Objet du mois - un singe dans l'Alliers
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Un singe dans l’Allier

Objet du mois de mai 2020

Un animal exotique sur des objets du quotidien

À Rome, au moins dès le IIIe siècle avant J.-C., des singes sont importés d’Égypte, de Libye et d’Éthiopie, comme animaux de compagnie ou de foire. Auteurs et fabulistes latins évoquent leurs facéties, leur capacité d’imitation, moquent l’affection démesurée qu’ils suscitent parfois.

Le singe n’est pas un inconnu en Gaule romaine. Son image exotique anime des objets de la vie quotidienne, importés ou fabriqués sur place.


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On le voit dès le Ier siècle sur des figurines, des vases plastiques, des lampes en terre cuite, et sur quelques bols en céramique sigillée de La Graufesenque (Aveyron). Il apparaît ensuite, jouant de la flûte, sur des vases en verre produits en Rhénanie aux IIIe-IVe siècles…

Le singe orne aussi le manche en os ou en ivoire d’une demi-douzaine de canifs, comme celui en ivoire de la Carrière-du-Roi, à Morienval (Oise), probablement fabriqué en Italie, livrant l’image insolite d’un singe chevauchant un gros chien, peut-être en référence à une fable inconnue de nous.

 

Sur tous ces objets, le singe est parfois représenté comme un animal sauvage ou apprivoisé, lorsqu’il fait un numéro d’adresse avec un chat et un bateleur ou lorsqu’une guenon allaite son petit, mais souvent, il est anthropomorphisé, et montré dans des activités plus ou moins satiriques : oiseleur, joueur de lyre et de syrinx, lecteur, monté sur une barque…

 

Regardez le premier épisode


Le singe, un thème exotique pour les fabriquants de figurines en terre cuite

singepoursitweb.jpgSur la figurine de Saint-Pourçain-sur-Besbre (Allier) acquise en 2019, la guenon (le sexe est absent) porte la petite cape à capuchon gauloise, le cucullus. Selon le poète latin Martial, le « bardocucullus » de Saintonge, exporté dans l’empire pour les humains, était aussi porté par les singes (Épigrammes, XIV, CXXVIII).

L’officine céramique de Saint-Pourçain, située à une trentaine de kilomètres au sud-est de Moulins, a été explorée en 1868-1869 par des érudits et collectionneurs locaux, Louis Esmonnot, Alfred Bertrand, et le Dr Joseph Bailleau. Ce dernier possédait notre singe et il l’a sans doute doté d’une base ne lui appartenant pas, aujourd’hui démontée.

Le rictus de la large bouche incisée accentué par trois profondes rides sur chaque joue confère à la guenon une expression sardonique, qui rappelle la nature souvent caricaturale des figurations de singe. Le thème du singe est assez souvent exploité par des coroplathes (fabricants de figurines) de l’Allier, pour animer des figurines ou des vases plastiques. Ils reprennent en général une imagerie très ancienne, mise au point en Égypte.


Le singe est bien attesté en Gaule, par les restes osseux de magots ou macaques de Gibraltar, mis au jour à Narbonne (Aude), à Cutry (Meurthe-et-Moselle) et à Poitiers (Vienne). Le singe de Poitiers, considéré semble-t-il comme un membre de la famille, s’est même vu offrir une véritable sépulture, près d’un groupe de tombes de la seconde moitié du IIIe siècle.


Cet animal sauvage, qui reste bien sûr une rareté, a séduit des habitants de Gaule romaine épris d’exotisme, ou désireux de suivre une mode bien romaine.

 

Regardez le second épisode


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