l’un à l’autre.

UNE PAROI SCULPTÉE QUI S'EST EFFONDRÉE

Le site du Roc-de-Sers est localisé dans la vallée du Roc, sur la commune de Sers (Charente). De 1909 à 1933, Léon Henri-Martin réalise les fouilles archéologiques les plus importantes. En 1951, sa fille Germaine Henri-Martin et Raymond Lantier, conservateur du Musée des Antiquités nationales, y fouillent à nouveau. L’habitat installé devant l’abri-sous-roche est bien daté : l’industrie lithique (silex taillé) est attribuée au Solutréen (entre – 26 000 et – 23 000 ans environ). Les datations C14 effectuées récemment sur des échantillons d’os brûlés le confirment. Les blocs sculptés sont mis au jour dans les niveaux solutréens. Une vingtaine de fragments de calcaire, sculptés en bas-relief, proviennent de la paroi de l’abri qui s’est effondrée. Il s’agit donc d’art pariétal, même si nous n’avons pas affaire à une grotte profonde et obscure, mais à un abri bénéficiant de la lumière naturelle. Après remontage, treize blocs sont reconstitués. La frise sculptée à l’origine dans la paroi de l’abri-sous-roche est difficile voire impossible à restituer. La présentation muséographique de l’ensemble est donc forcément hypothétique. Au total, une quinzaine de figurations animales, surtout des chevaux et des bovinés, côtoient quelques représentations humaines.

DES FIGURATIONS ANIMÉES ET CHANGEANTES

Les blocs du Roc-de-Sers sont caractéristiques des abris sculptés solutréens puis magdaléniens. Ils montrent, en effet, une grande maîtrise des techniques de la sculpture en relief et de la gravure. La plupart des figurations traduisent un réel sens du volume et du mouvement, sans pour autant négliger les détails. Les représentations sculptées mêlent parfois animation et narration, comme sur le bloc aux bouquetins affrontés. L’on y voit deux caprinés entrechoquer leurs cornes, probablement deux mâles qui se battent en prévision du rut. Les artistes préhistoriques, qui sont d’abord des chasseurs, connaissent bien la faune. Cependant, les animaux sculptés du Roc-de-Sers ne sont pas totalement réalistes. Ils possèdent une petite tête et de courtes pattes, proportionnellement à leur corps massif, au ventre rebondi. Ils ressemblent aux animaux peints dans la grotte de Lascaux (Dordogne), au tout début du Magdalénien (vers – 20 500 ans). Enfin, il arrive qu’une sculpture en remplace une autre, et qu’une espèce en occulte une autre. C’est ainsi que, sur un des blocs du Roc-de-Sers, un boviné (bison, aurochs ou bœuf musqué) a été transformé en sanglier : son corps volumineux subsiste mais sa tête a été refaçonnée, donnant un animal hybride fort étrange.

UN BLOC SCULPTÉ AVEC UN "CHASSEUR CHASSÉ"

Sur la partie gauche du plus grand bloc, sont gravés un humain, très caricatural, deux chevaux et un animal incomplet. L’extrémité droite du bloc est sculptée en haut-relief. On y voit un homme, peut-être un chasseur avec une arme (une sagaie ?) sur l’épaule gauche, chargé par un boviné, un bison ou un bœuf musqué. Représenté de profil droit, le bison-bœuf musqué est en train de charger l’homme, la tête baissée entre les pattes antérieures. La tête est sculptée, de manière astucieuse, sur l’angle convexe de la paroi, ce qui lui donne du volume. De grande taille, l’animal tire sa supériorité symbolique de sa puissance graphique. L’homme est façonné sur l’angle concave de la paroi, ce qui l’éloigne du spectateur. Il est également figuré de profil droit, au moment où il prend la fuite, les jambes fléchies et le corps penché vers l’avant. Ses petites dimensions, par rapport au boviné, indiquent clairement qu’il est en danger et vulnérable. La mise en danger de l’homme par l’animal (et non l’inverse) semble être un thème de l’art paléolithique, notamment de l’art pariétal solutréen. À cette même époque, en Dordogne, une scène peinte dans la grotte de Villars et la célèbre « Scène du Puits » de Lascaux montrent aussi un homme chargé par un boviné.

BIBLIOGRAPHIE

DELPORTE, Henri. Chefs-d'œuvre de l’art paléolithique. Musée des Antiquités nationales. Château de Saint-Germain-en-Laye. 24 juillet - 1er décembre 1969. Paris : Réunion des Musées nationaux, 1969, 96 p. (notice n°114 O, p. 75).

HENRI-MARTIN, Léon. Les sculptures de l'atelier solutréen du Roc (Charente). Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 71ᵉ année, 4, 1927, p. 291-294.

HENRI-MARTIN, Léon. Les Bouquetins affrontés de l'Atelier solutréen du Roc (Charente). Bulletin de la Société préhistorique française, tome 28, 3, 1931, p. 170-171.

LANTIER, Raymond. Les fouilles du sanctuaire solutréen du Roc-de-Sers (Charente) en 1951. Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 96ᵉ année, 2, 1952, p. 303-307.

TYMULA, Sophie. L’art solutréen du Roc-de-Sers (Charente). Paris : Maison des sciences de l'homme, Documents d'archéologie française, 91, 2002, 288 p. (fragment O, p. 197-206, fig. 132 à 140).

LIENS UTILES

Les abris sculptés de la Préhistoire https://archeologie.culture.gouv.fr/sculpture-prehistoire/fr

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